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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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§2. Genèse des mots

Tout ce que Mutuza apporte d'original, il le soumet à priori à la censure de la tradition, même si son expérience l'incline à parler de l'autorité même de cette tradition. De toute manière, par ses références, par ses citations, par ses allusions au passé, il se réclame d'une communauté de pensée et de vie avec sa collectivité. En d'autres termes, l'intention et l'apport de Mutuza sont, de soi, communautaires et traditionnels. C'est pourquoi la communauté et la tradition restent juge de l'identité et de l'appartenance des catégories conceptuelles.

Il se demande comment, « méconnaissant l'enseignement humaniste d'un Montaigne dénonçant l'attitude ethnocentrique selon laquelle chacun appelle barbarie ce qui n'est pas son usage », les juristes occidentaux ont bien souvent, sans se soucier qu'une manière de penser s'imposait quand l'objet est autre, projeté leurs conceptions juridiques dans un milieu où elles étaient irrecevables. L'auteur qualifie cette manière de voir d'incapacité et(57(*)) d'illusion ethnocentrique(58(*)). Puis, se demandant pourquoi l'étude des systèmes de droit foncier - son acharnement sur la problématique de la nationalité dans La problématique du Mythe Hima-Tutsi(59(*)) lui a valu le surnom de « a précédé l'histoire » - en Afrique noire n'a pas attiré l'attention qu'elle méritait de la part des juristes(60(*)). Mutuza l'explique en ces termes : « Deux raisons essentielles ont fait obstacle à une compréhension exacte, à l'examen approfondi du problème : il faut imputer sans nul doute principalement ce défaut à la prétention du juriste et du législateur colonial de façonner le droit à sa guise : « n'avoir autre patron et règle de perfection que ses propres moeurs et usances », telle semble bien avoir été l'attitude aveugle... de nombreux jurisconsultes occidentaux quand ils ont abordé l'étude des droits négro-africains et surtout de la propriété du sol »(61(*)).

A ce premier obstacle, Mutuza dit « que la réalité juridique négro-africaine ne peut être saisie en recourant aux catégories rigides et abstraites de notre langage et de notre logique et plus précisément aux concepts romains et napoléoniens, s'en ajoute un autre, non moins important, résultant d'une conception linéaire de l'évolution sociale qui a influencé de nombreux savants en sciences humaines depuis Maine, Morgan, Engels »(62(*)).

C'est ainsi que les structures sociales, économiques et politiques des sociétés africaines sont souvent critiquées par les Occidentaux qui y portent des jugements hâtifs, appuyés sur le système des valeurs dont ils sont imprégnés et qui ne correspond pas toujours à celui des cultures dont ils parlent.

Cette critique, s'exprimant à travers un vocabulaire inadéquat et inspirée par ce que R. Verdier appelle, à juste titre, un « évolutionnisme pseudo-historique, rigide et simpliste »(63(*)), repose donc sur les prémisses fausses et discutables. Elle est partielle aussi, en ce sens qu'un des aspects du problème est le plus souvent privilégié aux dépens des autres : l'économique, le social ou le politique, alors qu'il existe d'étroites relations entre les unes et les autres.

* 57 Cette incapacité de « s'ouvrir à d'autres horizons » a caractérisé la politique coloniale en matière du droit foncier et en matière domaniale où le législateur, enfermé dans la même alternative, soutenait tour à tour la négation de la propriété de certaines terres et l'assimilation de la propriété immobilière par une procédure de constatation des droits.

* 58 L'illusion ethnocentrique qui masquait la discontinuité de nos gammes conceptuelles et la prétention réformiste du législateur colonial qui méconnaissait le principe exprimé par l'auteur de « l'Esprit des Lois » selon lequel celles-ci doivent être relatives au principe du pays, au genre de vie du peuple, expliquent les nombreux échecs des réformes foncières entreprises.

* 59 MUTUZA, La Problématique du Mythe Hima-Tutsi, p. 7.

* 60 On se rappellera que la plupart des Tutsis font les études de Droit.

* 61 MUTUZA, Op. Cit. p. 17.

* 62 VERDIER, R., La civilisation agraire et droits fonciers négro-africains, pp. 24-34. La problématique que pose l'auteur ainsi que l'explication qu'il présente s'applique mutatis mutandis aux conceptions que beaucoup d'auteurs occidentaux se font de réalités africaines.

* 63 VERDIER, R., op. cit. p. 12.

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