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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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v Métaphysique de la rencontre

On ne peut pas nier que l'être est un, et que les qualités et les éléments de l'être constituent un ensemble des forces qui se conjuguent et qui entrent aussi en conflit. Cet ensemble est dans la mesure où il est et donne le pouvoir à chacun de ses éléments et de ses qualités.

De l'analyse métaphysique de rencontres des pouvoirs d'êtres entre différents groupes sociaux, Mutuza arrive à nier l'idée utopiste d'un Etat mondial créé par une espèce d'union fédérale des principales puissances actuelles et par leur soumission à une autorité centrale à laquelle tous les groupes participent. Il y a lieu de reconnaître le retour du « même dans le même il demeure et en lui-même repose dans l'immuable ici », comme l'avait bien vu Parménide d'Elée. Et on s'en va vers un centre mondial, gouvernant les autres nations par des méthodes libérales et dans des formes démocratiques.

L'analyse métaphysique de Mutuza est préventive, elle est de taille, pour ceux qui connaissent l'union technique du monde, ce qu'elle a favorisé la centralisation, mais n'ayant pas pris en compte les facteurs psychologiques qui prédominent souvent. L'utopie d'un Etat mondial est en parfaite contradiction avec l'analyse du pouvoir à cause qu' « un centre de pouvoir, qui unit la force avec la conscience vocationnelle, ne peut pas se soumettre lui-même à une autorité artificielle qui ne possède ni l'une, ni l'autre »(271(*)).

v Ontologie de la rencontre

L'ontologie est l'élaboration du ëüãïò et le üí est la parole raisonnable qui saisit « l'être en tant que tel ». Il est difficile pour un esprit contemporain de comprendre le « esse ipsum latin », l'être lui-même, le üí Þ üí grec, l'être en tant qu'être. A la différence de l'analyse métaphysique qui est descriptive, l'ontologique nous montre que l'être est un, il n'est pas une identité morte, ni une répétition de la même chose. Il est dans la richesse de sa texture. L'ontologie ne décrit pas l'infinie variété des êtres, vivants et morts, subhumains et humains. L'ontologie analyse cette activité de l'être lui-même qui est à l'oeuvre dans tout ce qui est, vivants ou morts, sub-humains ou humains. Elle précède toute autre approche cognitive de la réalité. Elle vient avant toute science, pas toujours historiquement, mais toujours en valeur logique et en dernière analyse.

Pour la rencontre, Mutuza nous donne une triade : centralisation, Etat mondial et pouvoir universel. L'influence de Hegel est manifeste ici. C'est l'amour unificateur qui conduit à cette triade. Il croit au schéma dialectique de l'union et de la séparation. Il se peut qu'après l'histoire mondiale, caractérisée par la montée d'une unique structure de pouvoir en pouvoir universel, avec un minimum de suppression, la loi, la justice et l'amour réunificateur incarnés dans ce pouvoir deviennent le pouvoir universel de l'humanité. Même alors le Royaume de Dieu n'est pas arrivé. Car même alors entropie et révolution n'auront pas disparu. Il peut se constituer de nouveaux centres de pouvoir, d'abord secrets, puis connus, allant vers la séparation de l'ensemble, ou vers sa transformation radicale. Ils peuvent aussi former une conscience vocationnelle propre.

Alors, la lutte des pouvoirs recommence et la période de l'empire mondial accompli sera limitée, comme était la période de la paix d'Auguste. L'amour unificateur n'unira-t-il jamais l'humanité ? L'humanité, dans son ensemble, ne pourra-t-elle jamais devenir une structure de pouvoir ou une source de justice universelle ? Mutuza a abandonné le domaine de l'histoire ; il s'approche de la question métaphysique qui est celle de ce qui est ultime dans une rencontre.

Tout vient avec l'arrivée des Occidentaux. Ils acclimataient leurs réalités aux modes de vie des peuples rencontrés. Ils ont été phénoménalistes et morphiques. Leur description de la vie était loin d'être anticipée par son explicitation comme séparation et réunion, ou comme amour. Leur christianisme ne saurait être une interprétation digne du dogme de la Trinité(272(*)) du Dieu vivant. Dans son Fils, Dieu se sépare de Lui-même, et, dans l'Esprit, il retrouve son unité. Il s'agit là, d'une manière de parler symbolique ; mais elle rappelle que Dieu n'est pas une identité morte qui laisserait les injustices se perpétuer dans l'indifférence. Blancs, Noirs et Tutsi(273(*)) sont des groupes de pouvoirs d'être qui sont entrés en compétition. Voyons où s'arrêtera leur jeu.

Dans la polémique avec les Tutsi, ceux-ci s'approprient certains territoires en échange de leurs femmes. La séparation avec soi-même est aussi un des éléments qui justifie la foi chrétienne selon laquelle « la paix est une vertu qui rétablit la réunion de ce qui est séparé alors qu'il était uni auparavant »(274(*)). Tous les Baame durent avoir des femmes des Tutsi comme épouses de plus. Et le jeu était allé plus loin. Ce qui fait qu'aujourd'hui certains Tutsi réclament être des Congolais seulement en temps de paix. Les Bantu les accusent d'avoir pris en témoins les Européens, eux que les Bantu gênaient. Dans cette rencontre il a été plus facile aux Bantu de se reconnaître étrangers là où ils le sont effectivement. Cependant il a été et il est encore difficile, voire même impossible pour les Tutsi d'accepter qu'ils sont étrangers là où ils le sont évidemment. C'est le problème d'isolement dans les rencontres entre les groupes porteurs de pouvoirs d'être.

* 271 TILLICH, P., Amour, pouvoir et justice, p. 66.

* 272 MUTUZA, Sermons d'un prêtre défroqué, p. 22.

* 273 Ce n'est pas nous qui faisons cette distinction. Ce sont les Blancs et les Tutsi eux-mêmes qui se considèrent comme une race, pas une tribu, à part entière.

* 274 KIPAMBALA, M. J.-F.-Ph., Lumière et vie, p 15.

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