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Analyse et gestion du risque dans le système bancaire: cas du risque monétique et de la monnaie électronique au Sénégal

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par Ulrich Evrard LEYINDA LEKINGANI
Académie Sherbrooke Dakar - Master européen en management et stratégies financières 2011
  

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Section 2 : la dématérialisation de la monnaie

A. De la monnaie marchandise, à la monnaie immatérielle

Selon Schmitt (1977 b)12(*), pendant des siècles, la monnaie était une matière, comme l'or et l'argent. Aujourd'hui, la monnaie est dématérialisée. Cette mutation, qui s'est produite sur une période très longue, impose la révision de toute théorie monétaire qui serait encore fondée sur le concept d'un objet matériel.

Pour Meister (1996)13(*) l'évolution des systèmes de paiements électroniques vers l'électronisation du moyen de paiement a été immédiatement qualifiée par lui de « culmination in process of the dematerialisation of money ». La monnaie électronique constituerait ainsi une nouvelle étape dans l'évolution de la monnaie.

Selon la Loi de Gresham (2003) lorsque deux monnaies circulent dans un pays, la mauvaise a tendance à chasser la bonne14(*) .

Ainsi le processus de dématérialisation de la monnaie s'est fait progressivement dans le temps. Au cours de son histoire la monnaie revêt ou a revêtu différentes formes :

Les premières formes de la monnaie ont été : la monnaie marchandise, la monnaie métallique (pièce) qui présente l'intérêt d'être homogène, divisible et de faible volume ;

Les formes actuelles de la monnaie : la monnaie divisionnaire : pièces de faible valeur, la monnaie fiduciaire (billets), la monnaie scripturale (ou monnaie d'écriture) qui réside dans l'existence d'un dépôt de monnaie sur un compte auprès d'une banque, des caisses d'épargne ou des centres de chèques postaux. Elle s'est donc détachée de sa base matérielle. Cette dématérialisation a été motivée d'une part par l'évolution technologie, et d'autres part par la facilitation des méthodes et moyens de paiements.

B. Banque centrale et monnaie dématérialisée.

L'usage de nouvelles technologies de l'information et des communications font prédire à certains des ruptures radicales dans les systèmes monétaires, pouvant aller jusqu'à la disparition de la monnaie et des banques centrales (M. King, 1999)15(*). En effet, dans une approche qui se veut visionnaire, mais dont le bien fondé a été fortement contesté, il affirme que le développement des réseaux électroniques va permettre de donner une réalité aux spéculations théoriques de la nouvelle économie monétaire : faire disparaître les banques centrales et les systèmes monétaires hiérarchisés tels qu'ils existent aujourd'hui.

Selon M. King le XX ième siècle aurait été celui de l'apogée du pouvoir des banques centrales, appelées à disparaître avec l'avènement de la monnaie électronique qui va conduire à l'élimination de leur position de monopole sur l'offre de moyen de règlement ultime. Il ajoute que dans le futur, les individus et surtout les entreprises pourraient régler leurs échanges par des transferts directs de richesse sous la forme d'actifs financiers d'un compte à l'autre.

Pour ce faire, des algorithmes pré-agréés détermineraient automatiquement, selon la valeur de la transaction, quels actifs l'acheteur doit prendre. Cette spéculation prospective se fonde sur le développement de technologies qualifiées d'intelligentes qui déjà sont utilisées pour concevoir certains systèmes de transactions permettant des réponses automatiques et appropriées à des situations complexes comme par exemple des opérations liées où l'exécution d'une transaction est contingente à l'exécution d'une ou plusieurs autres transactions. L'existence de telles évolutions technologiques est indéniable, pour autant annoncent-elles la disparition de la monnaie banque centrale de règlement ultime ?

Au demeurant, c'est Otmar Issing (1999)16(*) de la BCE qui a posé la question le plus nettement. Dans un monde de monnaie électronique, demande -t-il, « est - ce que les unités de compte familières telles que l'euro, le dollar américain, la livre sterling, etc...ont encore un sens ?

Par contre, la monnaie électronique privée rendra difficile aux banques centrales de contrôler - voire de mesurer ou de définir - les agrégats monétaires (...). A la limite, (...) les monnaies émises par les banques centrales ne compteront plus17(*).

D'après Woodford (2000), les inquiétudes « quant au rôle des banques centrales sont exagérées (...) même si de tels changements radicaux venaient à se produire un jour, ils ne pourraient pas peser sur la conduite de la politique monétaire »18(*).

Il est par conséquent « très improbable que d'autres mécanismes, y compris des formes de monnaie électronique, supplantent les systèmes actuels dans un avenir prévisible ». (Freedman, 2000)19(*).

Selon Goodhart (2000), dans la durée il est possible qu'un type (ou plusieurs types) de monnaie électronique soit de plus en plus largement accepté au point de se substituer à la monnaie habituelle dans une gamme d'usages plus large20(*).Toutefois, il précise que la monnaie conventionnelle a les avantages du premier occupant ; elle est déjà là (...) L'abdication de la monnaie conventionnelle au profit de la monnaie électronique ne se produira pas.

Quant à B. Friedman (1999)21(*) dans son fameux article de 1999 signale trois menaces sur le monopole de la banque centrale sur l'offre de réserve : l'érosion de la demande de monnaie bancaire, la prolifération de crédits octroyés par des non banques et les innovations dans les mécanismes privés de compensation bancaire.

De l'analyse précédente il découle que la monnaie électronique va affecter profondément l'organisation des paiements qui s'est progressivement construite sur la base de la monnaie scripturale. Dans cette organisation hiérarchisée, où les règlements interbancaires sont sécurisés par la banque centrale, tous les instruments de paiements sont parfaitement convertibles les uns dans les autres. Il y a des émetteurs bancaires de monnaies privées, mais il y a une seule marque monétaire : la monnaie nationale.

En effet, la monnaie électronique sur support autonome peut prétendre remplacer la monnaie fiduciaire pour certaines transactions en réseau portant sur des biens virtuels. Mais, n'ayant pas cours légal et n'étant pas sécurisée par la banque centrale, il y a peu de raison que la substitution aille bien loin, c'est-à-dire au delà des transactions pour lesquelles elle a un avantage d'usage évident. La véritable monnaie de réseau (banque en ligne, chèque électronique, carte de crédit utilisée sur réseau ouvert) a un potentiel de développement beaucoup plus important. Mais il s'agit d'un substitut à la monnaie scripturale, pas à la monnaie fiduciaire. Il n'y a donc guère de raison de craindre que dans un avenir prévisible le passif des banques centrales se contracte d'une manière drastique par disparition de la monnaie fiduciaire. Beaucoup plus que dans une éventuelle disparition de la base monétaire du côté de la monnaie fiduciaire, la véritable difficulté peut provenir de l'instabilité de la demande de réserves. On sait que, s'il n'y a pas de réserves obligatoires, une demande de réserves stables et prévisible provient de la sécurité des systèmes de paiements. La raison d'une demande de réserves est, en effet, que les émetteurs de moyens de paiements soient tenus de respecter la finalité des paiements (garantie de bonne fin) par obligation de régler les dettes interbancaires en monnaie centrale, c'est-à-dire sur les livres de la banque centrale.

C'est dans ce sens que le politiste Canadien Eric Helleiner dit que les pouvoirs publics devront imposer aux valeurs stockées en mémoire une structure de régulation semblable à celle qu'ils imposent aux autres formes de la monnaie22(*).

Ainsi la monnaie électronique ne se développera significativement qu'avec le commerce électronique. Car c'est dans le paiement des biens échangés dans les réseaux électroniques ouverts que cette technologie de paiements a des avantages suffisamment élevés sur les services de paiements usuels pour surmonter le handicap des risques supplémentaires qui lui sont attachés.

Le commerce électronique va donc influencer la formation des prix. En court-circuitant les intermédiaires ou en les mettant en concurrence, en ouvrant les échanges inter-entreprises à un très vaste marché de fournisseurs, le commerce électronique va exercer une pression baissière sur les prix. Plus profondément il va aussi faciliter des révisions plus fréquentes des prix d'offre individuels.

* 12 Schmitt ; l'or, le dollar et la monnaie supranationale. Paris ; Calmann (1977b, p 19)

* 13 Cybermoney, Prepaid Cards and the Euro, speech given at the annual meeting of the Federal Association of German Money and Valuables transport Companies. Frankfurt-am-Main (E. Meister 1996).

* 14 Dutu Richard, mini forum sur la loi de Gresham et Circulation des Monnaies au Moyen Age, université Paris x, janvier 2003.

* 15 King M., 1999, Challenges for monetary policy : new and old, Bank of England Quaterly

Bulletin, 11/99.

* 16 Issing, Otmar (1999), Hayek. Currency competition and European Monetary Union, Annual Hayek, Memorial Lecture, Londres, Institute of Economic Affairs, 27 mai.

* 17 Kobrin, Stephen J. (1997), "Electronic Cash and the End of National Markets", Foreign Policy n° 107 (été), p. 65-77.

* 18 Woodford, Michael (2000), Monetary Policy in a world without money, International Finance, N°3:2 (juillet) p.229 - 260

* 19 Freedman, Charles (2000), Monetary Policy implementation: Past, Present and Future. Will Electronic Money Lead to the Eventual Demise of Central Banking ?, International Finance n°3: 2 (juillet) p.211-227.

* 20 Goodhart, Charles A.E. (2000) «Can central Banking survive the IT Revolution? International Finance n°3: 2 (juillet), P.189-209

* 21 Friedman B., 1999, The future of monetary policy : the central bank as an army with only a

signal corps ?, International Finance 2 :3.

* 22 Helleiner, Eric (1998), Electronic Money: A challenge to the Sovereign State? Journal of International Affairs n° 51:2 (printemps), p.387-409

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