CONCLUSION
Lasse des souffrances et des traumatismes de la guerre, la
Côte d'Ivoire se débat pour retrouver la paix. La mission des
Nations Unies du 15 au 18 Mai à Abidjan constitue un pas dans cette
direction L'enjeu de cette visite est le passage du niveau 3 au niveau
4.
Le Président Laurent Gbagbo veut faire
reconnaître que l'état de guerre est fini et que les
conditions pour le retour des capitaux étrangers, des organismes
bailleurs de fond, et des investisseurs sont rétablis. Les
Président ivoirien est lui - même monté au
créneau pour satisfaire les conditionnalités posées par la
communauté internationale. Avec la tenue du Conseil
ministériel à Bouaké, la Côte d'Ivoire semble
renouer avec la paix.
Toutes ces initiatives si louables soient-elles ne vont pas au
fond de l'accord de Marcoussis du 24 janvier dernier. La Côte
d'Ivoire ne pourra jubiler que si les réformes des conditions
d'éligibilité, du foncier rural et les procédures
d'identifications arrêtées à Marcoussis ne sont pas
effectivement mises en oeuvre. Ce qui n'est pas encore le cas.
Le gouvernement peine à être constitué. Le
chef de l'Etat continue de récuser la candidature de Kandia Kamara
du RDR à la tête du Ministère de la famille et de
l'enfance.
Mais le blocage le plus important réside dans les
difficultés des membres du Conseil nationale de
Sécurité à pourvoir les ministères de la
Défense et de la sécurité. Le consensus qui réunit
le PDCI de l'ancien Président Bédié, le RDR, l'UDPCI du
défunt chef de la junte militaire, 1'UDCY de Théodore Mel EG et
des Forces nouvelles pour Gaston Ouesséan Koné,
général à la retraite et Président du groupe
parlementaire du PDCI à la défense hypothèque la paix.
Autre source d'inquiétude ; la prolifération des milices dans la
capitale qui fait craindre le spectre congolais. En outre, la paix demeure
fragile d'autant plus que certains observateurs doutent toujours de la
volonté du MPCI et de ses clones (MJP et MPIGO) d'abandonner le sentier
de la guerre et de désarmer. Puisque le gouvernement devra durer
plus de deux ans, les leaders politiques devraient travailler à
retrouver puis à consolider la sécurité pour tous,
favoriser l'émergence d'une paix durable en évitant
d'instrumentaliser les appartenances ethniques et religieuses et enfin mettre
en place des principes et des règles de jeu garantissant pour tous et
toutes une vie harmonieuse sur l'ensemble du territoire. La guerre a
indéniablement laissé des traces et des plaies ouvertes qui
mettront du temps à se cicatriser.
La Côte d'Ivoire ne sera unie, ni solidaire ni
prospère en créant des ivoiriens de seconde zone.
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