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Lee Konitz, l'art de l'improvisation

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par Yvonnick PRENE
Université Paris IV Sorbonne - Master 2 Musique et Musicologie  2011
  

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1.1.2 Le langage mélodique

Selon Loren Schoenberg « Ses solos révèlent une perfection architecturale qui contraste avec leur apparente simplicité. » 36

Dans l'histoire du saxophone jazz, il existe deux courants majeurs d'improvisateurs représentés par Coleman Hawkins et Lester Young. Ce dernier possède une approche linéaire fondée sur de longues lignes, un débit lâche, comme une sensation d'écoulement dans le phrasé ainsi qu'un renouvellement constant d'idées mélodiques. Son solo sur « Lady Be Good » en donne un exemple parfait. Young développe son solo logiquement. Ses phrases mélodiques s'enchaînent les unes aux autres. Contrairement à luiYoung, le style de Coleman Hawkins est caractérisé par une sonorité large, un son de saxophone affirmé avec des inflexions bluesy et des riffs.

Ses improvisations sont dites ''verticales'', car il adhère d'avantage aux harmonies du morceau. On observe un goût prononcé pour les notes de passages, et les substitutions harmoniques. Chez Lester en revanche, on ne décèle pas de trace de pentatonisme, de gamme de blues ni de clichés hot ou be-bop. En cela son style est passe-partout. Son jeu versatile s'adaptait aux multiples situations de jeu du jazzman de l'époque et pouvait ainsi s'adonner à des contrechants magnifiques au côté de Billie Holiday, swinguer avec Basie, et se confronter aux boppers de l'époque tel qu'Oscar Peterson et Charlie Parker dans les années 1950. Cette simplicité mélodique qui est en même temps une richesse, Young l'a puisée en partie chez le

saxophoniste Frankie Trumbauer.

35 HAMILTON, Andy, Conversations on the Improviser's Art, op.cit, p. ??

36 KIRCHNER, Bill, Oxford Companion jazz, Lester Young by Loren Schoenberg, Oxford University

Press, 2005.

Exemple musical 4 : « Jive at Five », Count Basie, 4 février 1939. Seize mesures de

l'improvisation de Lester Young.

Ce qui frappe dans ses improvisations est sa capacité à se renouveler sans cesse en utilisant un matériel limité. Pour Konitz, c'est de «l'improvisation totale diatonique». Si l'on examine les mesures 7 à 12 de l'exemple musical 4, Young assemble une longue phrase diatonique dans la tonalité de mi bémol majeur. Son usage de figures rythmiques particulières telles que les groupes de cinq notes aux mesures 9 et 10, provoquent un déphasage entre les phrases et la carrure du morceau. Sa capacité a créer de nouvelles combinaisons rythmiques surprend et captive l'auditeur. En effet, le vocabulaire mélodico-harmonique de Young dépasse rarement les intervalles de sixte et de neuvième.

1.1.3 Le chant

De par sa tessiture et son expressivité, le saxophone ténor est un instrument proche de la voix. Bien qu'il soit souvent joué à des fins de virtuosité pure, certains improvisateurs tels que Young et Konitz, envisagent le saxophone comme le prolongement de leurs voix. Ils construisent leurs improvisations en suivant leur chant intérieur et favorisent ainsi le son et l'expression. Pour Young, connaître les paroles d'une chanson enrichit l'improvisation du soliste. « Un musicien doit connaître les paroles des chansons qu'il interprète. Cela apporte du sens. Ensuite, vous pouvez exprimer ce que vous désirez en sachant ce que vous êtes en train de faire. Beaucoup de musiciens de nos jours ne connaissent pas les paroles des morceaux. En conséquence, ils ne jouent que sur les changements harmoniques. C'est pourquoi j'aime écouter des chanteurs

quand je suis chez moi. J'apprends le texte des morceaux à partir du disque. » 37 De plus, le

poème d'une chanson développe l'imagination du soliste et permet en outre une mémorisation de la mélodie. Young partageait avec Konitz une passions pour Franck Sinatra (1915-1998). D'après Konitz « Young chantait avec son saxophone. » 38 Au côté de Bille Holiday (1915-1959), il pouvait être minimaliste, paraphrasant le plus simplement la mélodie d'une chanson comme sur

« Foolin' Myself ».

37 HENTOFF Nat, Pres: One of Jazzdom's Greats Reminisces, Down Beat, 1956 «A musician should know the lyrics of the songs he plays, too. That completes it. Then you can go for yourself and you know what you're doing. A lot of "musicians that play nowadays don't know the lyrics of the songs. That way they're just playing the changes. That's why I like records by singers when I'm listening at home. I pick up the words right from there."

38 HAMILTON, Andy, Conversations on the Improviser's Art, op.cit

Exemple musical 5 : « Foolin' Myself », Billie Holiday, « Lady Day & Pres 1937-1941,

1937 ». Seize mesures d'improvisation de Lester Young.

Il existe d'ailleurs un enregistrement de Young sur lequel il chante accompagné du trio d'Oscar Peterson (1925-2007), « Two to Tango »39, paru en 1952.

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