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Initiatives d'assainissement local des déchets solides urbains et persistance de l'insalubrité dans le sixième arrondissement de Cotonou ( Bénin ): jeux d'acteurs et logique d'orientation stratégique de la mairie.

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par Emmanuel AMOUZOUN
Université d'Abomey-Calavi (UAC) - Maà®trise (Bac+4) sociologie-anthropologie 2009
  

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2. ENJEUX INSTITUTIONNELS : PRINCIPAUX ACTEURS DE LA PRE-COLLECTE, ATTITUDES ET ACTIONS

La chaîne de gestion des déchets solides est constituée de trois (03) maillons indissociables notamment :

- La pré-collecte : activité dominante de la chaîne, elle consiste au ramassage des ordures auprès des ménages, des institutions ou services, des lieux de commerces par des charrettes (des ONG), des tracteurs ou des bennes (des services privés ou de la DST) vers les bacs publics municipaux ou points de regroupement.

- La collecte : consiste au transport des déchets des points de regroupement vers les centres de transfert ou des décharges finales.

- Le traitement ou l'élimination : il existe trois modes de traitement des déchets solides : l'enfouissement sanitaire, l'incinération et la valorisation.

Au regard des objectifs de l'étude, nous nous sommes limités dans le cadre des acteurs institutionnels de la pré-collecte à deux principaux acteurs ; il s'agit de :

Ø L'administration locale représentée par la Direction des Services Techniques (DST) de la Mairie de Cotonou, qui a la charge d'assurer la coordination des activités du sous système de pré-collecte et l'enlèvement des déchets solides dans les grands artères ;

Ø Les ONG qui assurent la pré-collecte "porte à porte" des déchets solides.

2.1. Pratiques municipales en matière de gestion des déchets solides

Avec la mise en oeuvre du processus de décentralisation, les municipalités sont amenées à assumer de nouvelles responsabilités parmi lesquelles, la gestion locale des déchets solides urbains (DSU). Suivant les compétences reconnues à la commune dans la loi n°97-029 du 15 janvier 1999, portant organisation des communes au Bénin, la commune est chargée de veiller à la préservation des conditions d'hygiène et de la salubrité publique. A ce titre, elle doit :

* élaborer un plan directeur local de gestion des déchets ;

* renforcer les compétences opérationnelles dans la gestion des DSU ;

* rationaliser la filière par la gestion des coûts ;

* organiser des relais d'information, de sensibilisation et de répression (comité d'assainissement, brigade d'assainissement, police environnementale) ;

* promouvoir la concertation et la coopération de tous les acteurs de la gestion des DSU.

A Cotonou, la Direction des Services Techniques (DST), officiellement créée en 199726(*) et placée sous la tutelle de la Mairie, est directement chargée de la gestion des DSU. Elle est la bénéficiaire de toutes les actions engagées dans le domaine. Elle contrôle tout le processus en assurant le suivi- évaluation de ces actions. Elle est chargée de la formalisation des relations entre acteurs (mise en place de dispositifs et d'instances de concertation) et assure dans ce cadre, la coordination d'un comité consultatif regroupant tous les acteurs. Toutes ces activités sont appuyées par le Bureau d'études OXFAM-QUEBEC à travers le projet Programme de Gestion des Déchets Solides Ménagers (PGDSM).

Marc Didier Dubogan, responsable du département assainissement et réseaux au niveau de la DST, nous a expliqué l'origine et le fonctionnement du système de gestion des déchets qui quadrille la ville et assure selon lui, une couverture à 60% de ses habitations. Ce système connaît trois grandes étapes : la pré-collecte, la collecte et le transport des déchets. La pré-collecte est laissée aux bons soins d'ONG aujourd'hui au nombre de soixante dix-sept (77). Un bon zonage est fait, partageant Cotonou en quatre vingt quinze (95) secteurs de pré-collecte. A cet effet, le sixième arrondissement est divisé en neuf (09) secteurs. Les ONG partenaires sont équipées et formées. Ce qui a conduit à terme, à une structuration de l'activité de pré-collecte reposant sur le double principe de gestion partagée et participative. Le principe de gestion partagée s'apprécie par le fait que tous les acteurs opérationnels jouent et s'investissent dans des rôles bien définis avec le souci clairement exprimé d'éviter tout conflit. Les ONG participent à l'enlèvement des déchets et les conduisent jusqu'au point de regroupement (si point de regroupement il y a). Précisons qu'actuellement six (06) points de regroupement sont fonctionnels sur les cents (100) dont a besoin la ville de Cotonou. A ce titre, le sixième arrondissement bénéficie d'un point de regroupement, situé au quartier Hindé.

Source : cliché AMOUZOUN, Septembre 2009

Photo 1 : point de regroupement à Hindé (Cotonou) lot 989 au bord

de la lagune

La photo 1 informe sur l'existence d'un bac à ordure déposé par la DST en plein air à côté des habitations et remplis de déchets qui débordent ledit bac et se retrouvent au sol. En dépit de cet état des choses, une dame s'avance pour y jeter ses ordures. Ce fait révèle l'inefficacité des mesures prises par les autorités municipales dans le cadre de l'enlèvement des DSU au niveau du 6ème arrondissement à travers la gestion des décharges publiques et éclaire également sur l'attitude des populations quant à leur participation à la gestion sociale des bacs.

Quant à la Mairie, elle gère la collecte et le transport, paye le traitement et le fonctionnement du point de regroupement. L'un des succès de cette activité de pré-collecte réside, sans doute, selon M. D. Dubogan, dans la liberté et la marge de manoeuvre laissée aux ONG de traiter directement avec les populations locales. Il s'agit là d'une stratégie pour convaincre les ménages et autres maisons de commerce et services de s'acquitter des taxes d'enlèvement des ordures que le Cotonois a du mal à payer. Cette attitude du non payement va d'ailleurs à l'encontre du principe de gestion participative qui énonce que le pollueur doit payer pour les déchets qu'il produit. Selon Marc Didier Dubogan, il faut 5F CFA/jour par habitant de Cotonou pour venir à bout de 0,53kg d'ordures produites en moyenne par jour par habitant. Les tableaux VII et VIII, donnent un aperçu sur la nature ainsi que le mode d'évacuation des déchets produits à Cotonou.

Tableau VII: Nature des déchets solides produits (par habitant/jour)

Nature des déchets

Poids en (Kg)

Fréquence

Matières organiques

0,22

42%

Inertes (fines, cailloux...)

0,21

40%

Emballages, appareils usagers, etc.

0,07

18%

TOTAL

0,50

100%

Source : DESSAU - SOPRIN, 2001 et données de terrain

Le tableau VII informe sur la nature des déchets produits par les ménages à Cotonou. Ces déchets sont répartis en trois catégories principales qui sont : les fines, les déchets organiques, les emballages (plastics ou autres non organiques) et les appareils domestiques usagés. Il faut toutefois préciser que ces résultats donnés en pourcentage, tiennent compte de la production de tel et tel déchet produit.

Tableau VIII : Pratiques d'évacuation des déchets solides à Cotonou

Mode d'évacuation des ordures

Nature (places publiques, collecteurs, caniveaux, berges, bas-fonds)

Voirie privée (ONG, entreprises privées)

Voirie publique (Mairie)

Brûlage

Enterré

2002

48%

46%

4%

1%

1%

2008

42,6%

39,3%

6,6%

4,9%

6,6%

Source : Observatoire Urbain Local de Cotonou, 2008 et données de terrain

Selon les données de 2008, seuls 6,6% des DS sont évacués par la municipalité. La plus importante part des ordures (42,6%) est déposée sur des sites sauvages ; alors que 39,3% font l'objet d'une pré-collecte par les ONG et autres entreprises privées.

De plus, si l'on constate une baisse du pourcentage du mode d'évacuation des ordures par les espaces publiques entre les années 2002 (où ce taux était de 48%) et 2008 (42,6%), ce taux reste élevé par rapport aux autres modes d'évacuations.

Enfin, même si ces données concernent l'ensemble de la ville, ces chiffres sont significatifs pour comprendre le mode d'évacuation des déchets dans le 6ème arrondissement.

Les autorités municipales se plaignent souvent du comportement des populations et de certaines ONG, qui selon elles, n'hésitent pas à utiliser des lieux publics pour y jeter les ordures. Selon M. D. Dubogan, « les populations pensent qu'il faut jeter les ordures dans les collecteurs parce que, selon elles, l'eau de ses collecteurs se chargera de les entraîner vers les exutoires ». De telles logiques sociales vis-à-vis des collecteurs sont, d'une part préjudiciables à la salubrité des quartiers et l'environnement en général et, d'autre part sapent les efforts de la Mairie. Sur ce point Marc Didier Dubogan déclare : « on est confronté à une insalubrité qui décourage ». Surtout, lorsqu'on sait que la gestion des déchets est devenue un critère de performance dans la gestion urbaine (TINI, 2003). Et que, la propreté est une priorité pour les responsables municipaux. Priorité en termes de santé et d'hygiène publiques. Priorité en ce qui concerne la qualité de vie des habitants. Priorité pour l'esthétique même de la ville.

* 26 DESSAU-SOPRIN, 2001, Gestion des déchets solides de Cotonou, pp.258-260.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry