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Approche ethnopsychiatrique du malade réanimé : Réhabiliter l'esprit dans les pratiques de soins

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par Véronique DI MERCURIO
Université Paris 8 - Master 1 Psychologie Clinique 2007
  

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V.3 HYPOTHÈSE 3 : LA POSITION DE PATIENT-EXPERT PERMETTRAIT DE TERMINER LE PROCESSUS DE TRANSFORMATION PSYCHIQUE PAR UNE RESTRUCTURATION PSYCHIQUE.

Les entretiens des sujets qui montrent un processus de transformation psychique et qui ont eu lieu lors de la phase de restructuration montrent bien une activation de la part narrative de l'identité avec l'affirmation de sa propre identité et une temporalité à la fois dans le récit des événements et dans l'évocation des éléments biographiques. L'évocation de projets futurs aussi bien que la réactivation des souvenirs d'événements traumatiques passés, peuvent s'interpréter comme les réponses à des questionnements personnels qui aboutissent à des décisions importantes sur l'orientation du mode de vie futur. L'événement de défaillance vitale a donc eu une influence profonde sur l'identité des personnes.

Il a été observé des améliorations des troubles anxieux au cours des entretiens. Les sujets ont fait souvent des remarques positives sur le fait de pouvoir transmettre à la manière d'un expert leur expérience. On peut donc soutenir qu'un entretien qui place le sujet en position d'expert possède un pouvoir thérapeutique inhérent à la méthode, car il favorise le travail de l'identité narrative, aidant le malade à réactiver des ressources personnelles et relationnelles pour surmonter son épreuve.

Concernant l'équipe soignante, au cours de l'année de stage et des interventions successives un changement s'est produit : les premières attitudes semblaient sceptiques quant à la présence d'un psychologie stagiaire et d'une étude sur la psychologie des malades, puis, des demandes d'interventions ont été exprimées, pour enfin entendre différents soignants soulever des réflexions sur l'influence psychologique causées par leurs pratiques. Un groupe de réflexion sur les pratiques a été débuté, ainsi que l'acceptation d'une équipe de bénévole d'une association de soins palliatifs pour un accompagnement des familles.

La méthode d'entretien mise en oeuvre correspond à une approche « centrée sur la personne » classiquement enseignée à toute intervenant en relation d'aide dans le domaine social (MUCHIELLI, 2004).

De nombreux membres de l'équipe soignante font preuve d'une réelle compassion, mais se retrouvent souvent démunis face à la détresse des malades, qu'ils ne savent pas toujours comment aborder autrement que de façon maternante pour les infirmières, autoritaire pour les médecins, ou filiale pour certains jeunes médecins. Cette forme d'empathie spontanée a pour inconvénient d'engager fortement les émotions des équipes soignantes, menant à un épuisement et parfois à des réactions de défenses contre-productives.

La méthode d'entretien employée demande une formation assez courte, de la réflexion personnelle et de la pratique régulière. Elle permet de concilier empathie et distance avec cohérence et authenticité. Il serait intéressant de réfléchir à une mise en oeuvre de ce type relation lors des échanges informels entre soignants et malades. Ainsi les équipes soignantes, véritable « gardiennes du rites » seraient en mesure de répondre elles-mêmes aux besoins psychiques des malades et le risque de perpétuer le clivage corps-esprit en intégrant des intervenants extérieurs, psychologues ou bénévoles, serait diminué.

CONCLUSION

La réhabilitation de l'aspect psychique dans les pratiques de soins est actuellement discutée par certains médecins réanimateurs qui prennent conscience des ressemblances entre leur population de malades et celle des soins palliatifs, que seul le caractère d'urgence différencie. Ce caractère d'urgence qui oriente le soin sur la préservation de la vie entraîne une négligence du soulagement de la douleur. Une proposition consiste à organiser des réflexions éthiques sur la mort en service de réanimation, tout comme cela se fait en soins palliatifs (KERGUEN & RICHARD, 1999).

La famille est également concernée par le traumatisme psychique. Bien que cette étude n'ait pas mis en avant le vécu des familles, elle a donné des pistes de réflexions sur les causes traumatiques chez les familles, notamment dans les cas de décès. Sachant que les mourants de réanimation subissent les mêmes soins agressifs que les survivants, car c'est ainsi qu'ils seront tout d'abord considérés, on peut comprendre en quoi des deuils peuvent devenir pathologiques car les familles se retrouvent aussi confrontées à une situation paradoxale : se conformer à l'usage social qui isole le mourant et culpabilise la famille ou se conformer à l'ancien usage qui consiste à accompagner le mourant et renoncer à toute faire pour le sauver ?

Le développement des pratiques de soins de réanimation s'intègre dans une période de mutation sociale qui est dominée par le déni de la mort (ARIES, 1975) et un mode de vie qui favorise une logique de consommation amenant les comportements de soins à ressembler à des techniques de torture. « Aucune violence humaine, sauf celle de la torture, n'est comparable à la force de contrainte de la nécessité. » (ARENDT, 1958, p. 179). Le soin est ainsi devenu un produit de consommation accessible à tous mais aussi une contrainte qui change les rapports à la mort.

Le paradoxe serait donc relié à cette attitude de déni social de la mort qui produit un clivage vie et mort, similaire au clivage entre corps et esprit (THOMAS, 1978). Réintégrer le psychisme dans la logique médical consisterait donc bien aussi à réintroduire la mort dans la réflexion sur la vie plutôt que de les opposer. « Vivre pleinement, c'est s'offrir le luxe de donner sa vie pour quelque chose ou pour quelqu'un sans jamais perdre de vue la mort, et justement parce que je vais mourir. » (THOMAS, 1978, page 203)

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