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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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§ 2. Ingénierie sociale et sentiment de minorité et de majorité

Si le sentiment national, suscité par les rois de France, fait son apparition lors de la guerre de Cent Ans, la définition actuelle du mot « nation » est le fruit d'une longue évolution qui n'aboutit qu'au XIXe siècle, bien que le terme ait existé antérieurement : ainsi, au XVIIe siècle, le dictionnaire de Furetière en donne la définition suivante : « Un grand peuple habitant une même étendue de terre renfermée en certaines limites ou même sous une certaine domination », mais le terme n'a pas encore sa connotation idéologique d'attachement à un ensemble géographique, d'enracinement dans un terroir. L'Encyclopédie (1765) n'est pas plus précise et s'attache au constat : « Une quantité considérable de peuples qui habite une certaine étendue de pays, renfermée dans de certaines limites, qui obéit au même gouvernement. »

De ces définitions, seule l'ingénierie sociale a le pouvoir d'améliorer notre vie et rendre nos institutions économiques et sociales plus efficaces. Certes, « les bruits courent, la rumeur, les on dits rapportent que deux grands dignitaires du groupe  « zaïrois d'expression rwandaise » viennent d'accéder à la haute direction de deux sociétés d'une importance capitale et vitale dans leur lutte pour la conquête de nationalité, qui passe par l'acquisition du pouvoir politique. Il s'agit de Ngirabatware CI. et de Ngezao K. Le premier serait devenu Président du Conseil d'Administration de l'Hôtel intercontinental et le second, Président du Conseil SOMINKI-Maniema. Deux postes hautement stratégiques. Le premier place son chef à la source des informations et de communications avec l'étranger et exclut les ressortissants du Kivu de cet Hôtel pour des raisons que tout le monde peut deviner. Le deuxième assure l'implantation du groupe « zaïrois d'expression rwandaise » au Maniema introduit ainsi un nouveau foyer de conflit ethnique à Kalima, Kamituga et Lulingu »(610(*)).

Les peuples du Kivu-Maniema ne pouvant supporter des tels injustices, font comprendre que nous vivons, avec les Tutsi, dans différentes sociétés, dans des systèmes juridiques différents et sous différentes formes de gouvernement, et nos propres traditions ont une influence déterminante sur l'habitat, les arts, la division du travail et l'attitude face à la prière et à la méditation. Ces formes d'existence étrangères les unes aux autres, avec tout ce qui fait la culture -l'éducation, l'assistance aux malades, l'architecture et la planification urbaine, les ordres sociaux et politiques - se heurtent entre elles dans la civilisation technique qui embrasse le monde entier, sans que nous puissions nous comprendre. Jusqu'à présent nos regards ne se sont pas encore croisés, nous avons à peine pris conscience les uns des autres.

Au regard de l'appartenance, Mutuza, en face des prétendus Zaïrois d'expression ruandaise souligne que : « A quelque chose malheur est bon. La guerre zaïro-rwandaise aura au moins eu le mérite de nous révéler une vérité. A savoir que les Rwandais immigrés ou réfugiés n'ont jamais renoncé à leur nationalité. Ils sont bel et bien Tutsi-Rwandais du Congo-Zaïre et non « Zaïrois d'expression rwandaise », expression qui prête à confusion. Ils sont peut-être au Congo depuis des années ! Ce qui reste à montrer. Mais ce n'est pas parce qu'un tronc d'arbre est resté longtemps dans le fleuve, dit la sagesse populaire, qu'il devient crocodile. Les Portugais dont l'arrivée au Congo, en 1489, est attestée historiquement, sont-ils devenus pour autant Congolais ? Et tous ces centaines des milliers d'Angolais habitant au Congo depuis les temps immémoriaux, pourquoi ne prétendent-ils pas à devenir Congolais ? »(611(*)).

Ce faisant, ils n'abdiquent pas leurs traditions mais, au contraire, ils en prennent plus pleinement conscience et les rendent ainsi vivantes et les préservent. Les rencontres, les discussions et la coopération à des tâches concrètes n'ont pas permis au Tutsi à mieux comprendre les autres et à mieux se comprendre. C'est pourquoi Mutuza ouvre la fenêtre du côté fermé de la porte en se référant aux travaux des séminaires et colloques internationaux sur les problèmes relatifs aux Pays des Grands-Lacs.

«  Les chercheurs ont tenté, dit Mutuza, d'apporter une réponse à la question de savoir quel est le diagnostic du mal qui ronge la société africaine des Grands Lacs et quels sont les spécificités régionales propres à tous ces conflits, les auteur ont souligné plusieurs éléments communs : le racismes ethnique, le problème de nationalité des ethnies à cheval sur deux ou plusieurs pays, la gestion entre majorités et minorités ethniques, etc. Ils ont estimé que le principe de base de remèdes à apporter à ces problèmes est l'intégration régionale et la citoyenneté transfrontalière, qui consistent à construire une union économique de l'Afrique orientale et australe au sein de laquelle la citoyenneté transfrontalière se substituerait à l'ethnicité »(612(*)).

Restons silencieux sur la manière dont Mutuza conçoit les institutions qui combleront nos voeux les plus chers. Nous trouvons là une autre conjecture : qu'en fait, il n'y a pas grand-chose à dire, qu'obtenir ce que nous souhaitons n'est principalement affaire de conception des institutions et que, si cela l'était, nous ne saurions comment le faire.

C'est un doute tout à fait essentiel qui inspire cette interprétation. S'il s'avérait qu'il n'existe pas de fondement épistémologiques sur quoi bâtir une technologie sociale, qu'en réalité « y `en a pas » il n'y aurait rien non plus de raisonnable à dire sur la manière à suivre pour produire les résultats sociaux auxquels Mutuza nous recommande d'aspirer. Tout ce que nous pourrions dire à l'ingénieur social est que nous souhaitons que le moteur tourne sans un pet, comme une horloge, mais nous ne pourrions lui proposer aucune solution pour trouver comment y parvenir. Il se pourrait bien qu'un bidouillage au hasard, dont les effets supposés (« L'illusion de la fraternité noire ou africaine a aveuglé les Zaïrois trop hospitaliers au point qu'ils ont oublié que les Tutsi se considèrent avant tout non pas comme une ethnie à part, mais comme une race à part. Cette idée qu'ils ont d'eux-mêmes constitue une menace et un danger pour le voisins(613(*)) ») ne pourraient pas être reconnus par les gens différents, ou que pour qu'autres raisons on ne pourrait pas tester, ne donne jamais naissance à une technologie ; il a toutes les chances de casser le moteur avant(614(*)).

C'est pourquoi les Tutsi doivent se présenter tels qu'ils sont et tels qu'ils se comprennent eux-mêmes, autrement aucune coopération n'est pensable. De façon effective ceci est possible si une rencontre a lieu entre des Hutu et des Tutsi qui sont versés dans leur propre culture, et qui peuvent donc être considérés comme « représentatifs ». De l'extérieur, vu avec les yeux d'experts étrangers, il n'est pratiquement pas possible de reconnaître ces hommes - ni dans la religion, ni dans les modes de penser particuliers aux cultures, ni dans les sciences et les arts, non plus dans la vie politique officielle. Tous les détenteurs du pouvoir et tous les fonctionnaires ne sont représentatifs, et les véritables représentants n'occupent souvent pas de poste officiel. C'est là le plus grand problème.

* 610 Ibidem, p. 84. On comprend là combien nous heurtons le temps entropologique. Le mode de penser, la langue, les moeurs, les lois et les rites, ainsi que le comportement quotidien de chacun de nous, portent l'empreinte de différentes histoires et prouvent à suffisance que nous sommes tous différents.

* 611 Idem. Nous pensons aussi que les individus, comme les sociétés ne se définissent pas uniquement par rapport à leur nationalité : leur culture a une impotence essentielle et leur permet de trouver leur identité. C'est là la vraie appartenance. Et ce n'est qu'ainsi, dans la conscience profonde de leur propre culture, que les hommes et les peuples peuvent se comprendre les uns les autres et communiquer entre eux. Nous nous heurtons ici de la position des Tutsi. Ils sont Banyarwandas de langue. Mais se considèrent une race différente de Hutu desquels ils dépendent de l'élément linguistique.

* 612 Ibidem, p. 72-73.

* 613 Idem.

* 614 Il n'est pas idiot de critiquer les propositions qui prétendent nous dire quelque chose sur l'existence. Aussi bien, elles pourraient être fausses. Il n'est pas non plus idiot de mettre en cause une hiérarchie de préférences ou prétendue telle : elle pourrait souffrir d'incohérence interne et n'être pas un véritable système. Il serait en revanche complètement idiot de rejeter la pensée politique de citoyen Mutuza, puisque ce n'est ni une hiérarchie cohérente de normes ni un guide de l'ingénierie pour améliorer la société. Il est trop évident qu'il n'entendait rédiger ni un credo ni un tropaire, moins encore un para-clitique ou un manuel liturgique.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo