1.4.2 Le nonette de Miles Davis
Quand Pete Rugolo, qui travaillait comme arrangeur et
producteur pour la maison de disque Capitol, baptisa le nonette de Miles Davis,
The Birth of the Cool, Konitz contesta la justesse historique de cette
appellation : « le titre était un peu déplacé, ce
n'est pas la naissance du cool. Franck Trumbauer et Bix Beiderbecke auraient pu
être la naissance du cool, Benny Carter, puis Lester Young et toutes ses
influences, Charlie Parker, et Tristano et tous ses
ami. »142
1.4.2.1 L'effectif de l'orchestre
Le nonette de Miles Davis paraissait
hétérogène car il intégrait des musiciens blancs et
noirs. Lee Konitz (sax alto), Gerry Mulligan (sax baryton), Junior Collins
(cor), Bill Barber (tuba), - le personnel variait sans arrêt - Ted Kelly,
Mike Zwerin ou Kai Winding (trombone), Miles Davis à la trompette, John
Lewis (piano), Al McKibbon (basse) et Max Roach (batterie). Le Birth of Cool,
nom donné a posteriori était davantage un collectif de musiciens
audacieux qu'un orchestre de jazz classique. La plupart d'entre eux
possédaient une expérience dans les big band swing et les petites
formations be-bop. Les compositions et les arrangements étaient issus
des mains de John Lewis, Gil Evans, Gerry Mulligan et John Carisi. Selon
Konitz, les rôles des leaders se répartissaient ainsi : «
Miles était le point de convergence du groupe ; il pouvait obtenir les
concerts et il avait le son qu'ils voulaient pour l'ensemble. Gerry Mulligan
était plus actif dans l'organisation des séances
d'enregistrements du Birth of Cool, mais Gil restait la
figure du gourou. »143 Les
caractéristiques principales des pièces étaient
l'économie de notes, les
142HAMILTON Andy, Conversations on the
Improviser's Art, the University of Michigan, page 41» The title
was a little bit off-center-that's not the Birth of the Cool. Franck Trumbauer
and Bix Beiderbecke might have been the «birth of the cool», Benny
Carter, then Lester Young and all his influences, Charlie Parker, and Tristano
and his friends. «
dynamiques moyennes, le goût du silence et une
texture d'ensemble favorisant le registre medium des instruments. Les
solistes ont joué un rôle important dans l'esthétique de
cool de l'orchestre. La remarque de Miles Davis est éclairante : «
je voulais jouer avec un son léger, car il m'était plus
facile de penser. »144 Il développa en effet au
cours des années cinquantes, une nouvelle approche de la trompette
caractérisée par des notes longues, un goût de l'espace
suggéré entre les notes et un timbre personnel. Bien que Davis
avait atteint un niveau de virtuosité instrumentale comparable à
celui de son mentor Dizzy Gillespie.
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