I.3.b Sources historiques de la
réanimation comme pratique
C'est à la suite de plusieurs siècles de
tentatives et de progrès dans les connaissances en physiologie et en
chimie que la réanimation a pu débuter comme pratique
médicale hospitalière dans les années 30. Les 2 facteurs
principaux qui ont permis de développer la réanimation comme
technique est la possibilité d'étudier le fonctionnement
vital à partir du 16e siècle et la maîtrise de
la pratique d'insufflation
Antiquité et
Moyen-âge
Les pratiques de réanimation sont aussi anciennes que
le souci d'assistance à autrui, car nous trouvons des traces de ces
pratiques dans les sources écrites des premières civilisations
utilisant l'écriture comme l'Egypte ou la Grèce. Les sages-femmes
d'Egypte pratiquaient une réanimation néo-natale en soufflant
dans la bouche des bébés tout en leur comprimant la poitrine par
massage. Hippocrate préconisait l'introduction d'une flûte de
berger dans la gorge afin d'insuffler de l'air pour des cas d'asphyxie par
obstruction des voies respiratoires causées par des maladies comme la
diphtérie.
De la renaissance au
début du 20e siècle
En Occident, après une longue période de
conservatisme des connaissances Antiques dans la médecine, et
d'interdictions religieuses de dissection des cadavres humains, c'est à
la Renaissance que débutent des expériences médicales pour
comprendre le fonctionnement des organes vitaux. Au 16e
siècle, Vésale étudie les organes vitaux sur des animaux
vivants dont le thorax a été ouvert et découvre comment
réanimer par la stimulation du coeur ou l'insufflation d'air dans les
poumons. La relation entre les poumons, qui reçoivent l'air et le sang
qui le transporte est comprise au cours du 17e siècle, et
permet alors d'élaborer des solutions thérapeutiques de
respiration artificielle à la réanimation des noyés au
18e siècle. Des effets iatrogènes, comme des
déchirures pulmonaires par insufflation trop brutale d'air expliquent
que ces méthodes restent longtemps des tentatives isolées de
médecins privés, mais ne sont pas employées à
grande échelle dans les hôpitaux avant le 20e
siècle. Par exemple, dès 1833, Armand Trousseau pratique la
trachéotomie pour la diphtérie, avec 25% de succès, qu'on
pourrait soit juger comme insuffisant car causant directement la mort par
hémorragie des 75% de malades subissant l'échec de la tentative,
ou comme déjà très performante car permettant de sauver 1
malade sur 4 qui est condamné à une mort par étouffement.
Cette pratique restera controversée et ne se généralisera
pas. Une méthode mécanique à pression externe de
respiration artificielle, moins iatrogène est développée
à la fin du 19e siècle et aboutira aux poumons d'acier
au début du 20e siècle, dont les hôpitaux se
munissent pour les cas de paralysie respiratoire liés au tétanos.
Peu performante car ne sauvant qu'une proportion faible de malades, elle posera
aussi des problèmes de sevrage respiratoire, vouant les survivants
à passer le reste de leurs jours dans une dépendance totale,
enfermées dans un caisson en milieu hospitalier, sous surveillance
constante.
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