1.1.3. Identification des Culicidae
La différenciation des espèces de moustiques
peut se faire de plusieurs façons. Les méthodes les plus
utilisées se basent sur l'étude des caractères
morphologiques, de la cytogénétique ou sur l'analyse de l'ADN par
PCR (Polymerase Chain Reaction).
1.1.3.1. Identification morphologique
Cette technique est basée sur l'observation de
critères morphologiques discriminants. A cet effet, plusieurs
clés dichotomiques d'identification des stades pré-imaginaux et
imago des Culicidae ont été établies. Pour la
région Afrique, Edwards (1941), Hopkins (1952), Jupp (1996) ont
défini les critères taxonomiques pour les Culicinae ;
Gillies et De Meillon (1968), Gillies et Coetzee (1987),
Awono-Ambéné et al. (2004), ont défini pour les
anophèles. Hervy et al. (1998) ont proposé une
clé informatisée des anophèles afrotropicaux sous forme de
CD-ROM.
1.1.3.2. Identification par
cytogénétique
Dans les cellules nourricières des ovaires des femelles
semi-gravides et les glandes salivaires des larves de stade 4 des Culicidae
se trouvent des chromosomes polythènes (chromosomes géants
qui ont 200 à 300 fois la taille des chromosomes au début de la
mitose). Ces chromosomes dits polythènes présentent une
succession de bandes sombres et claires après coloration à
l'orcéine. Ces bandes peuvent servir de marqueur de l'espèce
(Coluzzi et Sabatini, 1967 ; Coluzzi, 1968 ; Coluzzi, et al.,
1985).
1.1.3.3. Identification par PCR (Polymerase Chain
Reaction)
La technique de la polymérisation en chaîne (PCR)
a été développée à la fin des années
1980 (Saïki et al., 1985). C'est une technique d'amplification
sélective d'une séquence d'ADN flanquée par deux amorces
(primers) de séquence connue. Elle permet d'obtenir un grand
nombre de copies d'un segment particulier d'ADN appelé ADN cible qu'il
est alors possible de caractériser et d'identifier.
L'application de cette technique permet d'identifier
rapidement des spécimens de moustiques collectés sur le terrain
à n'importe quel stade de développement (Scott et al.,
1993). Plusieurs protocoles d'identification par PCR ont été mis
sur pied. A titre d'exemple: on a ceux de Scott et al. (1993) et
Fanello et al. (2002) pour les espèces du complexe
Anopheles gambiae
(espèces morphologiquement très voisine, voire
indifférenciables, dont l'identification demande souvent l'utilisation
de critères mixiologiques, cytogénétiques, biochimiques ou
moléculaires), Cohuet et al. (2003) pour les espèces du
groupe An. Funestus, Kengne et al. (2003) pour les
espèces du groupe An. nili.
1.1.3.4. Autres techniques d'identification
* La technique d'électrophorèse des
isoenzymes est basée sur la propriété qu'ont les
molécules chargées de se déplacer dans un champ
électrique, en fonction de leur charge et de leur masse vers l'anode ou
la cathode. Ceci est le cas des enzymes qui sont des molécules
chargées qui peuvent migrer sur un support où existe un champ
électrique. L'inconvénient de cette technique est qu'elle ne
s'applique qu'à du matériel vivant ou congelé à
l'état frais (Miles, 1979).
* La morphométrie est basée sur
la taille de différents appendices des Culicidae pour leur
différenciation. Les espèces An. arabiensis et An.
gambiae s.s ont pu être différenciées à partir
des critères morphométriques à savoir la taille
légèrement plus grande de la première espèce
(Petrarca et al., 1998). Mais ce paramètre ne peut pas
être utilisé comme critère diagnostique permettant
l'identification des individus, car la taille des moustiques adultes
dépend aussi de la nutrition aux stades larvaires.
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