II.1.2.10 Les trente Jean de la
série C
Les trente Jean de la série C sont des enfants du
guide Jean-coeur-de pierre qui s'étaient détachés de son
père pour rejoindre leur grand-mère dans la forêt chez les
pygmées. Ils ont un rôle prépondérant dans
l'évolution de l'intrigue de La Vie et demie, car ils
s'opposent courageusement au pouvoir dictatorial, oppressif, meurtrier de leur
père pour aller fonder une rébellion puissante au Darmellia.
Là, ils y sont aidés fortement par Chaïdana aux-gros-cheveux
qui avait refusé de rentrer à Yourma.
La première chose à faire par les trente Jean
de la série C, est de développer le territoire Darmellia qui est
jusque là habité par les pygmées qui se foutent de tout,
qui observent passivement, mais qui parviennent à connaître dans
très peu de temps ces Jean de la série C par leurs
entreprises.
« Ils connaissaient le nom de Jean Coriace
à cause de tout ce qu'il avait fait dans la forêt ; ils
connaissaient Jean Cochon qui avait apporté le gibier artificiel [...],
ils connaissaient Jean caoutchouc et ses immenses plantations de
sève ; ils connaissaient Jean Calcaire et les mines de fer [...],
ils connaissaient Jean Cuivre, Jean Calcium, Jean Carburateur et les usines
pétrochimiques de la côte ; ils connaissaient Jean Carbone,
Jean Cabane et les entreprises de l'habitat, Jean Caillou et ses mines de
Zouarnatara ; ils connaissaient tous les Jean quelque-chose à cause
de tout ce qu'ils avaient changé dans la forêt en trente
ans » (V.D. : 161).
En effet, le plus connu des trente chaïdanisés
est Jean Canon qu'on appelle souvent « le sergent
terrible ». Il est le chef d'Etat major de l'armée
darmellienne. On nous apprend que dès son retour des études, il
souhaite que l'armée darmellienne n'ait pas de grade supérieur
à celui de sergent, car dépasser ce niveau implique la
non-responsabilité, parce que les militaires passent leur temps en
quémandant leur honneur. Une autre grande figure des trente
chaïdanisés est Jean-Coriace. Celui-ci est le maître du
territoire de Darmellia. Du point de vue politique, pour mobiliser le peuple et
le développer, il fonde un parti politique du nom de PPDL,
c'est-à-dire Parti Populaire pour la Démocratie Libre. A la
longue, Jean Coriace sera appelé par le peuple « Le
père de la nation » mais c'est une qualification qu'il
déteste beaucoup, parce que pour lui :
Une nation n'a pas de parent, pour la simple raison
qu'elle doit naître tous les jours. La nation doit naître de chacun
de nous, autrement que voulez-vous que ça soit une nation ? La
nation ne peut pas venir des illusions de deux ou trois individus quelle que
soit la bonne volonté de ceux-ci » (V.D. : 176).
Retenons, pour ces 30 Jean de la série C après
quinze ans que dure la guerre entre Darmellia et Katalamanasie, qu'il ne reste
qu'un seul individu, c'est-à-dire Jean Calcium connu pour sa fabrication
des mouches.
Il faut dire enfin de compte pour clôturer cette
étude des personnages dans La Vie et demie, que Sony Labou
Tansi fait intervenir beaucoup de personnages. Cependant, une
caractérisation suffisante de ceux-ci est absente. L'auteur ne fait pas
une description consistante du personnage ; ceci se justifie dans la
mesure où un roman de 192 pages ne peut vraiment caractériser un
si grand nombre de personnages comme nous l'avons déjà
noté.
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