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Les paradis fiscaux et la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales internationales

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par Sédjro Joris AMOUSSOU
Ecole nationale d'administration et de magistrature ENAM/ université d'Abomey Calavi UAC/ Bénin - DTS Diplôme de technicien supérieur. Option: administration des finances 2011
  

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Paragraphe 2 : Etat des lieux de base et observations de stage

Etant l'étape initiale du processus de ciblage de la problématique, nous avons réalisé l'état des lieux de base à partir de la restitution des mécanismes de fonctionnement des structures visitées lors du stage en général et de la situation à améliorer en particulier.

Nous nous sommes intéressés en l'occurrence aux SA et au SCF

de la DGE.

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I- La Direction des Grandes Entreprises

La DGE traite les dossiers des entreprises réalisant un chiffre d'affaires annuel hors taxe, dont le montant est supérieur ou égal à trois cent millions (300 000 000) de francs CFA, quelle que soit la nature de leurs activités conformément à l'arrêté n° 018/MEF/DC/SGM/ DGID/DLC du 1er février 2011 fixant les limites de chiffre d'affaire des régimes d'impositions. A la date du 31 octobre 2011 la DGE avait à sa charge la gestion de 704 dossiers répartis entre les deux Services d'Assiette (SA n°1 et SA n°2). Un apurement du répertoire de la DGE a donc été réalisé.

La répartition de ces dossiers est faite suivant les secteurs d'activités :

- Le Service d'assiette n°1 est chargé de 332 dossiers (pharmacies, industries, Bâtiments et Travaux Publics, commerce général, et quelques négoces)

- Le service d'assiette n°2 des 372 autres dossiers (cliniques, banques, sociétés d'assurances, les sociétés de GSM, le reste des négoces et les sociétés de prestations de services).

La répartition des dossiers par secteurs d'activités s'avère être une bonne méthode de répartition des dossiers. Les Services d'Assiette disposent de 18 gestionnaires soit 9 gestionnaires par SA qui sont chargés entre autres du contrôle sur pièces des dossiers et de l'imposition primaire. Nous remarquons que vu le nombre de gestionnaires et de dossiers par SA, un gestionnaire de la SA n°1 gère en moyenne 37 dossiers et celui de la SA n°2 gère en moyenne 41 dossiers. Ce qui explique en partie le fait que tous les dossiers ne soient pas contrôlés de façon ponctuelle et sur pièces chaque année par les deux SA de la DGE.

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Tableau 1 : Situation des contrôles ponctuels et sur pièces

Services

Année 2010

Année 2011

 

Dossiers
achevés

Dossiers
programmés

Dossiers
achevés

SA1 et SA2

588

383

546

316

Taux

d'exécution

65.13

57.87

 

Source : SA1 et SA2/DGE

Il se pose ici le problème de sous-effectif des inspecteurs-gestionnaires en service dans les SA de la DGE en considération du grand nombre de dossiers à traiter.

Le Service de Contrôle Fiscal est chargé de la vérification générale de la comptabilité des entreprises dont les dossiers sont gérés par la DGE et de la vérification de la situation fiscale personnelle des dirigeants et des associés de ces entreprises. Il est animé par 06 inspecteurs-vérificateurs et un chef de service. Il se pose un problème de sous-effectif des inspecteurs-vérificateurs vu l'importance de ce service qui est à la fin de la chaine du contrôle fiscal et qui reçoit tous les dossiers a à risque » transmis par les différents Services d'Assiettes de la DGE. Malgré toute la motivation et le dévouement que ces agents manifestent pour l'exécution de leurs tâches, ils n'arrivent pas véritablement à exercer comme il se doit leur travail.

Les agents du Service de Contrôle fiscal sont appelés à être sur le terrain c'est-à-dire dans les entreprises pour effectuer soit un contrôle sur place (en deux demi-journées) ou une vérification générale de comptabilité (en trois mois). Ces agents se déplacent très souvent avec leurs propres moyens de déplacement, parce que

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les véhicules devant être mis à leur disposition pour qu'ils puissent accomplir convenablement les tâches n'existent pas. Dès lors un problème d'équipement des services de la DGE en moyens de déplacement se pose.

Le SCF doit disposer d'assez d'informations pour pouvoir effectuer tous les recoupements nécessaires pour un contrôle efficace. Il travaille dès lors à l'interne en étroite collaboration avec la Brigade d'Enquêtes Fiscales (BEF) de la Direction Nationale de Vérification et d'Enquêtes Fiscales (DNVEF) et à l'externe avec la Direction Générale des Douanes et des Droits Indirects (DGDDI), la Direction Générale du Budget et la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP). Une liaison ayant pour base l'échange d'informations entre ces différents services existe et est très utile. Par ailleurs, dans le cadre de l'échange d'informations entre la DGID et la DGDDI un logiciel du nom de « SYDONIA » a été conçu et installé. Les inspecteurs-vérificateurs du Service de Contrôle Fiscal de la DGE dans l'exercice de leurs fonctions sont appelés à ''questionner'' ce logiciel sur le montant des importations effectuées par une entreprise au cours d'un exercice comptable. Il arrive très souvent que ce logiciel donne un montant largement inférieur à celui que le contribuable a lui-même déclaré. Par ailleurs, il est souvent difficile tant pour les inspecteurs gestionnaires que pour les inspecteurs- vérificateurs d'accéder entre autres, au Système Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGFiP) qui permettrait de connaître le montant des prestations de services réalisées au cours d'une année par une entreprise pour le compte de l'Etat. Il se pose ici le problème de la fiabilité de «SIDONIA» et de la difficulté d'accès aux bases de données du «SIGFiP ». Ce qui révèle entre

autres les limites des outils informatiques tels qu'ils sont exploités aujourd'hui par le Service du Contrôle Fiscal.

Le SCF devrait travailler comme c'est le cas en France avec d'autres services publics comme la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) par exemple et disposer d'informateurs officieux comme en dispose la DGDDI et qui sont appelés « Clébés ». Cela permettrait de disposer d'une part de plusieurs sources d'informations et de résorber d'autre part dans une certaine mesure le problème de recoupement des informations.

Les contrôles ponctuels des filiales de multinationales ont montré que celles-ci disposent des moyens informatiques et technologiques performants. C'est ainsi que l'utilisation de la comptabilité informatisée était pratiquée par ces sociétés bien avant que l'administration fiscale ne s'efforce de prendre la mesure de la situation sans pour autant pouvoir disposer des outils adéquats pour un contrôle efficace. Les entreprises s'approprient les nouveaux logiciels de gestion comptable au fur et à mesure qu'ils sont créés alors que l'administration fiscale met beaucoup plus de temps pour acquérir ces moyens qui se trouvent parfois dépassés au moment de l'acquisition puisque les nouvelles technologies évoluent très rapidement. Il se pose donc un problème d'inadéquation des outils de contrôle mis à la disposition des inspecteurs-gestionnaires et des inspecteurs-vérificateurs.

C'est dans ce cadre que des séances de formation en cours de carrière et de recyclage sont souvent organisées par la DGID, à travers le CFPI. Ces formations animées par des experts nationaux et internationaux ont pour but d'informer les inspecteurs des nouveaux moyens de fraude et d'évasion fiscales utilisés par les entreprises pour

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échapper au paiement de l'impôt. Ainsi, il a été organisé début décembre 2011 une formation pendant environ trois semaines sur les notions de «comptabilité informatisée» et de «prix de transfert». Mais il se pose dès lors le problème du suivi et de la pérennisation de ces formations. En l'occurrence la dernière en date n'a été suivie que par les inspecteurs-vérificateurs de la DGE, du CIME-LITTORAL et de la BVIR.

La charte du contribuable vérifié qui situe aussi bien l'Administration que les contribuables sur leurs droits et leurs obligations existe depuis 2005 à la DGID. Il a été recommandé par les missions du Fonds Monétaire International (F.M.I.) de joindre cette charte aux avis de vérification avant leur notification. La mise en oeuvre de cette recommandation est respectée par l'administration fiscale. Nous pouvons déduire qu'il y a un renforcement des dispositions préliminaires du contrôle fiscal.

Nous avons constaté que les inspecteurs-gestionnaires et les inspecteurs-vérificateurs arrivent tant bien que mal à travailler sur les dossiers qui ont été programmés pour la vérification générale de comptabilité et qui leur sont imputés. Ils travaillent parfois à deux ou à trois sur un dossier « complexe » et en parfaite symbiose pour que le travail ne souffre d'aucune irrégularité. Par ailleurs, nous avons remarqué que les inspecteurs-vérificateurs malgré toute leur bonne volonté, sont limités dans leur capacité à rechercher les détails qui permettraient de relever certaines irrégularités. Pour les grosses entreprises et filiales de multinationales, certains détails du fonctionnement ne peuvent être compris et maîtrisés que par des hommes avertis. Ce besoin de connaissance et de maitrise de détails des charges s'impose surtout à l'occasion du contrôle des filiales des firmes multinationales dont les sièges seraient dans des paradis

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fiscaux ou non. Un manque d'informations et de connaissances sur les questions de paradis fiscaux, de fraude et d'évasion fiscales internationales a été noté par exemple ; ce qui pose le problème de la non maitrise du concept des paradis fiscaux, de leurs caractéristiques et de leurs stratégies de fonctionnement par les inspecteurs-vérificateurs en particulier et par un grand nombre des inspecteurs des impôts en général. Or une meilleure connaissance de ces juridictions permettrait de les identifier, de connaitre leurs moyens et méthodes d'intervention et d'envisager par la suite une lutte contre leur utilisation. Nous notons à la suite de ce constat, l'inexistence par exemple des inspecteurs vérificateurs spécialisés dans les contrôles des compagnies d'assurance, des banques, des sociétés de brasserie, des sociétés cimentières, des sociétés des corps gras etc.... à dimensions multinationales. Ce qui révèle une absence de spécialisation des inspecteurs gestionnaires et des inspecteurs vérificateurs.

Dans sa gestion fiscale, un groupe peut chercher à gonfler les bénéfices d'un établissement situé dans un état peu imposé en diminuant corrélativement ceux qui seront dégagés au Bénin. Il peut jouer pour cela sur les prix de transfert à l'occasion des échanges des biens et services. Les techniques sont souvent connues mais pas maitrisées :

- ventes à prix insuffisant ou achats à prix excessif ;

- redevances d'un taux excessif, voire pour services fictifs ;

- avance à faible intérêt ou sans intérêt ;

- abandons de créances injustifiés ;

- charges communes non réparties ou mal réparties.

Des filiales de firmes multinationales installées au Bénin et usant de ces techniques ne se contentent dès lors que de payer l'impôt

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B.I.C. minimum ou des montants d'impôts sur la base d'un résultat fiscal anormalement bas. Les chiffres d'affaires sont très susceptibles d'être manipulés aux fins de réduire l'assiette imposable par le jeu des transactions à l'intérieur d'un groupe, tout en faisant subsister au sein du groupe, un bénéfice important qui sera peu ou pas imposé. Mais la complexité du mécanisme de ces transactions pose quelques problèmes quant à leur maîtrise par les inspecteurs lors du contrôle fiscal. Nous notons, la non maîtrise des techniques des prix de transfert utilisées par les filiales des firmes multinationales.

Certains des problèmes identifiés plus haut expliquent en partie le faible taux constaté de couverture des contrôles externes du SCF par rapport au nombre de dossiers programmés dans une année.

Tableau 2 : Situation des dossiers programmés pour la vérification générale de comptabilité par le SCF des quatre dernières années.

Années

2008

2009

2010

2011

Eléments

 
 
 
 

Nombre de dossiers
programmés pour la
vérification générale

101

82

123

135

Nombre d'inspecteurs au

 
 
 
 

SCF

08

06

06

07

Nombre de dossiers ouverts

58

77

47

82

Nombre de dossiers
effectivement
vérifiés/approuvés

37

40

57

38

Taux de vérification
générale de comptabilité
effectué et approuvé par
rapport au nombre de
dossiers programmés

36,63

48,78

46,34

28.15

Source : SCF/DGE

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La DGE dispose d'une salle des archives ; mais cette salle était gérée par un agent chargé de suivre les mouvements des dossiers. Cet agent a été affecté et n'a pas été remplacé ; ce qui fait qu'aujourd'hui les mouvements des dossiers ne sont pas suivis. Nous déplorons ici l'absence d'un mécanisme cohérent de gestion des postes et des emplois.

Après avoir présenté l'état des lieux de la DGE, nous restituerons les mécanismes de fonctionnement de la DLC.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault