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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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Section 3. Réévaluation des concepts et saisie de l'identité et de l'appartenance

§1Catégorie conceptuelle

Qu'entend-il, nous le demande, par réévaluation des concepts ? Quelle conception de la culture et de l'histoire a-t-il d'une pensée très étroitement liée à la colonisation ? Nous voudrions bien qu'il eût expliqué cette réévaluation par son hypothèse de l'identité. Nous voudrions, de plus savoir combien de degrés de mouvement le moi colonisé peut imprimer à ces concepts et avec quelle force les tenir inculturés ?

C'est autour de l'idée de l'Etat que l'Occident a ordonné sa connaissance du passé, dit Mutuza. C'est également à partir de cette idée qu'il a jugé la valeur des organisations socio-politiques des autres sociétés humaines. « Il (l'Occident) a ainsi eu souvent tendance à croire que les peuples munis d'un système complexe sont réellement supérieurs à ceux auprès de qui il affirme n'avoir rencontré que des organisations sociales simples, élémentaires, rudimentaires ou primitives, que certains de ses représentants trouvent abusif de considérer comme organisations politiques étatiques »(80(*)).

Cette conception résulte de l'hypothèse selon laquelle la valeur morale des civilisations se mesure à leur degré d'organisation politique et de hiérarchisation (81(*)). Si les Africains contemporains ont mis l'accent sur les Etats et les Empires africains, c'est justement par réaction contre cette hypothèse quelque peu simpliste.

Naguère les Européens tenaient le raisonnement suivant : il n'y a jamais eu d'Etat, ni d'Empire en Afrique, donc les Africains n'ont pas d'histoire digne de ce nom, ni d'identité historique, par conséquent - et c'est là qu'ils voulaient en venir - ils ne peuvent prétendre être vraiment les égaux des Blancs.

Mais c'était malheureusement oublier que l'histoire ne juge un peuple que par rapport à ses conditions de vie. Si tous les peuples du monde avaient dû faire face aux mêmes problèmes, il est fort probable qu'ils se seraient développés tous de la même manière. Même s'ils le voulaient ils ne parviendraient pas sans renoncer à leur identité.

Certes de nos jours, cette idée n'est partagée par aucun anthropologue sérieux. Les dix dernières années ont vu un bouleversement total des idées classiques sur les sociétés africaines. Cependant un malaise persiste. Et ce malaise résulte de la non identification du domaine politique. D'où la répugnance de certains africanistes à considérer comme « Sociétés politiques » des communautés humaines qui n'ont pas un chef à leur tête.

C'est pourquoi il a semblé pour Mutuza, à la suite de G. Balandier, que les considérations initiales à toute anthropologie politique consistent à savoir « comment identifier et qualifier le politique ? Comment le « construire » s'il n'est pas une expression manifeste de la réalité ? Comment déterminer ses fonctions spécifiques si l'on admet, avec plusieurs anthropologues que certaines sociétés primitives sont dépourvues d'organisation politique ?(82(*))

Or, à ce sujet et dès le départ, il faut souligner deux faits importants qui caractérisent les sociétés africaines et sur lesquels la plupart d'auteurs sont d'accord.

C'est d'une part, la diversité des institutions et de formes d'organisations sociales et politiques(83(*)). D'autre part, l'intégration et l'interpénétration de différents domaines des sociétés africaines. Dans ces sociétés, en effet, les différents éléments tels : le social, le politique et l'économique se trouvent impliqués les uns dans les autres. Ce n'est que par un effort d'analyse que l'on peut les dissocier. Aussi, celui qui ne s'est pas imposé un tel effort ne peut que nier ou minimiser l'existence de l'un ou l'autre de ces éléments ou les confondre.

G. Balandier souligne-t-il autre chose en parlant de la diversité de formes d'organisations politiques africaines ? Combien l'Afrique représente « le plus extraordinaire laboratoire dont puissent rêver les chercheurs attachés à l'élucidation du phénomène politique »(84(*)).

« En premier lieu, celui du vocabulaire. La terminologie politique manque de rigueur et laisse apparaître, selon les auteurs, de différences de contenus qui sont parfois notables. Bien souvent déjà les concepts sont marqués par les interprétations différentes selon les cultures ou les sociétés auxquelles ils s'appliquent, et ceci au sein même de notre système de pensée occidental. Qu'en sera-t-il alors quand il faudra les étendre à un domaine étranger à ce système ? »(85(*))

Et soulignant le caractère d'intégration des sociétés africaines, l'auteur pose le deuxième problème que soulève l'étude de l'anthropologie politique dans son application à l'Afrique.

« En second lieu, dit-il, celui de la spécificité du phénomène politique lui-même. De nombreuses sociétés africaines présentaient des formes d'organisations dans lesquelles les structures religieuses, économiques, sociales et familiales interféraient avec les structures politiques et s'en différenciaient mal »(86(*)).

* 80 MUTUZA, Des Nations sans Etat, Avant-propos.

* 81 Cette conception prend sa source dans une tradition philosophique nettement caractérisée qui remonte à Hegel. En revanche, parce que la loi est l'expression de la volonté générale, elle est supérieure aux règlements qui émanent de l'exécutif et de l'ensemble des pouvoirs publics. Pour la même raison, les juridictions judiciaires et administratives n'ont pas le droit de se prononcer sur la validité d'une loi après sa promulgation, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas le droit de la censurer implicitement en prenant un jugement qui lui serait contraire. Seul le Parlement peut remettre en cause la validité d'une loi. Il faut cependant apporter une nuance à cette règle : le juge peut être saisi pour constater une incompatibilité entre une loi et une norme de droit international ou de droit communautaire, (c'est-à-dire pour constater s'il y a des dispositions dans la loi qui seraient contraires au droit international ou communautaire). Si l'incompatibilité est effectivement constatée, la loi ne peut être appliquée, et c'est la norme communautaire ou internationale qui prévaut. Mais, ce faisant, le juge n'annule pas la loi ; c'est en effet au Parlement qu'il revient de tirer les conséquences de cette incompatibilité.

* 82 BALANDIER, G., Anthropologie politique, P.U.F., 1969, p.29.

* 83 LOMBARD (J), « Pensée politique et démocratie dans l'Afrique noire traditionnelle », in Présence africaine, n°63, 1967, p.10. « A propos de diversité de formes d'organisations sociales et politiques J. Lombard affirme « A la fin du XIXème siècle, l'Afrique Noire présentait le plus riche champ d'expériences qui puisse se trouver en matière d'organisation politique. Jamais sans doute, sur un même continent et à une même époque, n'ait pu coexister une telle diversité dans les formes de gouvernement des hommes ». « C'est seulement maintenant qu'on découvre, par le truchement des traditions orales et des mémoires humaines cette diversité des institutions et des formes d'organisation politique, alors sans doute aussi nombreuses et aussi variées que le sont de nos jours les langues africaines ».

* 84 BALANDIER, G., « Réflexion sur le fait politique : le cas des Sociétés africaines », in Cahiers Internationaux de Sociologie, Vol. XXXVII, 1964.

* 85 LOMBARD, J., op. cit., pp.10-11

* 86 Idem.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille