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Une difficulté majeure en psychologie de la santé : comment appréhender des refus de soins chez des malades atteints d'une maladie grave et d'un syndrome dépressif ?

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par Veronique DI MERCURIO
Université Paris 8 - Master 2 psychologie clinique 2008
  

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A.6 Gérer une demande d'euthanasie dans le cadre d'un syndrome dépressif

Ce choix idéologique se justifie d'une part à cause du choix juridique qui est appliqué en France, et d'autre part, parce que la demande d'euthanasie s'ins»re aussi dans un processus psychopathologique.

En effet, les causes des demandes d'euthanasie sont variées et sont proches de symptômes cliniques de dépression. L'étude de Van der Maas (1996) les classe dans l'ordre suivant de fréquence:

- perte de la dignité (57%),

- refus d'une mort indigne (46%),

- ne plus supporter la dépendance vis-à-vis des autres (33%),

- fatigue et lassitude de la vie (23%).

Afin de pouvoir distinguer entre une demande consciente et un symptôme dépressif, il est essentiel de comprendre que le cancer produit chez le malade un travail psychique de défense contre de nombreuses peurs.

Parkes (1998) a fait une liste principale de ces peurs:

· peur de la séparation d'avec les êtres aimés, la maison, le travail, etcÉ

· peur de devenir un fardeau pour les autres,

· peur de toutes les dépendances,

· peur de la douleur et des symptômes aggravants,

· peur d'être incapable de finir les tâches ou les responsabilités de la vie,

· peur de mourir (le passage),

· peur d'être mort (l'état),

· peur des peurs renvoyées par les autres.

De plus, le malade se trouve aussi confronté à de nombreuses pertes dont il doit faire le deuil (Bacqué, 2005):

· perte de la sécurité interne (confiance en soi, en son corps),

· perte des fonctions physiques,

· perte de l'image du corps habituelle,

· perte du pouvoir et de la force,

· perte de l'indépendance,

· perte de l'estime de soi,

· perte du respect donné par les autres,

· perte du futur.

L'acceptation de la mort se prepare des l'enfance à travers la reconnaissance des pertes dans la vie courante et une philosophie de la vie construite sur le symbole plutTMt que sur l'accumulation de choses et d'actes.

Il faut déjà distinguer entre une depression endogene et une depression réactionnelle. La depression endogene est une depression structurelle liée à certaines personnalités, oil le sujet est psychiatrique. La depression réactionnelle que peut subir tout malade à l'annonce d'un cancer est caractérisées par des affects dépressifs relies aux pertes causées par l'approche de la mort. Nous n'avons alors pas à faire à un sujet psychiatrique.

Parmi les depressions réactionnelles, non psychiatriques, dits affects dépressifs , il y a une confusion courante entre le deuil de soi et la détresse existentielle.

D'une part, le deuil de soi est lie à la prise de conscience des changements qui precedent la mort. C'est un affect dépressif qui s'integre dans un processus psychique normal. En fin de vie, des patients qui ont fait le travail d'acceptation de la maladie dont ils souffrent et des soins, pourront parfois faire une demande d'euthanasie afin de limiter leurs souffrances en fin de parcours de traitement, lorsque toute solution de soulagement aura été tentée.

D'autre part, la détresse existentielle est une atteinte narcissique, qui déclenche la demande d'euthanasie en tant qu'acte suicidaire. Elle s'inscrit dans un processus non psychiatrique mais oil le niveau de détresse est très élevé. On y retrouve des signes cliniques de la depression majeure comme le désespoir, le sentiment d'inutilité, d'insignifiance de la vie, de deception, des remords et des perturbations de l'identité, ainsi que l'humeur dysphorique. Presque tous les patients en phase terminale souffrent de cette forme de depression majeure. La demande de mort prématurée

sous forme de demande d'euthanasie est alors possible et disparaitra après un traitement psychologique et biologique de la dépression.

Il est donc important pour les patients en fin de vie de savoir évaluer en tant que soignant, la différence entre dépression «normale» qui correspondra à une demande de « mort appropriée» et une dépression « pathologique « avec détresse existentielle qui correspondra à une tentation suicidaire.

Afin d'aider les différents intervenants, médecins comme psychologues à répondre à une demande d'euthanasie, des critères objectifs d'évaluation ont été mis au point, en tenant compte des aspects psychosociaux. (Cherny, 1996)

Ces crit»res se présentent sous forme de questions:

1) Quelles sont les principales préoccupations du patient ? capacité à faire face à la situation, perception de perte de controle, travail, estime de soi, dépendance-indépendance, changement de role, buts à court et à moyen terme.

2) Le patient a-t-il assez d'informations sur sa maladie et son traitement?

3) Le patient a-t-il l'opportunité de communiquer ses problèmes ou ses sentiments ? Avec son conjoint, ses enfants, ses amis, ses médecins?

4) Pour quels domaines de sa vie de patient est-il encore prêt à se battre? Quelles sont ses relations avec sa famille, ses amis, son travail ? A-t-il encore des aspirations et des travaux non terminées?

5) Quel est l'état habituel de l'humeur du patient? Est -il calme, anxieux, stable ou versatile ? A-t-il des pensées suicidaires?

6) Comment le patient tend -il généralement à répondre aux situations difficiles?

7) La patient a-t-il eu une pathologie mentale préexistante ou récemment ? Y a- t-il eu une maladie mentale ou une hospitalisation, une addiction, une tentative de suicide, une histoire familiale de maladie mentale ou de suicide?

8) Quelles sont les stratégies habituelles du patient pour faire face ? L'affrontement ou l'évitement?

9) Comment le patient évalue -t-il la facon dont les membres de sa famille font face ? Font-ils face? Se battent-ils ? Ou sont-ils dépassés?

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius