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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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Section 2. Critique

§1. Conflits langagiers

Nous avons signalé que loin de négliger la question du langage, Mutuza lui consacre une place fondamentale dans son argumentation. Il considère, en effet, qu'il constitue l'origine de l'apparition des conflits et que les termes qui constituent son arsenal idéologique viennent des définitions. Au fait, ce que Mutuza refuse c'est l'analyse de caractère d'un concept, dans sa version de la logique traditionnelle par laquelle connaître une chose c'est partir du genre prochain et de la différence spécifique. Pour lui la définition n'est pas l'analyse d'un objet déjà donné, mais elle crée cet objet, c'est le sens qu'il donne au droit de nommer les choses(64(*)). Cette conception est très computationnelle. Elle nous donne le calendrier de différents moments (comput) de la dégradation du système social (entropologique) sous la domination.

L'éthique entropologique quant à elle, est liée à la dégradation qui permet un retour à l'homogène, processus de la destruction, de retour à l'informel. Et tous les combats de l'Occident est de s'élever à l'espoir, si les Africains refusaient de condescendre à l'espoir et professent un surhomme, découvrant ainsi une totale liberté.

C'est ainsi qu'il (l'Occident) s'est mis à gloser des mots tels que le progrès, l'Etat, la politique...

Enfin, cette critique a en vue, implicitement ou explicitement, une modification de structures qui permettrait un progrès, souhaitable selon les normes extérieures aux sociétés en cause ; mais pas toujours désiré par les populations vivant depuis des décennies ou des siècles dans un état d'équilibre social, médiocre parfois - la médiocrité étant une notion relative - mais dont l'immense mérite est, précisément, à leurs yeux, d'avoir duré, assuré la sécurité et fait ses preuves.

Pour toutes ces raisons, notre étude sur les concepts d'identité et d'appartenance chez Mutuza se devait d'être précédée par un bref examen des concepts fondamentaux qui serviront de principe en vertu duquel nous organiserons les diverses données qui constitueront ce travail. En choisissant les concepts d'Etat, de Progrès et de Sous-développement, de démocratie, de civilisation, de culture, d'aliénation... comme concepts opératoires, nous n'opérons pas un choix arbitraire. Ces notions, en effet, expriment les éléments constitutifs de toute société humaine. La société étant, si nous nous limitons ici à la définition qu'en donne la scolastique, « unio plurium ad bonum commune procerandum », le concept d'Etat traduit l'objet formel, tandis que les concepts de Progrès et de Développement expriment la finalité de l'union au double plan moral et matériel.

Notre propos ici est moins de présenter une analyse exhaustive de ces concepts que de décrire le cadre de référence dans lequel notre étude s'inscrit et de souligner l'importance d'abstraire ces concepts du milieu et des circonstances qui les rendent prisonniers d'une civilisation. Car, comme nous dit R. Verdier, « on ne saurait encore une fois trop se méfier de nos déductions logiques et de nos catégories qui risquent de devenir un obstacle à la connaissance des valeurs propres qui confèrent aux civilisations noires leur profonde originalité. »(65(*))

« Mais le problème de la réévaluation des concepts n'est pas propre à l'Afrique, dit-il »(66(*)). G. Berger parlant de vieillissement des concepts constate désenchanté que « les choses vont aujourd'hui si vite que les machines sont démodées avant d'être usées. Il arrive qu'elles le soient avant d'être mises en service ; c'est qu'il faut parfois plus de temps pour les construire que pour en inventer d'autres meilleures. Nos lois, nos règlements, nos institutions tombent sous la même menace(67(*)).

« Et les concepts, ces indispensables instruments de la communication entre les hommes, les véhicules intellectuels de nos inventions, de nos lois, de nos institutions, de nos jugements n'obéissent-ils pas à ce vieillissement rapide et irréversible ? »(68(*)) Un esprit subtil parlant de changement de sens des mots disait que si les mots changent de sens, et les sens de mots, un héritage de mots n'est pas l'infaillible indice ni l'exacte mesure d'un héritage d'idées.

* 64 MUTUZA, La problématique du Mythe Hima-Tutsi, p. 46. Voir aussi Quelles Institutions pour un Congo démocratique, p. 22.

* 65VERDIER, R., op. cit. p. 16.

* 66 Des Nations sans Etat, p. 11.

* 67 Encyclopédie française, t. XX, Section A 20-20-9 20-20-12, GASTON BERGER.

* 68 MUTUZA, La problématique du Mythe Hima-Tutsi, p. 108.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo