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Préserver la compétitivité du football français face a une concurrence européenne accrue

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par Alexandre Wais
Université Paris Ouest Nanterre La Defense - Master Juriste Europeen 2005
  

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1.1.2. La LFP profite du contexte pour engager des réformes au sein du football français

La Fédération Française de Football (FFF) occupe une place centrale dans le football français puisqu'elle touche l'ensemble des citoyens entre ses activités de gestion du football amateur et de l'équipe de France. La Ligue de Football Professionnel (LFP) est une association créée par la FFF spécialement conçue pour veiller au développement du sport professionnel.

Il existe une séparation des pouvoirs qui permet à chaque entité de disposer d'un territoire propre de compétences. Mais la LFP semble depuis peu dicter ses règles à la FFF, certainement parce qu'elle a su remplir son rôle de gestion du football professionnel en étroite collaboration avec la DNCG alors que la FFF entre dans une période de turbulences du fait d'une gestion peu orthodoxe.

a. La FFF perd sa crédibilité après des dérapages financiers

> La FFF participe à l'exécution d'une mission de service public

La FFF, association loi 1901 agréée par l'Etat et placée sous la tutelle du ministre chargé des sports a pour objet l'organisation de la pratique du football en France. Concrètement, elle est chargée de superviser l'ensemble de l `activité du football amateur en France, de la délivrance des licences en passant par la gestion du million de matches orchestrés chaque année par ses différentes branches. Parallèlement, c'est elle qui gère l'environnement de l'équipe de France, de la nomination du sélectionneur jusqu'aux contrats de cession des droits audiovisuels des matchs des Bleus.

La FFF, qui occupe une place entre football de masse et football d'élite, exerce donc une mission de service public et bénéficie à cet égard d'un soutien de l'Etat.

Conformément à l'article 16 de la loi du 16 juillet 1984, la FFF bien que placée sous la tutelle du Ministre des Sports, exerce son activité en toute indépendance. Elle bénéficie à cet effet d'un agrément délivré par l'Etat qui vaut à elle seule « reconnaissance de sa participation dans l'exercice d'une mission de service public ».134

En outre, la FFF reçoit chaque année une aide de l'Etat en contrepartie de son adhésion à une convention d'objectifs fixée avec le ministère des sports. Selon la Cour des Comptes, cette aide s'élevait à 1,7 millions d'euros en 2003.135

> La Cour des Comptes pointe un fonctionnement irrégulier

Déjà dans les années 80, un contrôle de la Cour des Comptes avait mis en évidence une gestion défaillante, une organisation inadaptée, un contrôle de l'Etat illusoire, des fonctionnaires mis à la disposition de la FFF en infraction avec les règles de cumul de rémunération et surtout le non respect des règles de mise en concurrence au profit du groupe Darmon, avec la particularité toutefois que deux des dirigeants de ce groupe siégeaient aussi au sein de l'organe de décision de la FFF.136

Dans son rapport annuel publié en 2001, la Cour des Comptes a décidé de s'intéresser pour la seconde fois à la Fédération Française de Football afin de se rendre compte des évolutions par rapport au comportement de cette association. Elle a ainsi constaté des améliorations, comme la mise en conformité de ses statuts-types, l'adoption d'une comptabilité analytique et une meilleure gestion de sa trésorerie.

Mais elle a relevé que de nombreux problèmes demeuraient : ainsi, le Conseil fédéral n'a pas été nécessairement mis en mesure d'apprécier la validité d'importantes décisions en matière de marketing et de cession des droits de retransmission télévisée alors qu'il lui revenait en principe de réaliser et d'autoriser les opérations de ce type.

En outre, la Cour faisait remarquer un mode de gestion original : tout d'abord, « le processus
de décision [était] demeuré très centralisé au niveau de la présidence et de la direction

134 Rapport public annuel de la Cour des comptes 2001, Fédération Française de Football, p. 533.

135 Rapport public annuel de la Cour des comptes 2003, Sports, p. 573.

136 Le groupe Darmon a été créé par l'homme du même nom aussi surnommé le « grand argentier du football français » et qui tient, dit-on, une place très importante dans la milieux du football français. Il aurait ainsi favorisé l'élection de Monsieur Bourgoin à la présidence de la LFP en 2000.

générale, qui [géraient] les dossiers importants. » De plus, alors que la FFF était signataire d'une convention collective spécialement applicable aux personnels administratifs et assimilés au football, elle appliquait à ses salariés un accord d'entreprise qui reprenait les dispositions beaucoup plus favorables de la convention collective des employés de la presse quotidienne parisienne.

Par ailleurs, le train de vie des dirigeants était montré du doigt : au titre des frais de transport, 100.000 euros ont été dépensés en deux ans pour la location d'avions privés. De même, pendant la Coupe du monde 2002 en Corée, le Président de l'époque aurait laissé une note de près de 55.000 euros, dont l'achat d'une bouteille de Romané Conti d'une valeur de 4.800 euros.

Enfin, les auditeurs rendaient compte d'irrégularités déjà constatées en 1988 concernant les rémunérations versées aux fonctionnaires137 et les relations avec le groupe Darmon. Ainsi, le contrat de mandat exclusif confié à la société France Football Promotion (FFP), filiale du groupe Darmon pour « négocier et conclure tous contrats ayant pour objet l'utilisation l'exploitation ou la reproduction du sigle de la FFF et de l'image collective de l'équipe de France » n'aurait jamais été conforme aux règles régissant le droit de la concurrence malgré les engagements répétés de son Président en 1989 et 1990 et même parfois défavorable à la FFF.

> Les commissaires aux comptes de la FFF émettent des réserves à leur certification

Dans le cadre de leur mission exercée collégialement, Messieurs Génot et Burette ont refusé de certifier en l'état les comptes de la FFF pour l'exercice 2003/2004. Ils ont en effet émis une réserve concernant le rattachement d'un produit de 10 millions d'euros issus de la cession de droits d'exclusivité à l'exercice 2003/2004. Selon eux, ces opérations auraient du faire l'objet d'un enregistrement lors d'exercices futurs.138

Alors que le Président la FFF se défendait d'avoir consulté le Cabinet d'experts Villemot,
certains commentateurs avancent la thèse de manoeuvres visant à masquer les mauvais
résultats de la FFF, plongée dans une crise financière sans précédent. Au lieu de présenter un

137 Un des entraîneurs de l'équipe de France aurait cumulé pendant huit ans un traitement correspondant à son grade de professeur de sport et une rémunération qui excédait très largement ce traitement (plus de dix fois supérieure en 1996 et 1997).

138 Assemblée fédérale de la FFF du 12 févier 2004, intervention de Monsieur Génot, commissaire aux comptes.

déficit de 62.000 euros, celle-ci a du se résoudre à annoncer une perte de 2,6 millions d'euros. Et la situation n'irait pas en s'arrangeant : l'exercice 2004/2005 s'est soldé par un déficit de 9,7 millions d'euros (au lieu de 5 millions prévus) alors que les comptes prévisionnels votés en juin 2005 pour l'exercice 2005/2006 étaient déficitaires à hauteur de 4,6 millions d'euros.139

Par ailleurs, devant l'assemblée Monsieur Burette soutenait : « le bilan arrêté le 30 juin 2003 (soit pour l'exercice 2002/2003) ne reflète pas l'image fidèle du patrimoine de votre fédération ». Pour justifier sa position, il citait notamment la non présentation d'une facture de 4.295.479 euros, la non présentation d'un compte rendu qui aurait du leur être fourni concernant une facturation de 6,5 millions d'euros versés à un mandataire et le non respect de la procédure de mise en concurrence lors de la conclusion d'importants contrats.

> Les autorités judiciaires et administratives s'intéressent de près à la Fédération

En mars 2005, l'Equipe rendait publique une ordonnance du Tribunal de Grande Instance de Paris de mai 2004 remettant en cause « les contrats de mandat exclusifs souscrits par la FFF au profit de la Société Football Promotion pour les périodes 1994-1998 et 1998-2002 » en les sanctionnant de nullité « faute d'appel à la concurrence ».140 Cette décision qui pouvait paraître inéluctable tant la Cour des comptes avait prévenu la FFF, pourrait la plonger dans une crise plus grave encore si elle venait à être confirmée par la cour d'appel.141

Par ailleurs, le parquet de Paris a ouvert au printemps 2005 une enquête préliminaire sur les comptes de la Fédération Française de Football à la suite des dénonciations de ses commissaires aux comptes concernant les bilans des exercices 2002/2003 et 2003/2004.

Enfin, le Conseil de la concurrence s'est saisi d'office le 1er juin 2004 « de la situation de la concurrence dans le secteur de la gestion des droits dans le football professionnel et de la publicité dans les stades de football et a fait procéder à des enquêtes pour établir l'existence et l'étendue des pratiques recherchées ».142

139 « Nouveau déficit en vue », de Marc Chévrier, L'Equipe du 26 juin 2005.

140 La Société Football Promotion est une filiale de Sportfive, société mère du groupe Darmon.

141 Mais aussi la société Advent International qui a acquis 48,85% des actions de la société Sportive aux termes d'un accord en date du 19 mars 2004...

142 Communiqué du conseil de la concurrence du 18 février 2005 : « enquête dans le milieu du football ».

> L'entrée dans une ère de rigueur ?

En février 2005, Claude Simonet a quitté la FFF après 10 années passées à sa tête, laissant derrière lui une fédération stigmatisée par une gestion mal contrôlée mais aussi un bilan sportif unique avec une Coupe du monde et une Coupe d'Europe.

Son nouveau Président, Jean-Pierre Escalette prônait dès son entrée une politique de rigueur, tout en nuançant les mauvais résultats comptables enregistrés depuis 2002, même s'il admettait que les procédures en cours faisaient planer au dessus de sa tête une « épée de Damoclès ». 143

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle