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Déterminants de l'achèvement de l'enseignement primaire au Cameroun

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par Adeline Carine MAKOUDJOU TCHENDJOU
ISSEA (Institut sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée) - Ingénieur statisticien 2011
  

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II.2.1 Impact des facteurs familiaux sur les abandons scolaires

Plusieurs recherches ont abouti à la conclusion selon laquelle la famille est un élément essentiel dans la réussite scolaire (Coleman, 1961; Jencks, 1972). Elle fait partie des principaux prédicteurs de l'abandon scolaire. La réussite ou la rétention des enfants à l'école peuvent s'expliquer par le niveau d'instruction des parents, leur profession, leur niveau de revenu, les conditions de logement, la disponibilité des moyens d'information ou de communication, les attitudes et comportements des parents, etc. Les variables familiales peuvent se regrouper en trois catégories : les caractéristiques familiales, la participation parentale au suivi scolaire et le style parental.

II.2.1.1 Le niveau d'instruction des parents

Les études menées par Kakpo (2009), Glasman et Besson (2004), Thin (1998), Lahire8 (1995) ont abouti à la conclusion que le niveau d'éducation des parents influence toujours la réussite scolaire de leurs enfants. C'est ainsi que, l'enquête de l'Union européenne sur les revenus et les conditions de vie (EU-SILC, 2005) indique que la majorité des jeunes âgés de

8 Ces auteurs ont été cités par Ousmane Sokhna.

Analyse des déterminants de l'achèvement du cycle d'enseignement primaire au Cameroun

25 à 34 ans dont les parents ont un faible niveau d'éducation ont eux-mêmes atteint un niveau d'études inférieur à la moyenne.

Bélanger(1961) a abouti à l'issue de ses travaux à la conclusion selon laquelle il existe une forte relation entre la réussite, le maintien scolaire et la scolarité des autres membres du ménage (parents, frères et soeurs ainés). Son analyse montre que l'influence de la scolarité des parents sur la réussite, en particulier celle de la mère est très élevée.

Selon une étude de Langevin 9(1992), les enfants dont les pères possèdent huit ans et moins de scolarité ont un risque trois fois plus élevé d'abandonner que ceux dont les pères ont la scolarité plus élevée. La conclusion selon laquelle le niveau d'études des parents a une influence significative sur la probabilité pour les enfants de rester plus longtemps à l'école est également ressortie des travaux réalisés par Masson et Khandler3 pour la Tanzanie en 1996. Ces derniers ressortent par ailleurs la liaison très forte existante entre le niveau d'instruction de la mère et la probabilité de rétention des filles à l'école. Il ressort d'une étude réalisée pour le Ghana par Montgomery, Kouamé et Olivier (1995) que les enfants en milieu rural qui ont au moins neufs ans de scolarisation sont ceux dont les mères ont atteint le niveau secondaire. Tandis que ceux qui abandonnent les études à l'issue de cinq années de scolarisation sont ceux dont les mères n'ont aucun niveau d'instruction.

II.2.1.2 La composition du ménage

D'autres recherches ont abouti au fait que la structure ou la composition du ménage affecterait les résultats scolaires. Jean Wakam (1999) lors d'une étude sur le thème « Relations de genre, structures démographiques des ménages et scolarisation des jeunes au Cameroun » a évalué l'impact de la structure démographique des ménages sur la fréquentation et le maintien des jeunes de 15-24 ans à l'école. Il a abouti aux résultats selon lesquels : (1) la présence et le nombre d'enfants en bas âge affectent essentiellement la scolarisation des filles et davantage dans les ménages dirigés par les femmes (MDF) ; (2) la présence et le nombre de femmes adultes et âgées tendent à favoriser systématiquement la scolarisation tant féminine que masculine et témoigne de la "substituabilité" des femmes et des enfants, et notamment des filles, dans l'accomplissement des tâches domestiques tandis que la présence et le nombre d'hommes ne favorisent tout au plus que la scolarisation masculine et réduisent systématiquement celle des filles, sauf dans les MDF. Par ailleurs

9 Cité par Ousmane Soknha

Analyse des déterminants de l'achèvement du cycle d'enseignement primaire au Cameroun provenir d'une famille nombreuse ou d'un foyer désuni apparaissent également être des facteurs de risque (Rumberger et al., 1990; Violette, 1991 ; Astone et McLanahan, 1991; Ekstrom et al., 1986; King, 1989).

II.2.1.3 La discipline dans le ménage

Des études longitudinales sur le fonctionnement familial ont pu démontrer le risque élevé de décrochage pour les enfants vivant dans un environnement familial où les parents ne prennent pas assez d'attention à l'éducation de leurs enfants. Baumrind (1978) a élaboré trois styles parentaux différant sur le plan des valeurs et des comportements : les styles autoritaire, démocratique et permissif. Rumberger et Al. (1990) ont démontré lors de leur étude sur le décrochage scolaire la responsabilité importante des parents dans la réussite scolaire de leurs enfants. Pour ces auteurs, les décrocheurs proviennent en majorité de familles où le contrôle parental est laxiste. Un style parental permissif caractérise ces familles. Les parents ne sont pas assez rigoureux, ils ne manifestent pas assez d'intérêt à la scolarité de leurs enfants, ne réprimandent pas les échecs scolaires ou à contrario ne gratifient pas les réussites. Ces parents n'assistent pas leurs enfants dans l'accomplissement de leurs devoirs scolaires. La persévérance et la motivation de l'enfant se voient ainsi durement affectées de façon négative. Leurs résultats démontrent également que les familles des élèves identifiés comme n'étant pas à risque de décrocher ont plus tendance à être démocratiques.

II.2.1.4 Le décès d'un parent

Le décès d'un parent peut avoir aussi des répercussions importantes sur les résultats scolaires d'un enfant. Manvire (1997) lors d'une étude menée en Ouganda trouve que : « la majorité des filles ayant abandonné leurs études avaient leurs deux parents en vie, tandis que les garçons ayant abandonné avaient plus fréquemment leurs parents décédés. Ce qui signifie que la mort du père est plus susceptible de précipiter la fin prématurée de la scolarisation des garçons que celle des filles. Alors que la longévité du père n'empêche pas nécessairement les filles d'abandonner les études ».

II.2.1.5 Le niveau de vie du ménage

Une autre variable familiale importante à prendre en compte demeure le revenu des parents ou le niveau de vie de ceux-ci. En effet, il serait absurde de parler de famille sans en mentionner les conditions d'existence. Des études menées dans des pays industrialisées attribuent à la famille et au milieu socio-économique une grande influence sur la persévérance et la réussite scolaire. La plus fameuse d'entre elles a été l'enquête de Coleman (1966) aux

Analyse des déterminants de l'achèvement du cycle d'enseignement primaire au Cameroun Etats-Unis. Le Canada a été le siège d'une étude publiée dans le rapport The Canadian Fact Book on Poverty» (1989) qui a révélé que les taux d'abandons dans le secondaire parmi les enfants de famille pauvre était 2.2 fois plus grand que le taux parmi les élèves issues de familles non pauvres. Dans de telles familles (pauvres) en Afrique, lorsque les parents ne parviennent plus à assurer financièrement l'éducation de leurs enfants, ces derniers s'engagent dans des activités lucratives, généralement le petit commerce, pour payer eux-mêmes leurs frais de scolarité. Ce qui soulève alors le fameux problème de « travail des enfants » pour ceux parmi ces enfants n'ayant pas encore atteint l'âge d'entrer en activité (qui est de 15 ans selon le BIT).

Toutefois d'autres facteurs entrent en jeu dans l'analyse des déterminants des abandons ou de la réussite scolaire(s). Ainsi comme le souligne Charlot :

«Il existe un ensemble de processus qui s'articulent les uns des autres. Les uns sont construits dans la famille, les autres dans l'école, et le résultat dépend de l'articulation de l'ensemble....il y a des choses qui se passent au sein des familles qui n'empêcheront jamais certains enfants de réussir à l'école. Et, à l'inverse, il y a des choses qui se passent à l'école qui n'empêcheront jamais certains enfants de réussir, compte tenu de ce qui se passe dans leurs familles» (Bernard Charlot dans Dubet, 1997: 76).

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld