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Contribution de la radio Belekan de Kati à  la réduction de l'écart du taux brut de scolarisation entre filles et garçons en 2005-2006 dans la commune de Dio-gare, cercle de Kati, région de Koulikoro, Mali

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par Soumana dit Niah Thienta
Centre de formation et d'appui conseil pour le développement (DELTA-C), Bamako, Mali - DESS (Diplôme d'Etude Supérieure Spécialisée) Master II 2010
  

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INTRODUCTION

Au Mali, la problématique de la scolarisation des enfants en général et de celle des filles en particulier, est une question prioritaire, car se trouvant être un des axes stratégiques du développement social, économique et culturel du pays. La mise en oeuvre des programmes de développement d'un pays dépend dans une large mesure, non seulement de la capacité de ses populations à les exécuter, mais également de la possibilité de tirer profit de leur utilisation. C'est pourquoi, le processus de mise en cuvre et l'avantage tiré des programmes en matière de santé, d'éducation, d'environnement, d'économie, d'agriculture et de bien d'autres secteurs de développement nécessitent de connaitre et de comprendre ces besoins d'une part et de maîtriser les processus de ces programmes d'autre part. Baudelot et Establet13 en 1992 écrivaient ceci : « Dis-moi le nombre d'Etudiants que tu as et je te dirai la richesse de ton pays ». C'est dire que la richesse d'un pays est la résultante de la richesse en quantité et en qualité de ses ressources humaines en général et en particulier de sa jeunesse.

Le Mali, à l'instar des autres pays Africains au sud du Sahara, n'arrive pas à inscrire à l'école tous les enfants d'âge scolarisable, bien que la plupart de ces pays ont souscrit aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Les raisons de cette situation sont multiples, nous pouvons citer principalement l'inadéquation entre l'accroissement de la population et l'évolution des infrastructures scolaires et l'insuffisance des ressources financières de l'Etat. Cet engagement en faveur des OMD, invite ces pays à inscrire 100% des enfants en âge d'aller à l'école d'ici 2015. Au regard des taux actuels de scolarisation, l'atteinte de cette vision risque d'être un voeu pieux. Au Mali, le taux de scolarisation reste faible, malgré une évolution timide durant ces quatre dernières années (confer tableau ci-dessous).

Tableau 1 : Taux Brut de Scolarisation en %

 

Garçons

Filles

Moyenne

Ecart

2000-2001

72,7

52,1

62,4

20,6

2001-2002

75,3

53,7

64,3

15,3

2002-2003

77,9

56

67

21,9

2003-2004

81,3

59,9

70,5

21,4

Source : Essor n° 15406 du 07/03/05, p. 3

Selon une autre source, celle de la Cellule de Planification et de Statistique du
Ministère de l'Education Nationale, le taux brut de scolarisation au premier cycle

13 HKI/MEN, Campagne radio sur la promotion de la scolarisation des filles 2004-2005, Cahier du participant , Page 4

était de 70,5% pour les garçons et de 59,9% pour les filles, avec un écart de 10,6% en 2003/2000414. Selon la même source, ces taux ont évolué pour atteindre 74,0% pour les garçons et 63,4% pour les filles en 2004-200515, avec un écart stationnaire de 10,6%. Les différents taux de scolarisation ci-dessus mentionnés, indiquent que les taux de scolarisation des enfants évoluent positivement d'année en année. Les écarts entre ces taux de scolarisation garçons et filles ne bénéficient pas de ces évolutions favorables.

Le tableau ci-dessous donne les taux de scolarisation par régions et les écarts en filles et garçons.

Tableau 2 : Taux Brut de Scolarisation en % par région 2004-2005

Régions

Garçons

Filles

Moyenne

Ecart

Bamako

87,6

84,2

85,5

3,4

Gao

69,3

63,5

66,3

5,8

Kayes

63,1

43,8

53,2

19,3

Kidal

69,4

46

58,2

23,4

Koulikoro

73,2

51,7

62,3

21,5

Mopti

39,8

38,3

39

1,5

Ségou

58,9

44,5

51,6

14,4

Sikasso

61,3

44,1

52,6

17,2

Tombouctou

54,9

47,7

51

7,2

Source : ME, CPS, Annuaire Statistique 2004-2005, Pages 112 à 120

Cependant l'arbre ne doit pas cacher la forêt, car, l'évolution constante des taux de scolarisation laisse entrevoir de grandes disparités entre les régions, cercles et communes d'une part mais aussi entre villes et villages d'autre part. Ces taux sont plus élevés dans les villes que dans les villages. C'est le cas dans la zone d'étude, à savoir la commune rurale de Dio-gare, cercle de Kati, région de Koulikoro. Le taux brut de scolarisation en 2004-2005 était le suivant (Cf tableau ci-dessous).

Tableau 3 : Taux Brut de Scolarisation en % Koulikoro ville, Kati ville et dans le village de Dio-gare en 2004-2005

Régions

Garçons

Filles

Moyenne

Ecart

Koulikoro Ville

86,8

61,5

74,2

25,3

Kati Ville

137,6

106,7

122,2

30,9

Dio-gare

83,2

63,3

73,3

19,9

14 MEN/CPS, Annuaire statistique 2004-2005, Page 3

15 MEN/CPS, Annuaire statistique 2004-2005, Page 3

Source : ME, CPS, Annuaire Statistique 2004-2005, Page 137

Cet écart entre filles et garçons laisse voir qu'une frange importante de la population malienne, notamment la composante féminine n'a pas accès à l'éducation. Le fait que nous avons des pourcentages de plus de cent pour cent, dans la ville de Kati, renseigne sur la présence de frange importante de population flottante non enregistrée.

Il est important d'avoir à l'esprit que la scolarisation des enfants en général et celle des filles en particulier est un sujet complexe, lié au comportement humain dans sa diversité socioculturelle. Face à cette situation, des tentatives de résolution ont été initiées par des partenaires au développement, qui accompagnent le Gouvernement du Mali. Parmi ceux-ci, il faut citer l'USAID qui, dans le cadre de la coopération s'est engagée à accompagner le Mali pour l'atteinte de l'OMD en matière d'éducation pour tous d'ici l'an 2015 auquel il a souscrit.

Le projet de Communication pour le Développement "Nièta Kunafoni" en langue nationale Bamanan, financé par l'USAID sur une période de quatre ans (Janvier 2004-Mars 2008) et exécuté par Helen Keller International (HKI), initiateur de la campagne radio en question, fait partie des projets mis en oeuvre dans le pays pour la concrétisation de cette stratégie. L'objectif principal du Projet Nièta Kunafoni est de renforcer le capital social comme un élément clé du développement national par la promotion d'un changement positif de comportement, conduisant à un niveau de vie amélioré de la population malienne. Le choix des radios comme centre d'intérêt de ce projet, part du fait qu'au Mali, les radios de proximité constituent la première source d'information des populations. Selon L'Enquête Démographique et de Santé de 2001, << au Mali, la radio est le moyen d'information privilégié, puisque 62% de la population l'écoute au moins une fois par semaine>>. L'aspect communautaire de ces stations radios, leur permet d'atteindre la communauté en termes de programmation et la formulation dans leur langue maternelle des messages ciblant leurs problèmes spécifiques.

Dans sa stratégie d'appui à l'éducation, l'USAID soutient fortement la promotion de l'éducation de base à travers trois composantes clés que sont : l'accès, la qualité/performance et le maintien.

- l'accbs : il s'agit de soutenir toutes les initiatives en faveur d'une scolarisation de masse, permettre à un plus grand nombre d'enfants (filles et garçons) d'avoir accès à l'école,

- la qualité/performance : elle a trait à l'amélioration des curricula16 d'enseignement, mais aussi à des approches novatrices ciblant la formation des enseignants, le mode d'enseignement et l'amélioration de l'apprentissage,

16 Les modules d'enseignement élaborés par niveaux d'enseignement

- le maintien : c'est l'initiation et la promotion d'approches également novatrices (les cantines scolaires, le soutien pédagogique aux filles, les bourses scolaires, etc....), pouvant réduire les échecs scolaires des enfants en général mais particulièrement les filles.

La campagne radiophonique s'inscrit dans la composante accès, qui se veut être un outil de changement de comportement à travers une information de qualité des populations qui n'inscrivent pas leurs filles à l'école, afin de les amener à les inscrire toutes, à les suivre et à les y maintenir aussi longtemps que possible. A travers tout le pays, 110 radios de proximité, parmi lesquelles la radio Belekan de Kati, ont participé à la diffusion des messages de sensibilisation des parents d'enfants (notamment des filles) afin qu'ils les inscrivent toutes à l'école. La diffusion de ces messages a duré deux mois, de mi-septembre, à mi-novembre 2005. Les différents messages étaient traduits en 11 langues nationales17, afin de mieux cibler les populations à travers leurs langues maternelles.

C'est ainsi qu'au regard des problèmes cités plus haut, la question fondamentale est la suivante: les messages de promotion de la scolarisation de filles diffusés par la radio Belekan de Kati ont-ils contribué à réduire l'écart entre les taux de scolarisation des filles et des garçons dans la commune rurale de Dio-gare durant l'année scolaire 2005-2006?

Le choix de la commune rurale de Dio-gare comme site d'étude repose sur un certain nombre de considérations :

- la commune de Dio-gare est couverte à 100% par les émissions de la radio Belekan, qui a un très grand rayon de couverture (40 à 65 Km selon le relief du terrain),

- les habitants de la commune de Dio-gare sont membres des clubs de fidélité de la radio Belekan,

- dans la commune de Dio-gare dans les villages de Sotoly et de Zambougou, l'Organisation Non Gouvernementale Helen Keller International (HKI) dispose de trois Clubs d'Ecoute, les plus performants dans l'organisation des séances d'écoute collective,

- l'accès facile de la zone pour les besoins d'étude,

- le taux faible de scolarisation des filles, par rapport à celui des garçons au niveau local (2004-2005, 83,2% pour les garçons contre 63,3 chez les filles)18

La commune a été au centre de la campagne radiophonique de promotion de la
scolarisation des filles. Elle est couverte dans sa totalité par les ondes la radio
Belekan de Kati, une des stations de proximité la plus écoutée dans la commune.

17 Le Bambara, le Peulh, le Sonrhaï, le Tamasheq, le Senoufo, le Minianka, le Dogon, le Bozo, le Soninké, le Kashonké, le Bowa

18Annuaire Statistique CPS/MEN, 2004-2005, Page 137

Elle fait partie de la centaine de radios de proximité qui ont été impliquées dans la diffusion des messages de sensibilisation de la campagne à travers le Mali. Il existe également dans la commune de Dio-gare des groupes d'écoute de femmes, d'hommes, de jeunes et des groupes mixtes (hommes et femmes). Ils sont également appelés Clubs d'Ecoute19 (CE). Ces CE ont été au coeur de la campagne radiophonique car formés aux techniques d'animation de groupe et de prise de son et dotés de matériels audio (radio cassettes et radio freeplay20) pour des séances d'écoute efficaces des messages traitant des thèmes de développement, dont ceux de promotion de la scolarisation des jeunes filles. Les raisons du choix de l'année, 2005-2006, sont dues au fait que la campagne radiophonique de promotion de la scolarisation des filles a eu lieu en 2005 durant les mois de Septembre, Octobre et Novembre. Les premiers signes d'une éventuelle amélioration des taux de scolarisation des filles devraient se sentir durant l'année scolaire 2005-2006.

L'objectif général de cette étude est de :

mesurer l'impact des messages de promotion de la scolarisation des enfants en général et de celle des filles en particulier, diffusés par la radio Belekan en termes de réduction de l'écart entre les taux bruts de scolarisation des filles et des garçons dans la commune rurale de Dio-gare au cours de l'année scolaire 2005-2006.

Les objectifs spécifiques sont les suivants :

o évaluer l'impact des messages de promotion de la scolarisation des enfants en général et de celle des filles en particulier en termes d'amélioration des connaissances des populations de la commune de Dio-gare sur la problématique de la scolarisation des filles,

o comparer sur une période de cinq ans (2001 - 2006) les taux bruts de scolarisation filles et garçons dans la commune de Dio-gare,

o comparer sur une période de cinq ans (2001 - 2006) les écarts entre les taux bruts de scolarisation des filles et des garçons dans la commune rurale de Dio-gare.

Pour mener à bien cette étude, les hypothèses (fil conducteur de la recherche) suivantes ont été retenues :

9 Les CE sont des groupes qui se sont constitués spontanément pour soutenir la radio. Ils sont organisés et fonctionnent sur des principes convenus entre eux. En général, chaque CE a 1 ou 2 leaders qui sont formés en techniques d'animation de groupe. Ils sont appuyés dans l'écoute des émissions par un animateur de la radio qui vient leur donner les cassettes et les supervise une fois par mois. Les CE organisent souvent des émissions sur la radio de proximité. Les membres des CE prennent des cartes de fidélité de la radio qui cite leurs noms au cours de certaines émissions. Ceci est très apprécié par les villageois.

20 Une radio Freeplay est une radio qui renferme une petite batterie, une dynamo et une manivelle qui permet à la dynamo de charger la batterie. Ainsi pour l'écouter, on n'a pas besoin de payer des piles.

o les populations de la commune rurale de Dio-gare écoutent les émissions de la radio Belekan,

o la problématique de la scolarisation des filles contenue dans les messages
diffusés par la radio Belekan est comprise par les populations de Dio-gare,

o les messages de promotion de la scolarisation des filles diffusés par la radio Belekan de Kati ont contribué à réduire l'écart entre les taux bruts de scolarisation filles et garçons dans la commune rurale de Dio-gare durant l'année scolaire 2005 - 2006.

La méthodologie utilisée a été la suivante :

o la recherche documentaire à différents niveaux :

- Ministère de l'Education Nationale (MEN), notamment des Cellules de Panification et de Statistique (CPS) et de Scolarisation des Filles (SCOFI),

- AE et CAP de Kati,

- Maire de Kati et de Dio-gare,

- CCC de Kati,

- école fondamentale de Dio-gare,

o l'utilisation de questionnaire sur un échantillon de la population de cent (100) individus (50 hommes et 50 femmes), dont 76 sont des adultes et 24 des jeunes dans les villages de Dio-gare et de Sotoly, distants respectivement de la ville de Kati d'environ 20 et 25km. Les 100 personnes sont constituées de parents des enfants d'âges scolaires. Leur choix et la façon dont ils ont été recrutés pour administrer les questionnaires sont purement aléatoires,

o les entretiens individuels, suivis du dépouillement, l'analyse et l'interprétation des données,

o avec :

- les autorités scolaires de Kati au niveau du CAP et de l'AE,

- le directeur et quelques enseignants de l'école fondamentale de Dio-gare),

- le sous-préfet de Kati,

- le Président du Conseil de Cercle de Kati,

- le Maire de Dio-gare,

- l'agent CCC de Kati en charge de la commune rurale de Dio-gare,

- la directrice de la radio Belekan et l'animateur charge du suivi des Clubs d'Ecoute (CE) de Sotoly,

Toujours dans le souci de mieux comprendre la place de la radio dans l'information et la sensibilisation des populations, mais aussi la problématique de la scolarisation des filles dans le milieu, des discussions de groupe dirigées ont été tenues avec les membres des Clubs d'Ecoute (CE) de Sotoly. Ces CE constituent des relais communautaires, ils appuient fortement la radio dans la diffusion des informations de développement. Ils créent un cadre de communication interpersonnelle entre les populations et la radio en permettant à ces dernières de pouvoir poser des questions à propos des messages diffusés et

d'avoir des explications. Ceci renforce considérablement leur compréhension et leur confiance à la radio.

Ce travail ne s'est pas passé sans difficultés, dont certaines constituent des limites de l'étude. Les principales difficultés rencontrées sont :

o l'accès très difficile aux à des données au niveau des services de l'Etat en
général et au niveau du MEN et de ses services déconcentrés en particulier,

o l'existence de multiples statistiques sur les mêmes matières (exemple :TBS) de la même période et de la même localité, avec des niveaux différents au niveau de différents services concernés par la même question. Exemple, concernant le TBS, il existe différentes statistiques de la commune de Diogare au niveau du MEN (CPS, DNEB, cellule SCOFI) et au niveau de ses structures déconcentrées (AE, CAP, Ecoles) de même qu'au niveau de la Mairie, et au niveau de la direction de l'école,

o l'obtention de données vieilles de plus de deux ans est très difficile. Elles sont souvent liées à la présence d'un individu ou de quelques personnes en poste. En cas de mutation, beaucoup de ces données restent inaccessibles.

La présente étude abordera successivement les points essentiels suivants :

- la présentation de la commune rurale de Dio-gare (Chapitre préliminaire), - la présentation de la radio Belekan (Première partie),

- la campagne radiophonique de promotion de la scolarisation des filles et son évaluation (Deuxième partie),

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo