WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Préserver la compétitivité du football français face a une concurrence européenne accrue

( Télécharger le fichier original )
par Alexandre Wais
Université Paris Ouest Nanterre La Defense - Master Juriste Europeen 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

-II- Le football français en passe de devenir un modèle dans un marché en pleine mutation

1. Une santé financière bientôt retrouvée

Le football professionnel est un monde à part dans lequel un homme d'affaires connu pour sa gestion prudente peut se mettre à dépenser des sommes folles pour acquérir des joueurs de renom puis se rendre compte qu'il a plongé son club dans une situation désastreuse car les résultats n'avaient pas suivi, faute à la « glorieuse incertitude du sport ».

Le football est aussi un univers original parce que certains actionnaires sont prêts à investir « à fonds perdus » pour bâtir une équipe digne de rivaliser avec les meilleures équipes européennes.

Enfin, le football est spécifique parce que parfois, l'ensemble des acteurs commet la même erreur et apparaît alors une perte en un seul exercice de près de 150 millions d'euros pour les clubs français de Ligue 1...

1.1. Les instances du football participent au redressement financier des clubs

Heureusement, il semble que cette « spécificité du sport » s'amenuise pour laisser place à plus de rationalité.

1.1.1. Les clubs français se rapprochent de l'équilibre financier

a. Les étapes d'un parcours mouvementé

> Les errements du passé

Au regard de l'activité financière des clubs de football professionnels, il semble que l'on puisse << dater >> leur entrée dans l'ère primaire du << foot business >> aux alentours des années 1995. C'est en effet à partir de cette période que le budget des clubs a explosé et que les dirigeants ont dû prendre des décisions stratégiques quant à la répartition de ces sommes.114 Leur choix s'est porté massivement sur le court terme par l'acquisition de joueurs, d'où la création d'une << bulle >> qui s'est traduite par une augmentation significative des salaires et

114 Entre la saison 96/97 et la saison 00/01, le budget global pour l'ensemble des clubs est passé de 300 à 600 millions d'euros.

des indemnités de transfert sans justification réelle,115 ce qui n'a profité en fait qu'aux joueurs et à leurs agents mais n'a pas permis d'améliorer la compétitivité des clubs.

Au contraire, l'effet a été désastreux sur les comptes.

A l'issue de la saison 1996/1997, le bilan cumulé de l'ensemble des clubs de division 1 (Ligue 1 actuelle) faisait apparaître un résultat net comptable positif de 6 millions d'Euros tandis qu'en 2001 le résultat était déficitaire à hauteur de 53 millions d'euros (dont 435 millions d'euros de charges à répartir), puis de 151 millions d'euros en 2003.

Mais heureusement pour le football français, les dirigeants ont su se ressaisir et assainir leurs comptes.

> « Les clubs professionnels vont mieux »116

Les institutions encadrantes sont unanimes : tant en Ligue 1 qu'en Ligue 2, les progrès réalisés depuis la saison 2000/2001 sont très encourageants et le redressement économique du football français est en cours.

Selon un rapport effectué par la DNCG à propos des comptes de l'exercice 2003/2004 de la Ligue 1, il existait déjà plusieurs points positifs : le résultat net restait négatif mais se rapprochait de l'équilibre,117 les capitaux propres progressaient 118 et les charges à répartir ainsi que les dettes diminuaient (grâce notamment à une baisse des investissements joueurs depuis quelques années).119 Parallèlement, le solde de la contribution mutation était redevenu bénéficiaire pour la première fois depuis la saison 1999/2000,120 notamment grâce à la balance des transferts positive à hauteur de 91,8 millions d'Euros (différence entre joueurs vendus et joueurs achetés).

115 Entre les saisons 96/97 et 00/01, la rémunération des joueurs des clubs de Ligue 1 est passée de 130 à 300 millions d'Euros et l'investissement dans les transferts a lui été multiplié par dix ! (Passant de 44 à 400 millions d'Euros).

116 « Situation du football français, saison 2003/2004 », introduction, Gervais Martel, Président de l'UCPF.

117 38,9 contre 151,2 millions d'Euros la saison passée.

118 139 contre 93 millions d'Euros la saison passée.

119 Mais les charges à répartir représentent toujours 167 millions d'Euros et les dettes financières 66 millions d'Euros.

120 18 contre (100,2) la saison précédente.

Lors de la publication du même rapport à propos des comptes des 20 clubs de Ligue 1 lors de

l'exercice 2004/2005, la DNCG a confirmé l'embellie constatée l'année précédente :

- # Les comptes de résultats cumulés font apparaître une augmentation des produits liés à l'exploitation,121 alors que les charges liées à l'exploitation ont baissé.122 Le résultat d'exploitation n'est plus négatif qu'à hauteur de 12 millions d'euros contre 85 millions lors de la saison 2003/2004.

- # Cependant, cela ne s'est pas traduit par une amélioration significative du résultat d'exercice en 2004/2005, 123 qui reste négatif à hauteur de 32 millions d'euros, à cause d'un résultat exceptionnel très négatif.124

Cette meilleure gestion de l'activité des clubs s'est aussi traduite au niveau du bilan :

- # Les capitaux propres restent élevés à hauteur de 112 millions d'euros même s'ils ont diminué de 20%.

- # Les capitaux permanents (capitaux propres + comptes courants d'actionnaires) ont légèrement diminué à 164 millions d'euros, ce qui ne permet de couvrir que 85% du capital joueurs.

- # Les dettes financières ont une nouvelle fois baissé (5%) et n'atteignent plus que 63 millions d'euros.

- # La trésorerie des clubs de Ligue 1 était positive lors de la clôture de l'exercice.125

Ces résultats sont encourageants mais pas autant qu'en Ligue 2 où le résultat d'exploitation est redevenu positif à hauteur de 640.000 alors que le résultat exceptionnel (+ 5,6 millions) a dopé le résultat net qui atteignait près de 6 millions d'euros !

On peut donc conclure qu'après l'euphorie produite par le doublement des droits TV au cours de la saison 1999/2000, les dirigeants ont pris en compte leurs erreurs et mènent à présent une gestion moins hasardeuse, basée sur une meilleure maîtrise de leurs charges d'exploitation. Cela venant se coupler à une augmentation des produits d'exploitation (voir l'accord avec Canal + pour le championnat français), la DNCG envisage que la Ligue 1 enregistre aussi un résultat positif lors de la saison 2005/2006.

121 + 40 millions d'euros au titre des droits TV et + 11 millions au titre des recettes guichet ;

122 - 10 millions de charges de personnel et - 30 millions d'autres charges ;

123 Progression de 10% de - 35 millions à - 32 millions d'euros ;

124 - 50 millions d'euros contre un solde positif de 10 millions l'exercice précédent ;

125 109 millions d'euros avec une progression de 18% par rapport à l'exercice 2003/2004 ;

Pour information, voici les résultats publiés en juin 2005 de chaque club professionnel au cours de la saison 2004/2005 (en milliers d'euros) :

Pour la ligue 2 :

Pour la Ligue 1 :

- # A.C. Ajaccio : 802

- # A.J. Auxerre : 5.200

- # S.C. Bastiais : (1.900)

- # F.C. Girondins de Bordeaux : (1.200) - # Stade Malherbes de Caen : 460

- # F.C. Istres Ouest Provence : 392 - # Racing Club de Lens : (5.500)

- # LOSC Lille Métropole : (2.000) - # Olympique Lyonnais : 3.600

- # Olympique de Marseille : (10.600) - # Football Club de Metz : 610

- # A.S. Monaco F.C. : 140

- # F.C. Nantes Atlantique : (9.600) - # OGC Côte d'Azur : 1.900

- # Paris Saint-Germain : (17.800) - # Stade Rennais F.C. (6.700)

- # A.S. Saint Etienne : 4.400

- # F.C. Sochaux Montbéliard : 1.100 - # R.C. Strasbourg : 2.200

- # Toulouse F.C. : 1.300

- Amiens S.C. : 61

- Angers S.C.O. : 285

- Stade Brestois 29 : 550

- La Berrichonne de Châteauroux : 640 - Clermont Foot Auvergne : (175)

- U.S. Créteil Lusitanos Football : 200

- Dijon F.C.O. : 125

- Grenoble Foot 38 : (1.850) - F.C. Gueugnon : 350

- E.A. de Guingamp : 500

- Stade Levallois Mayenne F.C. : 909

- Le Havre A.C. : 150

- Le Mans U.C. 72 : 1.300

- F.C. Lorient Bretagne Sud : 1.250

- Montpellier Hérault S.C. : (33) - A.S. Nancy Lorraine : 24

- Chamois Niortais F.C. : 50 - Stade de Reims : 330

- C.S. Sedan Ardennes : 130

- E.S. Troyes Aube Champagne : 700

Les résultats cumulés de Ligue 1 font apparaître que 60% des clubs y ont enregistrés un bénéfice. C'est donc un résultat semble-t-il encourageant, d'autant que trois clubs ont réalisé des gains records à plus de 3,5 millions d'euros (AJA, OL et ASSE). En revanche, les 8 clubs dont le résultat a été négatif enregistrent des pertes d'au moins 1 million d'euros, voire même plus de 9,5 millions d'euros pour les mauvais élèves (FCNA, OM et PSG). Le bilan pour la Ligue 1 lors de la saison 2004/2005 est donc contrasté mais encourageant.

En ce qui concerne la Ligue 2, seul un club a enregistré une perte dépassant 200.000 euros et 85 % des clubs ont réalisé un bénéfice lors de cette même saison (en moyenne de 400.000 euros). Cependant, deux clubs tiraient leur épingle du jeu avec un bénéfice supérieur à 1,2 millions d'euros (Le Mans et le F.C. Lorient).

> Les perspectives d'avenir

Ce constat d'entrée des clubs dans une nouvelle ère de croissance et de prospérité qui les mènera peut-être au sommet européen est conforté par l'évolution juridique et fiscale, ainsi que par la nouvelle augmentation des droits TV.126

Le budget des clubs devrait ainsi augmenter notablement, alors que dans le même temps le législateur a mis en place un nouveau système « tax free >> concernant 30% de la rémunération des joueurs, ce qui devrait permettre de diminuer l'écart financier entre les clubs français et leurs voisins, et attirer de nouvelles stars sans pour autant plomber les comptes des clubs pendant 5 ans.

Il faut toutefois rester lucide, le monde du football est particulier : les investissements déraisonnés des années 1999/2000 ont été réalisés par des dirigeants qui, avant d'être Présidents de club, étaient reconnus dans leur domaine pour être de bons gestionnaires. Prenons l'exemple de Robert Luis Dreyfus, l'actionnaire principal de l'OM, qui a redressé successivement Saatchi puis Adidas, ou de François Pinault, l'actionnaire du Stade rennais, ou encore Yves de Chaisemartin, patron de la Socpresse et propriétaire du FC Nantes. Un dirigeant d'un grand club affirmait : « On n'a pas idée de ce que représente le fait de présider un club de football qui réussit. Il n'y a que la politique qui soit aussi forte. Quand vous êtes nommé, vous êtes un parfait inconnu. Quelques mois plus tard, vous faites l'ouverture du JT de TF1. Cela vous donne l'illusion que, comme au casino, vous allez gagner beaucoup d'argent. >>127

Les inquiétudes quant à l'utilisation des produits issus des droits TV sont donc toujours d'actualité et même au sein de la DNCG, on craint un retour aux années de dépenses inutiles et néfastes. En outre, force est de constater que la masse salariale stagne à hauteur de 46% du budget des clubs (soit 59% charges sociales comprises).

126 Canal + versera aux clubs 600 millions d'Euros par an pour bénéficier de l'exclusivité des droits sur le championnat français.

127 « Ces patrons qui ruinent le football », L'expansion du 1er juin 2002.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway