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Une difficulté majeure en psychologie de la santé : comment appréhender des refus de soins chez des malades atteints d'une maladie grave et d'un syndrome dépressif ?

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par Veronique DI MERCURIO
Université Paris 8 - Master 2 psychologie clinique 2008
  

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A.5.2 Legislation de l'euthanasie en France

L'euthanasie, quelque soit le type, a toujours été considérée comme un acte criminel en France. La mort est toujours percue comme une sorte de maladie incurable et socialement l'agonie reste cachée, non acceptée. En 1975, c'est Larcher qui définit l'euthanasie comme un «bien mourir «, sans souffrances excessives, et « mourir à son heure «, par opposition à la dysthanasie qui est une mort avancée, ou bien retardée par acharnement thérapeutique, ou encore qui se produit dans la souffrance.

En 2000, un sondage du CCNE (Comité Consultatif d'Ethique) met en évidence que 45% des médecins généralistes seraient plutôt favorables à une législation de l'exception d'euthanasie.

En 2002, la Loi Kouchner, prévoie un évitement de l'acharnement thérapeutique.

Enfin, la Loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades en fin de vie assure la qualité de fin de vie au malade en dispensant les soins palliatifs et reconna»t le devoir de respecter la dignité du mourant dont la volonté est reconnue à travers la rédaction de sa déclaration anticipée et la désignation d'une personne de confiance. La primauté donnée aux soins palliatifs y est réaffirmée et l'euthanasie passive est tolérée et encadrée. L'euthanasie active demeure officiellement interdite, considérée comme un assassinat ou un empoisonnement prémédité punissable de la réclusion criminelle à perpétuité.

A.5.3 Comparaison avec les Pays-Bas

Au niveau philosophique, l'autonomie du sujet est plus importante dans la tradition protestante que catholique. De plus les Pays-Bas prévoient une notion d'engagement solidaire qui répartit la responsabilité de la mort du demandeur sur la société toute enti»re et qui s'appuie sur des crit»res bien spécifiques.

Dans la pratique, en Hollande, la fin de vie se produit au domicile pour 30% des déc»s. Elle est gérée par le médecin généraliste, qui n'est jamais seul face à la décision d'arrêt de soins à laquelle participe la famille, l'équipe soignante et la Loi.

A.5.4 Un risque de derive : la confusion entre la demande d'euthanasie et une ideation suicidaire

Nous venons de voir que la distinction entre des idées suicidaires et une demande d'euthanasie n'était pas si aisée, puisque qu'un malade peut faire une demande de mort assistée dans le cadre d'une dépression majeure, tout en étant en fin de vie. Nous allons approfondir la mani»re d'éviter toute confusion.

Tout d'abord, si nous considérons qu'il y a plusieurs sortes de morts d'un point de vue anthropologique, il est alors possible de différenc ier différentes morts à différents moments. Lors de la demande d'euthanasie, la mort physique tarde alors que les autres morts sont déjà faites (mort psychologique, mort sociale, mort

anthropologique). La «mort appropriée» serait alors une mort qui permet de conserver un corps int»gre, de choisir le moment de la mort, et de mourir «comme on a vécu «. Ce moment propice serait le seul oü l'on puisse distinguer entre la demande d'un sujet conscient et celle d'un sujet dépressif.

Or, les crit»res subjectifs d'état de survie comme la déchéance morale, la dégradation, le délabrement physique impliquent une échelle personnelle à haute variabilité d'un sujet à l'autre et pour un même sujet, d'un moment à l'autre. La douleur morale est parfois un symptôme de la depression qui appelle souvent la tentation du suicide et risque d'être confondue avec une demande d'euthanasie.

La demande d'euthanasie vient parfois permettre au sujet d'éviter un travail de deuil de soi. Et elle peut aussi empêcher le sujet d'atteindre le moment de l'agonie, et de faire ses adieux à ses proches. Il a d'ailleurs été constaté que le proche d'un défunt par demande d'euthanasie était plus exposé à un deuil pathologique, voire traumatique. De plus, le regard des autres est un facteur important de la demande d'euthanasie et de l'ordre du non-dit dans une famille, avec des phénom»nes de projection oü la famille voit le malade souffrir alors que la douleur est ma»trisée. C'est souvent plus insupportable pour la famille que pour le malade lui-même. D'autre part, on constate que la longueur de l'agonie est liée à la complication du deuil pour les familles (Sanders, 1983). Le groupe de familles qui se remet le mieux est celui pour lequel le malade meurt dans les 6 mois après le début de la maladie . En cas de mort subite, il y a plus de culpabilité et de symptômes somatiques, en cas de longue agonie, il y a plus de dépression, de sentiments d'aliénation et d'isolement. On peut donc se demander si l'euthanasie ne risque pas de réunir les conditions de souffrance maximale pour les familles : longue agonie et mort rapide.

Un lien entre la fréquence de demande d'euthanasie et les types de cancer a été mis en évidence. En effet, des souffrances physiques comme les vomissements, l'insuffisance respiratoire et l'anxiété sont associés aux types de cancer pour lesquels les patients demandent relativement fréquemment l'euthanasie. Il y a un processus commun, incluant des préoccupations existentielles, qui est important dans les dernières phases de la vie. (Abarshi, 2008) Néanmoins, l'age avancé favorise la

tolérance aux symptômes et le fait d'être une femme augmente la fréquence de demande d'euthanasie.

Avec une meilleure communication sur le diagnostic et des options de traitements plus larges, en Italie, on a constaté une diminution du suicide chez les malades, par rapport au taux de suicide de la population générale. (Miccinesi, 2004)

Nous pouvons donc constater que la fait de considérer la demande d'euthanasie en tant qu'un comportement révélateur d'une détresse morale, voire d'un syndrome dépressif a pour conséquence de focaliser le regard de l'équipe soignante sur l'amélioration de la qualité de vie du malade et de son confort psychologique et physique, et par conséquence, diminue la fréquence de demande d'euthanasie.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand