1.4.2.2 « The Birth of the Cool »
En 1954 le produit de trois séances fr 1949 et 1950
aboutit à la réalisation de l'album intitulé Birth of
the Cool qui était la reconnaissance de l'orchestre
précurseur du mouvement éponyme qui devint entre temps populaire
aux États-Unis. « Autant j'ai apprécié d'avoir
joué avec le groupe et d'avoir eu la chance de produire quelques bons
licks145 sur les disques, autant j'ai eu le sentiment de n'avoir pas
été complètement impliqué dans le groupe comme
j'aurais aimé l'avoir été. »146
Konitz est parfois sévère avec lui-même dans ses
interviews. Ces propos font écho avec le commentaire de ses
prestations dans l'orchestre de Thornhill. Il semble éprouver un
sentiment rétrospectif de n'avoir pas été à la
hauteur de l'événement. Cependant, il demeure mystérieux
sur les points précis qui le gênaient dans ses improvisations :
« j'étais capable de produire un son et j'avais une
connaissance du matériel que j'étudiais, mais il y avait encore
des choses essentielles qui manquaient dans mon éducation musicale. La
production réelle de la musique n'était toujours pas à la
bonne place à mon avis. Il y avait une indication,
laquelle, Dieu merci, avait été
remarquée par certaines personnes qui m'ont encouragé
à
143 HAMILTON, Andy, Conversations on the
Improviser's Art, the University of Michigan, page 40 «Miles was
the focal point of the group; he could get the gigs and he had the sound that
they wanted for the ensemble. Gerry Mulligan was more active in organizing the
Birth of the Cool sessions, but Gil was the guru figure»
144 CARR Ian, Miles Davis: the definitive
biography, Thunder's Mouth Press, 1999, page 49 « I wanted to
play with a light sound, because I could think better when I played
»
145 `'Licks'', terme employé en
jazz pour signifier des lignes mélodiques travaillées au
préalable qui paraissent improvisées.
146 GITLER Ira, Jazz Master of the Forties,
MacMillan Publishing Company, 1974 «As much as I enjoyed
sitting there and playing with the band and as lucky as I was
to get a couple of good licks on the records, I felt I
wasn't as completely involved as I would like to have
been»
continuer à de développer ceci. Quand
j'écoutais ma musique, j'entendais les imperfections. Il y avait quelque
chose qu'il fallait que je développe. »147
Néanmoins, Konitz pointa la particularité de son style qui
plut à Miles Davis : « Ils sentirent que mon son s'ajusterait
avec eux. Charlie Parker aurait couvert l'ensemble
»148.
Aussi, n'ayant pas le talent d'arrangeur ou de compositeur de
Gil Evans, John Carisi ou Gerry Mulligan et, considérant le peu de solos
qui lui étaient octroyé, à ses yeux, il ne fut pas un
acteur majeur dans le nonette de Miles Davis. Selon lui « être
complètement impliqué dans une situation de musique de
chambre serait de composer quelques pièces, et avoir
plus
d'occasions pour improviser. »149
Pourtant, ses phrases sinueuses et sa sonorité diaphane se
mariaient admirablement avec les textures de l'orchestre.
En 1992, Gerry Mulligan lui demanda de rejoindre l'orchestre
du Rebirth of the Cool, le temps d'une tournée
européenne. Konitz en garde un souvenir mitigé. «
C'était le spectacle de Gerry, et il le fit très bien, Dieu
protège son âme mais, j'étais juste assis là,
interprétant des partitions et, j'avais le sentiment de ne pas
suffisamment jouer. » 150 Malgré cela, Konitz
appréciait la situation de jeu en medium band puisqu'il il
fonda à son tour son propre nonette dans les années 1970.
Plusieurs albums résultèrent de cette expérience dont le
Live at Laren,
paru en 1984 sur le label indépendant Soul Note. Ce
disque comporte des réinterprétations
147 HAMILTON, Andy, Conversations on the
Improviser's Art, the University of Michigan, and 2003 page
96»I was able to make a sound and have some
understanding of the things I had been studying, but there were still some very
essential things missing in my musical education. The actual delivery of the
music was still not in the right place to me. There was an indication, which
thank goodness was picked up by some people who encouraged
me to go on and develop that. When I listen to my music I
heard the imperfections in it- there was something I
needed to develop.»
148 HAMILTON, Andy, Conversations on the
Improviser's Art, the University of Michigan, 2003 page 41
«They felt that my sound would fit with them. Charlie
Parker would have out blown the whole outfit»
149 HAMILTON, Andy, Conversations on the
Improviser's Art, the University of Michigan, 2003 p 41
«To
be completely involved in a chamber music situation would
be to compose some of the music, and have more solo
opportunities.»
150 HAMILTON Andy, Conversations on the
Improviser's Art, the University of Michigan, 2003 p 154
«It was Gerry's show, and he did it very well, God
rest his soul, but I was just sitting there interpreting parts and I
felt I wasn't playing enough.»
d'arrangements originaux de Gil Evans comme « Moon Dreams
»151. L'orchestre incluait parmi les meilleurs musiciens de
l'époque comme Red Rodney, Ronnie Cuber, John Eckert et Tom Harrell.
« J'apprécie vraiment de jouer au sein d'un ensemble mais, je
n'ai pas eu beaucoup d'opportunités de jouer dans ce genre de situation.
Au cours des dernières années, j'ai participé à des
albums avec des big bands interprétant des arrangements de mes morceaux.
Je ne pense pas qu'ils deviendront des classiques mais ils sont bons quand
même. »152 Au cours des années
1980, la mode était aux rythmes binaires. Les musiciens
de fusion jazz étaient appréciés du
public et des medias. Malgré cela, Konitz s'en tint
à sa pratique du swing.
Son jeu reflétait à la fois les influences du
cool et du bop. Son utilisation parcimonieuse du vibrato, l'amplitude
habituelle des tempos de lent à medium rapide, ses phrases
élaborées note à note et, la place du silence dans ses
improvisations, sont des concepts cool.
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