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CHAPITRE VI : INTERACTIONS AUTOUR DE LA PRISE EN
CHARGE DE LA DREPANOCYTOSE
Une interaction dans le langage courant, est l'action ou
l'influence réciproque qui peut s'établir entre deux objets, deux
personnes ou plus. Une interaction est toujours suivie d'un ou plusieurs effets
(exemple en médecine : effet indésirable d'une interaction
médicamenteuse).
Selon MORIN E. (1977 :51) :« Une interaction est un
échange entre deux entités sociales. Les interactions sont des
actions réciproques modifiant le comportement ou la nature des
éléments, corps, objets, phénomènes en
présence ou en influence ».
Selon Lorsque quelqu'un est gravement malade, on
procède généralement dans nos sociétés et
particulièrement au Niger à des pratiques coutumières et
cliniques qui relèvent bien souvent de notre construction de la maladie.
La culture peut alors renseigner sur les interprétations dont fait
l'objet la maladie et les logiques de prise en charge du malade. Aussi, permet-
elle d'identifier les différents types d'acteurs sociaux en interaction
autour de cet enjeu préoccupant à cause de l'importance que
revêt la santé de l'être humain (COCKER, 2008).
Ce chapitre traite de l'ensemble des relations qui se nouent
entre les agents du CNRD et les bénéficiaires des prestations qui
sont les drépanocytaires et leurs accompagnants. En effet, les
données de ce chapitre sont recueillies essentiellement au cours de nos
entretiens. A ce niveau, il sera surtout question des rapports particuliers qui
s'observent autour de l'accueil, les rapports entre agents de santé et
usagers, ou encore entre l'Etat et le CNRD. Les données nous permettront
d'évaluer le degré de satisfaction des populations au regard des
prestations rendues car leur point de vue importe dans la compréhension
de l'offre des services du centre dans sa globalité.
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6.1 Interactions nées autour de l'accueil
Le sens de l'accueil, le respect de l'éthique dans les
établissements de services aux citoyens constituent un gage de
qualité des services et de satisfaction des citoyens (CHAKOR Salah,
2003). Le bon accueil est le gage de qualité dans les hôpitaux et
centres de santé. C'est pourquoi, un bon accueil dans les hôpitaux
et centres de santé constitue la moitié de la guérison.
Aussi, dans les établissements hospitaliers et de soins, publics et
privés, les patients doivent se sentir, à l'entrée comme
à la sortie, à l'aise, entre de bonnes mains ; et ceci n'est
possible que par un accueil chaleureux, personnalisé. De ce fait, le
personnel chargé de soigner et d'hospitaliser les patients est tenu de
maîtriser et d'appliquer les règles de bonnes manières et
d'éthique, afin de contribuer moralement à leur
guérison.
Le comportement du personnel de certains
établissements rend les patients plus malades qu'ils étaient
avant de se présenter pour subir des soins. Il est parfois
désolant de voir ou d'entendre un infirmier crier sur un malade ; et ce
genre de comportement laisse le pauvre patient à aller soit à
l'hôpital soit chez les tradithérapeutes malgré lui. Le
patient déjà souffrant cherche à être soigné
le plus rapidement car la drépanocytose est une maladie de douleurs
atroces. C'est pourquoi, le climat de confiance régnant entre personnel
soignant et usagers est quasiment absent. De ce fait, une collaboration
à travers un esprit d'équipe entre agents et malades
drépanocytaires ou parents de malades serait indispensable pour une
meilleure prise en charge.
Une animation appelée, "éducation
thérapeutique", est menée chaque matin et se déroule de la
manière suivante: à partir de 8h les portes du centre sont
fermées et l'assistante sociale commence l'activité en
sensibilisant les parents pour qu'ils connaissent mieux la maladie.
Après 30mns les portes sont réouvertes pour que ceux qui viennent
en retard puissent y accéder à leur tour ; mais du fait de ce
retard ils ne bénéficient pas de cette activité. En effet,
parmi ces parents retardateurs il y en a ce qui viennent de très loin et
n'ont pas leur propre moyen de déplacement pour pouvoir être
à l'heure au centre. Ainsi, B.S une des enquêtées affirme:
« Moi je viens de très loin,
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j'habite le quartier Riyad, et ce n'est pas du tout facile
d'avoir un taxi parce qu'à partir de 7h tout le monde va au travail donc
les taxis sont pleins ».
En effet, au cours de cette activité de
sensibilisation l'assistante sociale affirme que la maladie n'a pas de
remède par conséquent le malade doit être constamment
surveillé afin de lui faire éviter des multiples crises surtout
s'il est âgé de moins de 5 ans. D'autres parents ne respectent pas
ces conseils ce qui explique leurs fréquentations
répétée au centre. Une situation pouvant créer un
conflit entre agents et usagers. Ainsi, le personnel est quelque peu indulgent
ou patient quant aux comportements des parents.
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