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Approche ethnopsychiatrique du malade réanimé : Réhabiliter l'esprit dans les pratiques de soins

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par Véronique DI MERCURIO
Université Paris 8 - Master 1 Psychologie Clinique 2007
  

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I.3.c Origine du terme de « réanimation »

De même que les techniques sont des indicateurs des transformations d'une culture, le langage est le témoin de ces changements que nous pouvons retrouver à travers l'histoire sémantique de mots médicaux. D'autre part les expressions sur la mort révélant une représentation ancienne révèlent que les théories anciennes persistent chez les individus d'une culture en mutation. Des expressions comme « perdre l'âme, l'esprit ou la tête » au sens de « devenir fou », « rendre son dernier soupir» au sens de mourir, « perdre le souffle» au sens de ne plus pouvoir suffisamment respirer, etc... ont été souvent entendus chez malades et soignants.

Le concept de « réanimation »

Le terme de réanimation possède aujourd'hui un sens qui correspond à la définition médicale donnée en en 1954 mais il existait déjà au sens de « ressusciter », et en anglais resuscitation est employé pour désigner les gestes de réanimation.

Cette signification culturelle comporte un sens magique , s'opposant au sens rationnel donné par la médecine contemporaine :

· Aujourd'hui, nous comprenons que la réanimation suspend un processus morbide et maintient un état de vie organique.

· Au sens traditionnel, la réanimation restaurer la vie, réintègre l'âme dans le corps, sur un état de mort avérée, de cadavre privé de son principe vital.

La possibilité de survie en état de coma n'était pas envisageable, c'est pourquoi, les réveils de comateux étaient interprétés comme des résurrections miraculeuses.

Les mots réanimer ou ranimer sont employés au 16e siècle, au sens de « rendre la vie, ressusciter », « redonner courage à quelqu'un », « rendre plus vif », « ranimer le feu », au moment de l'Humanisme d'une plus grande liberté par rapport à la religion.

Ces termes proviennent eux-mêmes du verbe animer apparu en 1358, emprunté au latin animare, verbe dérivé de anima « souffle vital ». Il désigne dans un sens religieux l'acte divin d'« insuffler la vie » et dans un sens psychologique l'acte « d'encourager, d'exciter ». Employé comme adjectif, « animé » s'est dit des animaux, des personnes et s'est étendu aux choses non-vivantes.

Il est également intéressant de noter que le mot « coeur » apparaît aussi au 12e siècle, provenant du latin cor au sens « organe central de la circulation sanguine ».

Il s'emploie aussi bien pour la région de la poitrine que pour la région épigastrique de l'estomac. On dit encore aujourd'hui « mal au coeur », « dire tout ce qu'on a sur le coeur », « fendre le coeur » pour évoquer des sentiments de souffrance,, « de tout mon coeur » pour les sentiments d'affection, « avoir à coeur » pour les sentiments de volonté, « apprendre par coeur » pour la mémorisation. D'autre part, les émotions intenses provoquent des réactions de douleurs au lieu latin du « cor ». Rien d'étonnant à ce que le coeur ait longtemps été considéré comme le siège des émotions dès l'Antiquité.

Le coeur possède aussi un rapport avec le principe vital ou « Souffle vital ». Pour les Grecs (Hippocrate, Platon) il permet sa circulation avec le sang dans l'organisme par le biais de conduits d'air, les artères. Les Grecs croyaient qu'après la mort, les artères se vidaient de leur sang mais contenaient encore l'esprit vital, sous forme d'air.

Le cerveau est un organe à part, car il est nécessaire à la conscience et la pensée, bien que ne faisant pas partie des fonctions vitales dans les conceptions traditionnelles.

Les intuitions qui ont mené aux études physiologiques sur la fonction respiratoire sont bien des héritières des intuitions traditionnelles plaçant le principe vital dans le coeur.

La différence porte sur le psychisme :

· aujourd'hui, nous savons que le siège du psychisme est situé dans le cerveau et que le coeur peut continuer à battre alors que le cerveau ne fonctionne plus.

· Avant le 16e siècle, corps et psychisme n'étaient pas conçus comme fonctionnant de manière séparé, à la fois pour les conceptions monistes ou dualistes.

C'est au moment de la période philosophique des Lumières qu'une rupture épistémologique apparaît permettant une pensée biologique de la vie indépendante de son aspect spirituel : le « corps-machine » de Descartes que les scientifiques s'approprient, reléguant l'esprit à d'autres domaines.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein