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Lee Konitz, l'art de l'improvisation

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par Yvonnick PRENE
Université Paris IV Sorbonne - Master 2 Musique et Musicologie  2011
  

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1.3.4.1 L'étude des maîtres

Durant ses leçons dans son appartement situé au centre de Manhattan, Tristano insistait sur l'imitation des maîtres du jazz afin de s'en servir comme outil pour sculpter sa propre identité. Son panthéon incluait Louis Armstrong (1901-1971), Lester Young, Billie Holiday (1915- 1959), Charlie Christian (1916-1942), Bud Powell (1924-1966), Roy Eldridge, (1911-1989) Fats Navarro (1923- 1950), Lee Konitz, Warne Marsh et plus tard Freddie Hubbard (1938-2008). Selon Warne Marsh, « l'étudiant recevait en premier lieu une initiation à la musique de Louis [Armstrong], Prez et Bird. »101. Avant même l'apprentissage de la théorie et de la technique instrumentale, Tristano recommandait à ses nouveaux étudiants d'écouter les musiciens cités plus haut afin de les sensibiliser à l'émotion et l'intensité du jazz. Selon lui, « la fonction du musicien de jazz est de ressentir. »102 Le jeune apprenti focalisait directement sur la musique. Tristano accoutumait l'étudiant en premier lieu aux plus illustres, Louis, Prez et Bird. Selon Tristano, « tu dois être influencé par tous les grands musiciens. Peu importe l'instrument que tu joues, car l'essence du jazz c'est le feeling, ce ne sont pas vraiment les notes. »103 Rejouer les improvisations des maîtres permettaient d'entrer en communication directe avec leur feeling.

Il insistait sur l'entraînement oral de l'élève afin de développer la capacité d'écoute et de réaction. Chanter des solos des maîtres avec le disque est devenu une pratique aujourd'hui répandue dans la pédagogie notamment grâce à Dave Liebman (1946) et Lee Konitz. Cela permettait d'entrer dans la peau du soliste et de ressentir à son tour l'émotion de l'improvisateur. De plus, cette pratique améliore sensiblement l'intonation et la reconnaissance des intervalles.

100 HAMILTON Andy, Conversations on the Improviser's Art, The University of Michigan, 2003 page 64

« If he hadn't had the teacher stigma, he would have been more accepted as a pianist, I think. Sometimes he was thought as a teacher first and a player second. But he was a player first, a great pianist »

101 SHIM Eunmi, Lennie Tristano His Life in Music, University of Chicago, 2007« A student who has any listening experience first gets an education in Louis , Prez and Bird. »

102 BILLARD, François. Lennie Tristano, Editions du Limon, 1988

103 SHIM Eunmi, Lennie Tristano His Life in Music, University of Chicago, 2007 page 124 « You have to be influenced by all great musicians, no matter what instrument they play, because the essence of jazz is feeling, it's

not really the notes, and it's the feeling behind. »103

1.3.4.2 La composition

Une autre tâche était l'écriture de solos de trente-deux mesures basées sur l'harmonie d'un standard. Le but étant de coucher sur papier le solo que l'on aurait aimé improviser. La première étape est l'écriture; ensuite vient la mémorisation du solo et enfin son interprétation musicale. Cette pratique engendre une meilleure conscience du processus de l'improvisation et parfois aboutit à la création d'un matériel utilisé sur scène tels que « Subconscious-lee »104 de

Lee Konitz et « Marshmallow »105 de Warne Marsh.

Les compétences élémentaires du musicien sont un des principes fondamentaux de son enseignement: l'intonation, le travail de l'oreille, le rythme, l'harmonie au clavier, chanter les solos. Il déclara en 1962 : « enseigner les fragments ne m'intéresse pas, seulement la totalité... Bird était certainement meilleur que tous ses plans. C'est pourquoi ses imitateurs n'étaient pas

si bons. Ils ne travaillaient que les parties. »106 Ainsi, Tristano entendait transmettre à l'étudiant

une formation musicale complète. Pour cela, il transféra en quelque sorte les méthodes pédagogiques dites classiques issues du conservatoire, pour les appliquer au jazz. Selon Warne Marsh, « ses explications étaient de la pure théorie européenne. » 107 Les aspects les plus importants étaient la composition, l'harmonie au clavier, l'étude de la polytonalité et la polyrythmie. Tristano insufflait un cadre et une discipline de travail aux étudiants. On constate que sa méthode pédagogique évolua vers la fin de sa vie. Selon le témoignage d'anciens étudiants, Tristano aurait diminué son niveau d'exigence. Cela expliquerait peut-être l'absence

de figures marquantes, à l'image de Warne Marsh ou de Lee Konitz, parmi la génération

suivantes d'étudiants.

104 «Subconscious-lee» est une composition de Lee Konitz basée sur la grille harmonique du standard

«What is This Things Called Love». Il figure sur l'album éponyme enregistré dans les années 1949 -1950 sur le label

Prestige.

105 « Marshmallow » est un thème de Warne Marsh base sur les changements harmoniques de «Cherokee»

106 SHIM Eunmi, Lennie Tristano His Life in Music, University of Chicago, 2007 page 125 « I'm not interested in teaching parts. Only the whole...Bird was certainly the greater than all his licks. That's why the imitators are not so great. They're only doing the parts »

107 «consulté en août 2010» http://www.scribd.com/doc/28356274/A-Conversation

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