2. Deux versants modernes de l'événement
autour du patrimoine :
la contemporanéité et la
prospective.
Il s'agit pour une part de « poser un regard
différent sur notre patrimoine » 79 en invitant des artistes
contemporains à investir la ville et les musées. Par le biais de
la commande publique, Nancy a demandé à l'artiste plasticien
Pierre Bismuth d'intervenir.
74 Entretien téléphonique avec Mme
Véronique Noël le 11/03/2010
75 Cf. Bottin des Lumières, p.8.
76 Ainsi, il est prévu, dans la mesure
où les villes l'accepteront, d'associer à
l'événement les villes de Sillegny (57), Bar-le-Duc, Marville et
Saint-Mihiel (55).
77 Cf. « Nancy 2005, le temps des Lumières
», le bilan, op.cit., p.6.
78 Cf. V. Patin, op.cit, p.135.
79 Cf. B. Chavanne dans C.Creste, P-A.Gette, G.Mansart
; Quand le 21e regarde le 18e, p.3.
Celui-ci a installé dans la ville autour du patrimoine
XVIIIe de Nancy 8 demi-sphères en miroir réfléchissant
d'un mètre de diamètre, incitant ainsi à poser un regard
différent sur les monuments qui imprègnent les passants. Une
autre commande publique s'était crée pour le plafond de
l'Opéra, qui revisitait la notion de lustre. Par ailleurs, le
Musée des Beaux Arts a cherché également à
promouvoir l'art contemporain au sein de ses collections. Selon Blandine
Chavanne80, « le Musée des Beaux Arts a toujours
présenté des oeuvres contemporaines à ses contemporains
donc il n'y avait pas lieu que le musée ne présente pas d'art
contemporain. » Pour 2005, deux expositions se sont tenues au Musée
des Beaux Arts : « Quand le 18e regarde le 21e
», véritable dialogue entre les collections anciennes du XVIIIe du
musée et la création contemporaine - « invitation à
la lecture de notre passé permettant son appropriation »
-81 ainsi que « Pour de vrai » en partenariat avec le
Consortium de Dijon et la Fondation de France.
En outre, même si les Nancéiens et les touristes
ne le voient pas forcément, l'obsession de l'événement est
d'avoir un versant actuel ou prospectif pour l'avenir. La ville ne veut pas
donner l'image qu'elle vit en permanence sur sa gloire passé, et
s'interroge sur le présent comme sur l'avenir. Ainsi, lors de colloques
et débats d'idées sont engagés en parallèle des
expositions et des manifestations festives. « 1999, l'école de
Nancy », pose par exemple la question de l'art et l'industrie aujourd'hui.
« Nancy 2005, le temps des Lumières » avec Voltaire et l'exil
des Jésuites réfugiés en Lorraine invitent à se
demander ce que sont la laïcité, la tolérance ou l'asile
aujourd'hui. Si l'exposition du Musée des Beaux Arts « De l'esprit
des villes, Nancy et l'Europe urbaine au siècle des Lumières,
1720-1770 » s'interroge sur les places royales au XVIIIe siècle,
l'exposition « Avenirs de ville » organisée sur le site Alstom
invite à se demander ce que seront les villes de l'an 3000. De
même les événements de 2012 sur la Renaissance proposeront
certainement un regard sur l'imprimerie et l'enjeu actuel du numérique.
On est en présence à la fois d'« événements
qui parlent du passé mais qui invitent à s'interroger sur
l'avenir »82.
80 Conservatrice au Musée des Beaux Arts de
Nancy de novembre 2000 à novembre 2006. Entretien
téléphonique du 14/04/2010.
81 Cf. B. Chavanne dans C.Creste, P-A.Gette, G.Mansart
; Quand le 21e regarde le 18e, p.3.
82 Entretien M. Maigret, 20/01/2010, CUGN.
Outre la volonté d'impulser une cohésion sociale
forte entre les habitants au moyen d'une thématique qui rassemble
quelque soit le milieu social d'origine, l'événement tente de
mettre le patrimoine au centre de ses efforts en évitant de sombrer dans
une complaisance nostalgique du passé. Cependant, au-delà de ce
dessein se dissimulent peut-être des intérêts sous-jacents
d'un autre ordre.
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