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Lee Konitz, l'art de l'improvisation

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par Yvonnick PRENE
Université Paris IV Sorbonne - Master 2 Musique et Musicologie  2011
  

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1.3.6 Le passage chez Stan Kenton

Les raisons du départ de Lee Konitz qui seront ici mises en évidence sont de nature artistique, personnelle et financière.

Parvenu aussi rapidement à interpréter la musique complexe de Tristano, Konitz sentit au bout d'un certain temps le besoin de raffiner, d'élaguer son jeu et de réviser les fondamentaux de la musique. Par la suite, son style évoluera vers un phrasé plus expressif et intuitif. « J'ai le sentiment d'avoir été un peu au-dessus de moi-même, d'une certaine façon, avec l'influence de

Lennie. J'ai le sentiment qu'il m'a conduit un peu trop rapidement au sommet de la chaîne. »128

Prendre congé de l'enseignement de Tristano était l'occasion propice pour explorer de nouveaux territoires musicaux et se confronter à différentes situations de jeu. Pendant cette période, Konitz assimila l'enseignement de Tristano, ce qui lui permit d'adopter un regard plus critique vis-à-vis des conceptions musicales du mentor. Il ajoute: « je n'étais pas en train de vouloir me libérer de Tristano, j'essayais juste de jouer ce que je pouvais entendre ou ressentir. Cela impliquait de revenir aux fondamentaux, ce que je continue de faire aujourd'hui encore. J'essaie de trouver une phrase qui tient à la bonne place et sonne proprement, qui vient de quelque part pour aller

ailleurs. C'est un travail quotidien. »129

De plus, Tristano occupait une place envahissante dans la vie de l'altiste. Konitz comparait ainsi dans plusieurs interviews la relation de Tristano avec ses élèves à celle d'un gourou avec ses disciples, « un gourou à tel point que je peux encore, quarante ans après reconnaître quelqu'un qui étudia avec lui par la façon qu`il se déplace dans la rue. Finalement, je devais quitter cette situation et comprendre comment toute cette éducation avait fait évoluer ma personnalité. » Il va

de soi qu'il est nécessaire, à un moment donné, de se libérer de la tutelle d'un professeur ou du

128 SURPIN, Alain, Inside Lee Konitz, Down Beat, 1968 «I feel that I was a little ahead of myself, in a way,

with Lennie's influence. I feel that he got me a little more quickly to the top of the chain»

129 HAMILTON, Andy, Conversations on the Improviser's Art, The University of Michigan, 2003, page 24 « I wasn`t trying to break free from Tristano as such, I was just trying to play what I could hear or feel. A lot meant getting more basic, and I'm still working on it every day, trying to find a phrase that sits in the right place and reverberates properly, comes from someplace and goes someplace. That's a daily undertaking «

gourou de manière à se réaliser soi-même. Le départ de Konitz provoqua l'animosité de Tristano et de sa communauté.

Une autre raison reposerait dans les divergences de tempérament entre eux. Repliés sur eux même, Tristano et une partie de ses élèves se confrontaient très peu aux autres musiciens de leur génération. Toujours d'après Konitz : « malheureusement, il ne choisit pas de sortir et de rencontrer des gens, ce qui leur aurait donné une opportunité de l'entendre jouer. C'était une grande perte pour lui et le public. Il était très critique vis-à-vis de la scène, je pense que les gens lui en voulaient un peu pour ça. Mais le fait reste qu'il était un grand pianiste que beaucoup de

gens appréciaient. »130 Tristano ne ménageait pas son discours et porta des jugements acerbes

sur ces contemporains tels que Thelonious Monk, John Coltrane ou encore Sonny Rollins.

Enfin, l'invitation offerte par Stan Kenton à rejoindre son orchestre en 1952, provoqua le mépris de Tristano. Le succès commercial de Kenton heurta la vision puriste de l'art pour l'art de Tristano. Le départ de Konitz causa la fin du quintette.

L'élargissement de sa famille, en plus des points discutés plus haut, et la perspective d'un revenu régulier furent les principales motivations de Konitz : « je me suis installé en Californie en 1962 car ma femme et moi sentions qu'il y avait un besoin de se séparer de Lennie Tristano qui était pour moi une très forte figure paternelle. Nous avions vécu dans sa maison, mais elle m'encouragea à aller voir ailleurs ce qui se passait, et nous sommes restés en Californie pendant quelques années. » Konitz accepta la proposition de Stan Kenton de rejoindre son orchestre et quitta New York pour la Californie.

1.4 Les débuts dans les grandes formations de jazz

Cette partie est consacrée aux premiers engagements de Lee Konitz dans les orchestres de

danse et de jazz. Elle est construite de manière chronologique sur la période 1946-1956.

130 HAMILTON, Andy, Conversations on the Improviser's Art, the University of Michigan, 2003, page 152 «Unfortunately, he didn't choose to go out and meet people and give them the opportunity to hear him play. That was a great loss for him and the people. He was very critical of the scene, and people, I think, kind of resented him for that. But the fact remains that he was a great pianist who affected a lot of people»

S'intéresser à ses expériences avec les orchestres de Claude Thornhill, le nonette Birth of the Cool de Miles Davis et enfin celui de Stan Kenton, en plus d'apporter un éclairage sur l'évolution esthétique de Konitz, permettra de considérer cette partie de l'histoire du jazz consacrée aux grands orchestres à travers le prisme unique d'un improvisateur et acteur de cette période. Savoir avec quels musiciens Konitz a été employé donne à voir le parcours qu'il traçait en fonction de ses affinités. Son approche esthétique se révéla tout autant en phase avec la musique de ces orchestres qu'avec les courants modernes de son époque. Lieu de rencontre et d'échange privilégié entre les musiciens, les big bands permettaient la naissance de nouveaux projets. S'intéresser à ces expériences permettra de connaitre les musiques auxlesquelles Konitz a été exposé et qui ont forgé sa personnalité musicale.

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