I.1.d Approches cliniques d'inspiration psychanalytique en
France
Fondé en 1990, le REIRPR (Réseau Européen
Interdisciplinaire de Recherche sur la Psychologie et la Réanimation)
à la suite d'un Colloque INSERM publié dans la revue
Agressologie, a pour vocation de favoriser les échanges entre
psychologie et réanimation, et publie des recherches en psychologie sur
la réanimation.
Ces études proposent une compréhension du
vécu du malade comme un état semblable à la névrose
traumatique s'accompagnant de troubles dissociatifs avec déformation de
la réalité, sentiment de persécution, délires et
interprétations erronés des paroles de soignants,
accentuée par le caractère psychopathogène de
l'environnement et des soins. (GROSCLAUDE, 2002) Les approches des chercheurs
de ce groupe font référence aux développements
théoriques concernant la constitution précoce du Moi : le
stade archaïque schizo-paranoïde postulé par Mélanie
Klein, la notion de Moi-Peau (ANZIEU, 1997), les agonies primitives
étudiées par Winnicott, les états originaires de Bion ou
la potentialité psychotique d'Aulagnier (DE MIJOLLA-MELLOR, 1998,
AULAGNIER, 1975) pouvant mener à la mort mais contenant aussi un statut
d'autoréparation (SPOLJAR, 2002, 2004).
Une autre approche psychanalytique, inspirée par les
travaux de Lacan et de Freud est développée par Philippe
GAZENGEL, co-président d'AML (Association pour le Maintien du Lien
psychique en soins intensifs). Cette association soutient des actions de
psychothérapeutes de formation analytique dans des services de
réanimation, auprès des malades. Dans son ouvrage, P. Gazengel
soutient que des causes environnementales sont en cause en jeu
réanimation et peuvent provoquer le désespoir, qui entraîne
la folie et la mort chez le malade. « La technique
impérieuse et lourde des soins nécessaires à conserver la
vie expose le malade que nous serons peut-être à disparaître
comme sujet». (GAZENGEL, 2002, page 9) Les modèles
théoriques retenus s'inspirent de la relecture des textes de S. Freud
par J. Lacan, et concernent la régression psychique vers un état
de jouissance qui peut être mortelle. Elle se rapproche des états
psychotiques avec des états de conscience fragmentés et des
réactivations de souvenirs de persécutions. Celles-ci sont
supposées se passer dans la toute petite enfance au moment de la
structuration du Moi par les expériences corporelles et visuelles. Le
coma est comparé à « un univers qui réactive
aussi bien l'imago de la mère primitive pleine et toute-puissante, et
donc persécutive. » (GAZENGEL, 2002, page 75)
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