WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La "vie de nuit " dans la ville de Ngaoundéré au Cameroun de 1952 à  2009

( Télécharger le fichier original )
par Nicolas OWONA NDOUNDA
Université de Ngaoundéré Cameroun - Master en histoire 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II. CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL

Notre travail se consacre à l'étude des interactions sociales à l'intérieur de la ville, en accordant une grande importance à l'évolution des activités socio-économiques et culturelles de celle-ci pendant la nuit spécifiquement, nous le situons donc dans la ligne théorique de l'École de Chicago et du Subaltern Studies Group (S.S.G.).

En effet, la première école de Chicago s'attache à étudier les relations interethniques et la délinquance dans les grandes villes aux États-Unis. On parle alors de laboratoire social, qui permet d'étudier les nombreuses transformations des milieux urbains. Les représentants de cette première école sont notamment William I. Thomas et Robert E. Park.

Dès les années 1940, les chercheurs de l'École de Chicago se consacrent un peu plus à l'étude des institutions et des milieux professionnels. Nous avons comme principaux représentants Erving Goffman, Howard Becker, Anselm Strauss et Eliot Freidson.

Bien que ces sociologues aient utilisé de nombreuses méthodes quantitatives et qualitatives, historiques et biographiques, ils sont reconnus pour avoir introduit, en sociologie, une nouvelle méthode d'investigation, largement inspirée des méthodes ethnologiques, celle de l'observation participante, méthode dont nous nous sommes largement inspiré dans notre travail. Celle-ci leur permet de comprendre le sens que les acteurs sociaux donnent aux situations qu'ils vivent.

La sociologie de l'École de Chicago a été fertile. Elle a fortement contribué à l'étude des villes (sociologie urbaine, urbanisme et études sur les migrations, écologie urbaine), à l'étude de la déviance (criminologie), à l'étude du travail et des métiers ainsi que de la culture et de l'art.

La sociologie urbaine peut être définie comme une branche de la sociologie qui tend à comprendre les rapports d'interaction et de transformation qui existent entre les formes d'organisation de la société et les formes d'aménagement des villes à savoir :

- la morphologie sociale, ensemble des formes qu'une société prend dans l'espace. - la morphologie urbaine, ensemble des formes de la ville avec son habitat, ses monuments, ses décors, et en général tous ses aménagements.

La connaissance de la réalité des interactions entre une morphologie sociale et une morphologie urbaine permet d'une part, de favoriser la vie sociale dans les villes existantes et, d'autre part, de mieux concevoir les nouveaux ensembles urbains ou architecturaux (programmation).

Nous ne saurions étudier les villes sans parler de l'urbanisation. Il s'agit d'un mouvement historique de transformation des formes de la société que l'on peut définir comme l'augmentation de ceux qui habitent en ville par rapport à l'ensemble de la population.

Nous nous sommes donc théoriquement fondé sur l'École de Chicago dans la logique de l'étude des villes. En effet, il s'agit pour nous de relever l'évolution de la vie de nuit dans la ville de Ngaoundéré, les interactions entre les populations, l'influence des immigrés dans ladite ville, camerounais et étrangers, et la mise en place des structures sociales depuis 1952.

Par ailleurs, nous nous intéressons aux différentes activités qui font la société de Ngaoundéré, que ce soit dans le secteur formel ou informel. Nous avons mis un accent sur leur impact dans la vie communautaire et sur l'évolution de la ville. Il apparaît aujourd'hui qu'avec la crise économique qui dure depuis la fin des années 1980 au Cameroun, 90,4% des actifs exercent dans le secteur informel4(*). La dépendance sociale entre le secteur formel et ce dernier doit donc être prise en compte. Examiner le lien intrinsèque entre les différents métiers de la nuit, leur lien avec les personnes qui sont sensées faire "la vie de jour" est aussi une de nos tâches. Certes cette démarche emprunte beaucoup à la sociologie, mais elle est aussi à rattacher aux historiens du Subaltern Studies Group (S.S.G.).

Le S.S.G., encore appelé le Subaltern Studies Collective (S.S.C.), est une école constituée par un groupe d'universitaires asiatiques avec à leur tête, l'historien Bengali Ranajit Guha (né en 1923). Ce courant fait référence : « To any person or group of inferior rank and station, whether because of race, class, gender, sexual orientation, ethnicity, or religion. The S.S.G. arose in the 1980s, influenced by the scholarship of Eric Stokes, to attempt to formulate a new narrative of the history of India and South Asia.5(*) »

Au départ, le S.S.G. est une série de volumes collectifs publiée par l'Oxford University Press - Delhi à partir de 1982. Prévue pour ne comprendre que trois publications, on en compte plus d'une dizaine à ce jour. Les volumes portent le sous-titre Writings on South Asian History and Society. Le succès international de la série fut alimenté par les débats théoriques et méthodologiques qu'elle a suscités dans le milieu de la recherche en sciences sociales, en Inde d'abord puis dans les pays anglo-saxons. Les volumes de I à VI, publiés entre 1982 et 1989, ont eu pour maître d'oeuvre Guha lui-même, le fondateur, l'inspirateur et l'animateur de ce collectif de six, puis de dix chercheurs, responsables de l'entreprise. L'orientation intellectuelle initiale était un marxisme critique dont les affinités se situaient du côté de Gramsci6(*). Guha a ensuite passé la main, laissant la direction des recueils suivants à des équipiers plus jeunes, sans cesser pour autant de collaborer au travail commun7(*).

L'expression Subaltern Studies désigne donc l'étude de la société par le bas, c'est à dire la construction de la société par l'apport des masses et non de l'élite. Il s'agissait donc de rétablir le peuple comme sujet de sa propre histoire en refusant de le concevoir comme simple masse de manoeuvres manipulée par les élites, et en rompant avec les téléologies (études de la finalité) qui le transforment en agent passif d'une mécanique historique universelle. Il fallait donc reconnaître son importance historique réelle à la capacité d'initiative libre et souveraine de ce peuple, redécouvrir sa culture propre, s'intéresser enfin sérieusement à son univers de pensée et d'expérience et pas seulement à ses conditions matérielles d'existence. Il fallait faire admettre en somme qu'il existe un domaine autonome de la politique du peuple distinct de celui de l'élite, dont les idiomes, les normes, les valeurs sont enracinées dans l'expérience du travail et de l'exploitation sociale. Le peuple, selon le manifeste programmatique publié par Ranajit Guha en entête du premier volume des Subaltern Studies, est constitué par «les classes et groupes subalternes qui constituent la masse de la population laborieuse et les couches intermédiaires des villes et des campagnes»8(*). Il s'agit donc de mettre un accent sur les catégories inférieures de la petite bourgeoisie.

Ce qui définit les subalternes, c'est la relation de subordination dans laquelle les élites les tiennent, relation qui se décline en termes de classe, de caste, de sexe, de race, de langue et de culture. En examinant en profondeur cette catégorie, Guha mettait en tout cas au centre de sa perspective historique une vision dichotomique de la société partagée entre dominants et dominés. Et s'il entreprenait de corriger la vision élitiste de l'histoire de l'Inde jusqu'alors prédominante, c'est au nom de la conviction que les élites indiennes exerçaient certes sur le peuple des subalternes leur domination (matérielle), mais non pas leur hégémonie (c'est-à-dire leur suprématie culturelle). C'est ce domaine autonome de la pensée et de l'initiative des subalternes, systématiquement occulté par l'historiographie élitiste, qu'il fallait ressusciter. Dans le but, non seulement de réparer l'injustice qui lui a été faite et lui rendre sa dignité, mais aussi pour exposer en pleine lumière le rapport de forces interne à un mouvement d'indépendance dont seules les élites avaient récolté les fruits. Et enfin pour éclairer, en vue des luttes futures, les raisons profondes de cet échec historique de la Nation à réaliser sa destinée qui constitue le problème central de l'historiographie de l'Inde coloniale9(*).

Notre étude trouve sa particularité dans l'analyse des personnes qui, par leur travail pendant la nuit, contribuent à leur manière au développement. Lorsque nous examinons les travailleurs de nuit, force est de constater que ce n'est pas toujours de gaieté de coeur qu'ils en arrivent à ces travaux. Mais, leur importance est telle qu'ils deviennent une véritable nécessité dans l'équilibre social. Notre tâche est donc de réfléchir à la place de ces travailleurs de nuit dans l'évolution historique de la ville de Ngaoundéré. Pour cela, il s'agit tout d'abord de définir le concept même de "nuit", même s'il est vrai que cette notion est conçue différemment selon notre emplacement géographique.

Nous disons avec Le Petit Larousse Illustré 2008, que le terme nuit (jemma en fulfulde10(*)), vient du latin nox, noctis ; il s'agit d'un nom féminin qui désigne « la durée comprise entre le coucher et le lever du soleil en un lieu donné ». Dans une autre logique, Le Nouveau Petit Robert 2008 le conçoit comme l'«obscurité résultant de la rotation de la terre lorsqu'elle dérobe un point de la surface à la lumière solaire. » Ces deux définitions confirment celle qu'en donnait déjà le Dictionnaire Encyclopédique Quillet en 1962 : « Espace de temps pendant lequel le soleil reste sous l'horizon d'un lieu et pendant lequel il règne une obscurité plus ou moins complète. » Plus loin, le même dictionnaire précise que ce terme est synonyme de l'obscurité ou des ténèbres ainsi, « la nuit est la cessation du jour, c'est-à-dire le temps où le soleil n'éclaire plus. » 

Sur la Terre, la nuit, au sens traditionnel, couvre à tout instant une moitié de la planète. Ainsi lorsqu'il fait nuit sur une moitié de la planète fait-il jour sur l'autre moitié. Du fait de la rotation de la Terre autour de son axe, il fait alternativement jour et nuit, les deux formant une journée de 24 heures environs. Les nuits sont d'autant plus longues en hiver et plus courtes en été au fur et à mesure qu'on se rapproche des pôles. Ceci vaut pour les hémisphères nord et sud, mais les saisons sont inversées. Autour des équinoxes de printemps et d'automne, le jour et la nuit sont exactement de même durée. Les solstices d'été et d'hiver marquent respectivement la nuit la plus courte et la nuit la plus longue de l'année.

L'obscurité peut ne pas être totale ou même ne pas exister aux alentours du solstice d'été quand on se rapproche des pôles. La durée de la nuit varie selon la saison mais aussi selon l'endroit où l'on se situe. Plus on se trouve proche du Pôle Nord ou du Pôle Sud, plus la durée des nuits varie. A l'équateur, zone qui nous intéresse dans notre travail, au regard de la situation géographique de la ville de Ngaoundéré, nuit et jour sont presque toujours égaux. En fait, après l'équinoxe, les différences de durée entre le jour et la nuit changent plus rapidement aux pôles que dans les régions situées entre le tropique du Cancer et le tropique du Capricorne. Près des pôles, chaque année, il y a une période estivale où il n'existe qu'une période diurne, le Soleil ne se couche pas, et une période hivernale où seule la nuit règne.

En effet La nuit polaire est une période de l'année durant laquelle l'obscurité dure plusieurs mois. Ce phénomène est observable dans les régions polaires au-delà des cercles polaires Arctique et Antarctique. Par contre le jour polaire, encore appelé soleil de minuit, est une période durant laquelle le soleil reste constamment visible à une hauteur d'un peu plus de 23° dans le ciel.

Le nombre de jours de 24 heures pendant lesquels ce phénomène a lieu augmente avec la latitude. Il atteint son minimum, un jour, au niveau du cercle polaire et son maximum, six mois, au pôle et a lieu en automne et en hiver : d'octobre à mars dans l'hémisphère nord, de janvier à septembre dans l'hémisphère sud. Pendant plusieurs semaines après l'équinoxe d'automne et avant l'équinoxe de printemps, aux pôles et dans les régions s'en rapprochant, on peut ainsi assister à un crépuscule permanent qui dure jusqu'à ce que le soleil atteigne une hauteur suffisante sous l'horizon : 6° pour le crépuscule civil, 12° pour le crépuscule nautique.

Ainsi, du fait de l' inclinaison de l'axe de la Terre sur le plan de son orbite, toutes les régions de la Terre ne sont pas éclairées de la même façon par le Soleil au cours de sa révolution annuelle. Entre l'équinoxe de mars et septembre dans l'hémisphère Nord, le Soleil éclaire le pôle Nord en permanence. Le même phénomène se produit au pôle Sud entre l'équinoxe de septembre et mars.

Mais, si on appelle nuit l'intervalle durant lequel l'obscurité est totale, il s'agit de la période où l'intensité de la lumière solaire diffusée par les hautes couches de l'atmosphère est inférieure à la luminosité intrinsèque des étoiles. Cet intervalle est séparé du coucher du Soleil par le crépuscule et de son lever par l'aube.

L'aube se définit comme le moment de la journée où apparaissent à l' horizon Est les premières lueurs du jour, avant le lever du soleil, c'est-à-dire avant le moment où le Soleil franchit l'horizon à l'Est pour commencer sa course (l'inverse du coucher de soleil). C'est à ce moment que sont censées être interprétées les aubades11(*). C'est également à ce moment que la première prière obligatoire de la journée (Fajr) doit être prononcée par le musulman pratiquant, selon l' Islam. Dans la liturgie catholique, c'est l'heure de prime12(*).

L'aube (babbol en fulfulde13(*)) correspond au crépuscule du matin et précède le lever du soleil. Elle se caractérise par la présence de lumière du jour, bien que le soleil soit encore au-dessous de l'horizon. L'aube ne doit donc pas être confondue avec le lever du soleil, qui est le moment où le bord supérieur du soleil apparaît au-dessus de l'horizon. À Ngaoundéré, le soleil se lève de manière générale entre 05h56min et 06h22min au plus tard, et il se couche entre 18h14min et 18h19min ; et l'aube et le crépuscule durent en moyenne une dizaine de minutes.

Ceci peut nous permettre d'ores et déjà de circonscrire l'espace de temps pendant lequel nous aurons à travailler. Pendant longtemps, l'imagerie populaire a voulu situer le lever du jour à 06h00 et le coucher de soleil à 18h00. C'est ainsi par exemple que dans la religion catholique, les heures de messes sont généralement comprises à partir de 06 heures pour la matinée et celles du soir à partir de 18 heures. Pour l'abbé Benoît Zé, « Les messes du samedi soir comptent déjà pour dimanche car, pour les juifs, le jour d'après commence à 18 heures, en fait au coucher du soleil. Donc dans la tradition juive la nuit est déjà comprise dans la journée suivante. »14(*) Et l'idée que la Bible se fait de la nuit va justement dans ce sens, en considérant la comme une partie du jour à venir.

Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. Et la terre était désolation et vide, et il y avait des ténèbres sur la face de l'abîme. Et l'Esprit de Dieu planait sur la face des eaux. Et Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut. Et Dieu vit la lumière, qu'elle était bonne ; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. Et Dieu appela la lumière Jour ; et les ténèbres, il les appela Nuit. Et il y eut soir, et il y eut matin : - premier jour. 15(*)

La considération que les populations de Ngaoundéré se font de la nuit a grandement évolué depuis 1952. En effet, la ville est passée d'une vie de nuit quasi traditionnelle à une modernité qui laisse la place à tout type de métiers et d'excès. Parlant de tradition justement, il est nécessaire de définir ce terme et surtout de le distinguer de la modernité.

La tradition peut se définir comme :

La transmission continue d'un contenu culturel à travers l'histoire depuis un événement fondateur ou un passé immémorial (du latin "traditio", "tradere", ou de "trans" qui signifie « à travers » et "dare" qui veut dire « donner », « faire passer à un autre, remettre »). Cet héritage immatériel peut constituer le vecteur d'identité d'une communauté humaine. Dans son sens absolu, la tradition est une mémoire et un projet, en un mot une conscience collective : le souvenir de ce qui a été, avec le devoir de le transmettre et de l'enrichir. Avec l'article indéfini, une tradition peut désigner un mouvement religieux par ce qui l'anime, ou plus couramment, une pratique symbolique particulière, comme par exemple les traditions populaires.16(*)

Dans un sens sociologique, la tradition est une coutume ou une habitude qui est mémorisée et transmise de génération en génération, même si très souvent la jeune génération la considère toujours comme une affaire de vieilles personnes. Il faut dire que, lorsqu'une société se construit, elle le fait en bâtissant un ensemble de coutumes et de manières de faire, socle même de sa civilisation. Si ces traditions sont mises en place et subsistent avec le temps, c'est sur la base de la croyance en leur efficacité. Évidemment, cette foi en nos coutumes fait que bien souvent, la nouveauté, autrement dit, la modernité, est considérée comme une menace.

La modernité en effet, est un mode de civilisation caractéristique, qui s'oppose au mode de la tradition, c'est-à-dire à toutes les autres cultures antérieures ou traditionnelles. Elle implique un changement de mentalité. La modernité naît de certains bouleversements profonds de l'organisation économique et sociale, elle s'accomplit au niveau des moeurs, du mode de vie et de la quotidienneté17(*). Nous pouvons préciser qu'elle « innove, agit, élargit, invente et réinvente »18(*)

La modernité est donc l'ensemble des conditions historiques matérielles qui permettent de penser l'émancipation vis-à-vis des traditions, des doctrines ou des idéologies données et non problématisées par une culture traditionnelle. Or, lorsque nous parlons de l'émancipation, nous devons y voir un changement, parfois radical. Une scission qui s'opère entre deux générations. Celle-ci n'intervient très souvent que sur l'influence d'éléments nouveaux qui viennent agir sur l'ancienne communauté, à travers de nouvelles cultures apportées par des immigrés ou par le canal des médias. Dans la ville de Ngaoundéré, le conflit entre le moderne et le traditionnel a d'abord donné lieu à une répulsion des populations de l'ancienne cité à l'égard des nouvelles religions, ou l'école apportée par les Occidentaux19(*). En fait, il faut dire que nous considérons comme dangereux, « ceux qui ont l'esprit fait autrement que nous et immoraux ceux qui n'ont pas notre morale »20(*). C'est donc ce problème de morale qui aurait conduit à la création du quartier Baladji, consécutive à l'expulsion des ressortissants du Grand-Sud du pays de l'ancienne cité de Ngaoundéré en 195021(*). C'est aussi à ce moment que les activités de la nuit passent d'une quasi clandestinité à une certaine impudicité. Cette vie connaît aussi de profonds bouleversements avec l'indépendance du pays, l'électrification de la ville, son érection en chef-lieu de province, et enfin le centre universitaire devenu Université.

* 4 I.N.S., 2005, Enquête sur l'Emploi et le Secteur Informel (E.E.S.I.).

* 5 www.wikipedia.com/subalternstudies/en consulté le 18 août 2009.

* 6 « Antonio Gramsci (1891-1937), philosophe marxiste italien qui mourut en prison à cause de ses critiques à l'égard du fascisme. Sa réflexion porte en priorité sur les conditions de la révolution dans les sociétés industrialisées et sur le paradoxe d'un prolétariat subissant le fascisme alors qu'il était théoriquement armé pour lui résister grâce aux outils du marxisme. » (Durozoi G. et Roussel A., 1987, Dictionnaire de Philosophie, Ed. Nathan, p.144)

* 7 Pouchepadass, J., 2000, "Les Subaltern Studies ou la critique postcoloniale de la modernité", L'Homme, n°156, pp.161 à 186.

* 8 Guha R., 1982, cité par Pouchepadass, 2000.

* 9 Guha R., 1982, cité par Pouchepadass, 2000.

* 10 Kammler W., 1973, Vocabulaire français-foulfouldé, Ed. Annoora, Garoua/Cameroun, p. 95.

* 11 Les aubades sont des concerts donnés à l'aube, le matin sous la fenêtre de quelqu'un.

* 12 Partie de l'office divin qui est récité au lever du jour.

* 13 Kammler, W., 1973, p.13

* 14 Abbé Benoit Zé, causerie éducative tenue en 26 novembre 2005 à la paroisse saints Charles et Martin d'Éfoulan à Yaoundé. 

* 15 La Sainte Bible, Genèse chapitre I versets 1à 5.

* 16 www.wikipedia.fr/tradition, consulté le 20 août 2009.

* 17 www.encyclopædiauniversalis.fr ; encyclopédie en ligne, consulté le 20 août 2009.

* 18 Hamadou, A., 2004, L'islam au Cameroun, entre tradition et modernité, Ed. L'Harmattan, France, p. 201.

* 19 Entretien avec Mohammadou Djaouro, quartier Tongo Pastorale le 23 août 2009.

* 20 Anatole France, cité par Béchir Ben Yahmed in Jeune Afrique L'Intelligent, n°2263, du 23-29 mai 2004, p.5.

* 21 Kemfang, 1998, p.7. Il faut tout de même préciser que jusqu'ici, aucun document en notre possession ne justifie cette date, en effet, c'est en 1952 que le quartier est officiellement reconnu comme domaine de l'État, mais les témoignages des premiers habitants de Baïladji, qui devient en 1964 Baladji, sont assez contradictoires. Certains, à l'instar du commerçant Djiya, installé à Ngaoundéré depuis 1958, situent cette expulsion plus tôt, c'est-à-dire en 1948. Et d'autres pensent que cette mise à l'écart n'était que logique au regard du nombre de plus en plus élevé de personnes venant du Sud du pays, la nécessité d'un nouveau quartier, nous dit Mohammadou Djaouro, imam au quartier Tongo Pastorale dans l'entretien tenu le 20 octobre 2009, s'imposait aux autorités.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld