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Apéritif et sociabilité. Etude de la consommation ritualisée et traditionnelle de l'alcool

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par Anaà¯s Gayot
Université d'Aix-en-Provence - Master 1 d'anthropologie sociale et culturelle 2007
  

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B - L'impact du milieu sur les manières de consommer

Prendre l'apéritif chez soi ou dans un café n'exprime pas tout à fait la même chose. Le lieu tant que les personnes avec qui on partage un verre sont des éléments à considérer. Le comportement adopté en dépend.

L'intimité de l'espace privé peut permettre certaines libertés. Cependant si la réunion est familiale le respect qu'exige le protocole des générations, en retire. L'espace public, quant à lui, donne lieu aux regards extérieurs et donc suppose un caractère réservé aux réunions et suggère quelques retenues. Néanmoins, le café est un lieu qui reste tolérant et admet ainsi certains débordements, en comparaison avec le lieu de travail ou le restaurant plus conventionnels. La nature des fréquentations, chics ou populaires des lieux, agit sur les codes s'exprimant différemment. La sociabilité, le partage et la convivialité liés à ce moment ne revêtiront pas la même symbolique. "Chaque lieu peut ainsi être considéré comme une sorte de "territoire" sur lequel on a plus ou moins de droits et de devoirs"135(*).

a- Le café, un lieu de consommation divertissant

Il ressort involontairement de la recherche bibliographique, une documentation centrée sur la sociabilité dans les cafés. On remarque rapidement que la boisson n'est pas la chose que l'on vient chercher dans un café. Bien que l'heure de l'apéritif attire toujours plus de monde. C'est un lieu qui marque une coupure avec le lieu de travail et le foyer familial. Il permet ainsi la détente, la rencontre et les discussions. Excepté la consommation de boissons qui est obligatoire, deux fonctions "ludiques" principales sont mises en avant dans les cafés provençaux étudiés par Annie-Hélène Dufour136(*) : la discussion et le jeu. Des discussions sérieuses, portant sur "les nouvelles locales, nationales, économiques, politiques, sportives" alimentant "les conversations souvent polémiques et bruyantes du comptoir", aux discussions légères, décrites par l'ethnologue telle une "fête verbale", chacun trouve sa place. Le plaisir d'être ensemble prédomine le reste. Des journaux mis à la disposition des consommateurs et la télévision contribuent aux échanges quotidiens centrés sur l'événement sportif et politique. Une sorte de théâtralisation propre à chaque café s'exprime. Du premier rôle du patron aux rôles principaux et secondaires des consommateurs, l'ambiance dégagée attire des publics appropriés.

Si le café est un lieu propice aux discussions parfois passionnées, le jeu également régule les relations. Il est un paramètre essentiel au choix d'un établissement : cartes, dés, boules, jeux électroniques, baby-foot, ping-pong, P.M.U sont autant d'éléments permettant la distinction des fréquentations. Ainsi, les Chambrettes provençales du début du siècle dernier, rassemblent les hommes pour plusieurs raisons. Cet espace exclusivement masculin, permet aux hommes d'être plus ouverts envers leurs congénères et donc d'être moins complexés pour exprimer leur sentiment. On se console et se délasse en toute impunité. Le jeu est également essentiel à cette sociabilité masculine. Le jeu de carte, le billard, et les parties de boules sont les divertissements favoris dont on n'oublie pas de mettre en jeu "bouteille de vin", "vin chaud" ou "café à goutte" selon les saisons137(*).

Pour attirer la clientèle, on propose diverses soirées à thème, comme le suggère la sociologue Anne Steiner, dans les cafés de Belleville. Devant le changement de ce quartier en rénovation, les propriétaires et gérants doivent relancer leur commerce. Ils font preuves d'inventivité et de dynamisme : "« apéros concerts », soirée poésie, animations diverses qui attirent le soir une clientèle jeune"138(*). Le moment de l'apéritif semble captiver un maximum de gens dans les cafés. Il reste un lieu opportun pour se rencontrer et pour commencer les soirées. Bien que l'on cherche à charmer une clientèle assez diversifiée, un nombre d'éléments l'oriente dans des lieux plus que d'autres. L'âge, le genre, la condition sociale et le style de vie, ou encore les heures de fréquentation et même parfois le choix de boissons conditionnent le choix des différents établissements. Les opinions politiques, souligne Patrick Le Guierrec, favorisent ces choix. Dans le bourg étudié par l'anthropologue, la population du "bar « socialiste »" se distingue de celle du "bar des « Blancs »" ou de celui des "« chasseurs »139(*).

Aller "boire l'apéro" est sans doute le meilleur prétexte pour s'échapper de son quotidien. Néanmoins, la raison pour laquelle on fréquente un lieu public ne semble pas résidée dans cette unique activité. Non pas que la consommation d'alcool ou d'autres boissons ne soit pas sans intérêt. Elle doit seulement se joindre à l'échange, occasionné par la rencontre et les loisirs, pour prendre la valeur qu'on lui connaît. Sans quoi, son caractère en deviendrait morose et l'on préfèrerait peut-être rester chez soi.

* 135 _ PICARD, Dominique. 2003. Politesse, savoir-vivre et relations sociales. Paris : PUF, p. 41.

* 136 _ DUFOUR, Annie-Hélène. 1989. « Cafés des hommes en Provence », Terrain, n°13, (Boire).

* 137 _ ROUBIN, Lucienne A. 1970. Chambrettes des provençaux : Une maison des hommes en Méditerranée septentrionale. Paris : Plon, p. 129.

* 138 _ STEINER, Anne. « Belleville : d'un café à l'autre ». In C. Bernand (dir.) : Désirs d'ivresse : alcool, rites et dérives. Paris : Autrement, p. 91.

* 139 _ LE GUIRRIEC, Patrick. 1990. « Alcool, culture et personnalité ». In G. Caro (dir.) : De l'alcoolisme au Bien Boire, tome 1. Paris : l'Harmattan, p. 152.

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