IV-2. OCCUPATION DU SOL
Le site du lac Bleu a toujours été occupé
par les hommes. La présence d'eau douce a constitué une ressource
importante pour assurer une certaine production agricole, permettre
l'élevage et l'approvisionnement en eau pour les besoins domestiques.
La population implantée au centre du bassin versant
regroupe une centaine de personnes qui vivent de l'exploitation de leurs
parcelles de terre généralement dans le régime foncier de
l'indivision. Les habitants possèdent des bêtes qui se nourrissent
alternativement sur les parcelles lorsqu'elles sont en jachère et dans
les massifs forestiers aux alentours.
Les exploitations sont caractérisées par un
système de jachères parfois pluriannuelles. Actuellement les
surfaces exploitées représentent 2,4 ha soit 26% des terres
disponibles contre 6,84 ha de jachères, ce qui témoigne d'une
économie plutôt de subsistance. La vente des produits
pêchés dans le lac Mellah et quelques activités estivales
(gardiennage) procurent des revenus supplémentaires. Certains avouent
n'avoir aucune source de revenu en dehors des activités agricoles autour
de l'étang.
L'agriculture telle que pratiquée, exige une forte
utilisation d'eau d'irrigation. La part de celle-ci est mal connue parce
qu'elle échappe a tout contrôle.
Depuis quelques années, cette agriculture a
été orientée plutôt vers une pratique
spéculative, de modeste envergure, a cause de la qualité
médiocre du sol (sableux). Cependant, on assiste depuis peu a une
utilisation grandissante des engrais chimiques qui viennent remplacer la fumure
organique traditionnellement utilisée. Pastèques et arachides
constituent les spéculations les plus courantes (Bouazouni O. 2004).
Elles bénéficient actuellement d'une conjoncture favorable des
prix a la vente.
La pratique de l'élevage est complémentaire aux
cultures. Le troupeau est généralement constitué d'une
douzaine ou une vingtaine de bovins qu'accompagnent fréquemment un
nombre équivalent d'ovins ou de caprins et qui ne sont pas
systématiquement destinés a la vente (Bouazouni O. 2004).
Le statut de l'élevage est alarmant. Car la conduite
des troupeaux de bovins, ovins et caprins est spéculative et ne
répond a aucune norme de parcours. Les éleveurs conduisent
généralement leurs troupeaux pendant la période hivernale
pour les abandonner en forêt. A la fin du printemps, les troupeaux sont
ramenés a la plaine au niveau des jachères, du pourtour du lac,
dont les parties inondées offrent un pâturage a haute valeur
nutritive.
IV-3. EVOLUTION RETROSPECTIVE DE L'OCCUPATION DES
RIVES
Depuis 1980 nous assistons à une amélioration
générale du niveau de vie des gens. Cette amélioration est
surtout due à l'électrification de la zone et au raccordement au
réseau d'eau potable. Ceci a eu pour conséquence une croissance
démographique et une extension de l'habitat du fait de l'installation
sur place de la nouvelle génération. Ce phénomène
doit s'accompagner à terme d'une utilisation accrue de l'eau du lac mais
également d'une augmentation des rejets domestiques dans le milieu.
IV-4. SOURCES DE POLLUTION
L'augmentation de l'habitat à la périphérie
du lac Bleu et les terres agricoles qui sont sur son périmètre
sont la principale cause de la pollution de ce site.
La pollution par les détergents contenus dans les eaux
usées, s'effectue par les composants phosphatés et les agents de
lavage présents dans la composition des produits ménagers. Une
pratique courante dans le site consiste également à effectuer les
grandes lessives au bord de l'étang même.
Par ailleurs l'utilisation de croissante d'intrants
synthétiques (engrais, pesticide....) engendre certainement une
pollution des sols et surtout, par infiltration, une pollution de la nappe qui
diffuse vers l'étang.
Si les apports de nutriments dépassent la
capacité d'autoépuration et de renouvellement des eaux du
système, nous aboutirions certainement à un
phénomène d'eutrophisation avec ses conséquences
néfastes. Les conséquences sur les peuplements biologiques sont
généralement une diminution du nombre d'espèces et une
prolifération des espèces opportunistes. Des espèces
indicatrices de pollution apparaissent telles que les Lemnacées
et Potamogeton trichoides (Potamogétonacées)
déjà apparu au lac Bleu en 1997 (De Bélair G et
Samraoui B, 1998), ainsi que des espèces indicatrices d'envasement.
Il importe de faire preuve d'une extrême vigilance dans ces
conditions, et de prendre rapidement les mesures nécessaires pour
éviter une perte irrémédiable du caractère
patrimonial du site.
IV-5. DIVERSITE BIOLOGIQUE DU LAC BLEU IV-5-1. LA
FLORE
Deux types de flore caractérisent le lac Bleu : la flore
des dunes environnantes constituée du groupement a chêne
kermès et genévrier et celle des ceintures de
végétation de l'étang.
Croissant sur un sol maigre et très filtrant, donc
souvent sec, la flore ligneuse des dunes se singularise par la présence
massive de Juniperus oxycedrus et Juniperus phenicea. Ces
deux espèces sont emblématiques des dunes côtières
de la région et constituent a ce titre un élément
patrimonial de la flore locale. Leur rôle dans la fixation des dunes est
déterminant grace a leur système racinaire hypertrophié.
Par ailleurs elles constituent une ressource importante pour l'avifaune tant
sur le plan trophique (consommation des baies) que sur le plan spatial (support
de nombreux nids de fauvettes, merle et fringillidés). Elles font
malheureusement l'objet de coupes fréquentes, pourtant illicites, pour
constituer du bois de chauffe.
La flore aquatique est beaucoup plus diversifiée.
Largement pourvue en espèces, la flore hélophyte du lac Bleu est
composée par une ceinture de végétation qui occupe le
pourtour du site. Elle est constituée de : Phragmites australis,
Juncus acutus, Osmunda regalis, Typha angustifolia, Typha latifolia, Iris
pseudo-acorus, et d'une strate arborée hydrophile, Fraxinus
excelsior, Salix pedicellata, Alnus glutinosa , Salix purpurea.
Les groupements identifiés dans ce site sont :
Le groupement a Nymphaea alba Végétation
exceptionnelle en Algérie constitue l'aspect estival du Lac Tonga et des
rives sableuses du Lac Bleu dans la région d'El-Kala (Géhu,
Kaabèche et Gharzouli 1994).
* Helosciadio-Utricularietum exoletae. Végétation
constituant les ceintures des rives sableuses du lac Bleu (El-Kala).
* Cladio marisci- Thelipteridetum interuptae.
Végétation colonisant les rives tourbeuses du Lac Bleu dans la
région d'El-Kala.
* Laurentio bicoloris-Fimbristylidetum squarrosae.
Végétation pionnière des rives sableuses du Lac Bleu
(EI-Kala).
La flore hydrophyte est représentée par
Nymphea alba qui forme un champs spectaculaire qui donne toute son
originalité et sa beauté au plan d'eau, Alisma ranunculoides,
Ceratophyllum demersum, Lemna minor et Potamogeton trichoides qui
peuvent indiquer un atteinte de la qualité de l'eau par les nitrates,
Utricularia vulgaris.
Figure 7 : Ceinture de végétation typique
dans le lac Bleu
Ainsi, la végétation aquatique du lac Bleu se
distingue sur le plan patrimonial par:
- l'existence d'une véritable ceinture de
végétation qui exprime un gradient lac-rive d'exondation avec sa
végétation typique.
- La présence d'une importante plage de Nénuphar
blanc de 1, 3 ha. C'est la deuxième plus importante plage de
nénuphar blanc du parc national après celle du Tonga.
- L'existence d'une flore remarquable avec Osmunda regalis
et Thelypteris interrupta dont il est, pour cette
dernière, la seule station connue dans la région d'El-Kala.
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