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Analyse multidimensionnelle de la pauvreté par approche de l'analyse de données. Application à  la ville de Kinshasa

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par Samuel Kalombo
Université de Kinshasa RDC -  2012
  

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2. Cadre conceptuel et approches de la pauvreté

Malgré l'abondance des écrits, le concept de la pauvreté reste globalement ambigu et imprécis. Il est ainsi difficile à définir, à comprendre, à caractériser et donc à mesurer. Il existe alors plusieurs façons de définir la pauvreté qui conduisent à des identifications différentes des pauvres.

La pauvreté fait généralement référence à une situation, à un état caractérisé par le non possession d'un certain nombre de ressources et conditions élémentaires nécessaires à un minimum de bien-être matériel, mais aussi social, culturel.

Dans le sens ou nous l'entendons, cette non possession ne fait bien évidemment par référence aux renonciations volontaires que sont les formes, principalement religieuses, de voeux de pauvreté, mais est associé à l'absence subie ou contrainte de ces ressources et conditions élémentaires, donnant lieu alors à des expressions sous forme de manques ou de besoins 

De façon générale, la pauvreté correspond à une ou plusieurs situations jugées comme "inacceptables" ou encore "injustes" sur les plans économique et social. Cependant, la détermination de l'espace de référence à considérer pour identifier ce type de situations est problématique et est sujet à plusieurs débats. Trois principales approches se distinguent à ce niveau. Chacune considère son propre espace de référence. La première retient ce que l'on appelle les ressources, la deuxième ce qui est dit besoins de base, alors que la troisième considère un sous ensemble de capacités identifiées comme étant des "capacités de base".

Sur le plan méthodologique et empirique, l'approche des ressources retient généralement une variable monétaire (revenu ou dépense de consommation), puis fixe un seuil de pauvreté pour identifier les individus pauvres. Cette approche tire ses origines principalement de la microéconomie classique qui considère que l'utilité (approchée par le revenu ou la consommation) est l'élément clef dans le comportement et le bien-être des individus.

Les approches multidimensionnelles, comme leur nom l'indique, reposent sur plusieurs Indicateurs. Elles nécessitent des procédures d'agrégation de ces derniers en un seul indicateur qui résumerait l'information apportée par ces indicateurs de base puis la détermination d'un seuil de pauvreté. Ces approches non monétaires considèrent que le revenu (ou la dépense) à lui seul n'est pas capable d'expliquer la situation de pauvreté. Selon cette approche, les besoins des individus sont de plusieurs ordres. La pauvreté est donc un phénomène multidimensionnel qui ne peut se réduire au manque de ressources.

L'approche des besoins de base identifie plusieurs dimensions et des ensembles de pauvres selon chacune de ces dimensions qu'elle combine, d'une façon ou d'une autre, pour définir l'ensemble de la sous population pauvre. Il s'agit en particulier de l'alimentation, du logement, de l'accès à la santé, à l'éducation, à l'assainissement, etc. Les partisans de l'approche des besoins de base considèrent que la pauvreté doit être analysée dans toutes ses dimensions. Un individu est pauvre s'il n'arrive pas à satisfaire ses besoins fondamentaux essentiels. Autrement dit, un individu est pauvre s'il est privé d'un ensemble de biens et services de base jugés nécessaires pour atteindre une certaine qualité de vie.

L'approche dite des capacités en matière d'approche de la pauvreté est promue et préconisée par Amartya Sen au cours des vingt dernières années. Elle s'appuie principalement sur la théorie de la justice développée par Rawls en 1715. Ce dernier critique l'approche utilitariste. Selon lui une société qui respecte le principe de justice sociale procurerait à ses membres une équité fondée sur un ensemble d'éléments essentiels. Parmi ces éléments, Rawls évoque ce qu'il appelle les biens premiers qu'il considère comme étant « les biens utiles quel que soit le projet de vie rationnel » (Audard, 1997). En d'autre termes « les biens que tout homme rationnel est supposé désirer ». Rawls distingue, aussi les biens premiers naturels et les biens premiers sociaux. Les premiers sont les qualités innées dont disposent les individus, comme la santé et vigueur, l'intelligence et l'imagination. Quant aux biens premiers sociaux, ils sont « identifiés par la question de savoir ce qui est généralement nécessaire, en termes de conditions sociales et de moyens polyvalents, pour permettre aux citoyens, tenus pour libres et égaux, de développer de manière adéquate et d'exercer pleinement leurs deux facultés morales, ainsi que de chercher à réaliser leur conception déterminée du bien ».

Même si, à la base, cette approche n'est pas orientée directement vers l'étude de la pauvreté, elle fournit une base informationnelle et multidimensionnelle qui permet de proposer une définition de la pauvreté concentrée particulièrement sur les biens premiers sociaux.

Partant de cette théorie de la justice, Sen a développé son approche des capacités. Sen a d'abord remis en cause les autres approches de la pauvreté. Il précise que celles-ci ignorent la notion de diversité des êtres humains. En effet, deux individus dotés des mêmes ressources, peuvent atteindre des résultats différents en termes de bien-être. En effet, ces deux individus ne vont pas utiliser leurs ressources de la même manière. Ils auraient des caractéristiques différentes (physiques et mentales), et donc même si les biens envisagés ont des caractéristiques identiques, les niveaux de bien-être réalisés seraient différents. Sen affirme ainsi que les ressources des individus ne peuvent pas suffire pour décrire leur bien-être. Il s'agit alors d'évaluer ce que l'individu peut accomplir grâce à ses ressources. Sen définit alors ce qui est dit espace des capacités. Dans cette approche, un individu est pauvre s'il n'a pas la capacité de transformer ses ressources en accomplissements. Bien que l'approche de Sen soit stimulante et ait donné naissance à une littérature abondante, elle demeure plutôt difficile à opérationnaliser. Elle décrit et propose des concepts à plusieurs facettes qui ne sont ni directement observables ni facilement mesurables. Pour conclure, à l'inverse de l'approche monétaire de la pauvreté, les deux approches dites multidimensionnelle, l'approche des besoins de base et l'approche des capacités, définissent la pauvreté selon plusieurs critères. Elles couvrent une analyse globale du phénomène de la pauvreté permettant de dépasser l'analyse unidimensionnelle classique. Nous constatons finalement l'absence d'un consensus sur une définition de la pauvreté. Il y a plusieurs approches concurrentes. Le sous ensemble de la population à considérer comme pauvre reste dépendant de l'approche retenue.

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