1.4.3 Stan Kenton
Kenton débuta sa carrière musicale sous
l'influence de l'orchestre de danse de Jimmy Lunceford avec une formation de
onze musiciens. Il change à plusieurs reprises de direction musicale au
milieu des années 1940 et 1950. Son oeuvre peut se diviser en
trois périodes stylistiques distinctes. L'étude se focalisera
sur la seconde, à laquelle Konitz participa.
1.4.3.1 « Artistry in Rhythm
»
Kenton, au début des années 1940, réalisa
avec sa formation appelée Artistry in Rhythm plusieurs albums dont
Artistry In Rhythm et Artistry in Boléro qui
s'articulaient autour de la volonté de mettre en évidence un des
solistes de la formation tel que les vocalistes Anita O' Day et June Christy.
Il engagea alors de nombreux musiciens et arrangeurs de talent, qui
émanaient
du jazz et étaient influencés par la musique
contemporaine européenne. En 1945, il débute une
151 «Moon Dreams». (Chummy Macgregor, Johnny
Mercer, arrange par Gil Evans), The Birth of Cool, Capitol Records, New York,
le 21 January 1949.
152 HAMILTON Andy, Conversations on the
Improviser's Art, the University of Michigan, 2003, Page
41 «I really enjoy an ensemble but haven't had many
opportunities to play in such a special situation. In the last few years I made
CD's with big bands playing arrangements of my tunes. I don't think they will
become classics but they're nice, though.»
collaboration féconde avec l'arrangeur Pete
Rugolo. Élève de Darius Milhaud et grand admirateur de
Stravinsky, Rugolo amena dans ses bagages des éléments musicaux
nouveaux. Celui-ci était apparu en 1949 sur deux enregistrements au
cours d'une séance avec le Metronome All Stars au côté de
Lennie Tristano. Rugolo devint ainsi l'arrangeur principal de Kenton.
Après la Seconde Guerre Mondiale son orchestre, avec celui de
Dizzy Gillespie, était parmi les premiers big bands à
incorporer des conceptions rythmiques influencées par la musique afro-
cubaine et plus généralement les rythmes des Caraïbes, par
exemple dans l'album Cuban Fire. Pourtant, les critiques
s'élevèrent concernant l'intrusion de Kenton et Rugolo dans le
domaine du jazz. Pour Gunther Schuller ces expérimentations
s'éloignaient du jazz. « Il n'y avait pratiquement pas de
jazz dans sa musique, en tout cas certainement pas d'un point de vue
conventionnel et beaucoup de gens s'y méprenait simplement parce que
cela avait été enregistré
ou joué en concert par Stan Kenton et son
orchestre»153. Cependant le public appréciait
cette
figure controversée qui remporta le
référendum de Down Beat et eut le privilège, en
1948, d'être le premier ensemble de jazz à se produire à la
télévision. Son orchestre était l'une des meilleures
réussites commerciales dans le métier.
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