1.2. OBJECTIFS
1.2.1. OBJECTIF GÉNÉRAL
Identifier les facettes de l'insatisfaction au travail
auprès du personnel soignant du Centre Hospitalier Régional
Amissa Bongo Franceville.
1.2.2. OBJECTIFS SPÉCIFIQUES
1°- Décrire les caractéristiques socio
démographiques du personnel ;
2°- Mesurer le niveau de d'insatisfaction globale
3°- Comparer les différentes facettes par rapport
à la norme ;
4°- Comparer les différents facteurs des facettes
par rapport à la norme
1.3. REVUE DE LA LITTÉRATURE
La satisfaction au travail et la
motivation
1°- Historique
Au cours de la première moitié du 20e
siècle les chercheurs se sont intéressés aux attitudes
(opinions) que les travailleurs pouvaient avoir par rapport à
différents aspects de leur travail. Une attitude est
généralement définie comme « une tendance
psychologique qui s'exprime par l'évaluation d'une entité
particulière avec un certain degré de favorabilité ou de
défavorabilité ». Ce degré de favorabilité
est classiquement constitué de trois composantes : une composante
cognitive (croyances relatives à un objet), une composante affective
(évaluation de l'objet), une composante conative (comportements
vis-à-vis de l'objet). On s'intéressera ici à une attitude
primordiale dans le cadre du travail, l'attitude par rapport à son
travail : La satisfaction.
En fait le processus de base de la motivation qui voudrait
qu'en agissant sur l'insatisfaction on devient satisfait conduit à une
conclusion différente. Un besoin satisfait ne motive pas. C'est donc les
employés insatisfaits qui devaient être motivés à
faire quelque chose pour améliorer leur situation. Pour qu'il y ait
satisfaction, il faut qu'il y ait eu motivation. Lawler (1969) [16] propose
deux formules:
- La satisfaction est un indicateur de la motivation,
- La satisfaction n'est pas une cause de la motivation.
Dans la suite, beaucoup d'auteurs associent motivation et
satisfaction. Si on connaît le type de récompense qu'il faut pour
une personne en rapport avec ses besoins, il est possible qu'il soit satisfait.
Le mot motivation est un mot très souvent utilisé à
chaque fois qu'il s'agit de productivité ou de performance de l'individu
dans son travail. Quelle que soit la catégorie professionnelle, on
n'hésite pas à faire un lien entre motivation, conditions de
travail et rémunération. Par ailleurs, si la motivation est une
notion difficile à cerner et à mesurer, par contre la
satisfaction est depuis longtemps connue et étudiée.
2°-Définition
La satisfaction et la motivation sont difficiles à
dissocier, si bien qu'une relation de cause à effet entre ces deux
variables semble évidente. Les psychologues français traitent
souvent ces deux thèmes de manière indissociables, ce qui ne
facilite pas leur compréhension. Pourtant, le responsable des ressources
humaines d'une entreprise a besoin, nous le pensons, de bien distinguer les
deux notions lorsqu'il élabore sa politique de
rémunération.
2.1. La satisfaction
Selon le Robert, la satisfaction est un plaisir qui
résulte de l'accomplissement de ce que l'on attend, ou désir ou
simplement d'une chose souhaitable.
La satisfaction au travail est une attitude par rapport
à l'emploi. Les conséquences qu'elle aurait sur le comportement
de l'individu ont fait l'objet d'études considérables. L'un des
spécialistes du domaine faisait le point il y a quelques années
sur les différents comportements liés à la satisfaction
dans le travail (Locke, 1984) [17]. La satisfaction influence les comportements
de retrait tels que l'absentéisme, les retards, le départ
volontaire ou démission .Elle influence aussi le retrait psychologique
comme la passivité et le désintérêt, ou encore, le
retrait dans l'alcool et les drogues. La preuve d'une relation entre la
satisfaction et la productivité est beaucoup plus faible. La liaison
serait indirecte par l'intermédiaire de comportement tel que
l'arrêt de travail (grèves), la démission d'employés
parmi les plus compétents, et la mauvaise circulation de l'information
destinée à améliorer de la qualité du travail.
2.1. La motivation
Le dictionnaire Le «Petit Robert» donne plusieurs
définitions de la motivation :
« Relation d'un acte aux motifs qui l'expliquent ou le
justifient. Exposé des motifs sur lesquels repose une décision
».
« Actions de forces (conscientes ou inconscientes) qui
déterminent le comportement ».
Il est généralement attribué à
Taylor (1911) [18] la paternité de l'idée selon laquelle
l'élément le plus motivant est l'argent. Avec le taylorisme,
«l'homo-économicus» est considéré comme agissant
de manière rationnelle et prend les décisions qui permettent
d'accroître l'ensemble des compensations monétaires.
L'école des relations humaines va, dans les années 1930-1960,
modifier cette conception et insister davantage sur les besoins sociaux des
individus comme facteurs de motivation et de satisfaction.
La satisfaction a été étudiée
très tôt en psychologie de 1929-1935 (Hawthorne, Mayo) [19] car
elle était théorisée comme un moteur de la performance.
3°- Théories de la motivation et de la
satisfaction
3.1. La motivation
- Des modèles inspirés de la théorie de
l'équité, comme celle de Lawler (1973) [20] : les sujets
comparent la situation de travail réelle à une situation
idéale pour eux et pour autrui, il y aura satisfaction lorsqu'il y aura
équivalence entre les deux perceptions et insatisfaction lorsque les
deux divergeront.
- Des modèles inspirés de la théorie de
Vroom : Locke (1976) [21] : la satisfaction naît du sentiment de
correspondance entre les aspects de notre travail et nos valeurs. Un des
modèles le plus validé est celui de Büssing (1992) [22].
Il suppose que la satisfaction ou l'insatisfaction naîtra de 4 variables
:
· La comparaison entre la situation de travail actuelle
et les aspirations de la personne ;
· Le degré de contrôle perçu de la
situation de travail ;
· Les changements de niveau d'aspiration des gens
(affecté par le sentiment d'auto-efficacité) ;
· Les stratégies de résolution des
problèmes.
La combinaison de ces différentes variables peut
produire différentes formes de satisfaction ou d'insatisfaction. La
satisfaction résignée et l'insatisfaction construite serait les
plus intéressantes d'un point de vue organisationnel. Cette
dernière (insatisfaction construite) serait la plus intéressante
pour l'entreprise car les individus qui en font preuve sont capables de
dépenser beaucoup d'énergie. Par contre la satisfaction
résignée est associée à une réduction de
l'effort et une résistance au changement, il vaut donc mieux
éviter qu'elle se développe dans l'entreprise.
3.2. Théories de la satisfaction
Plusieurs théories ont été
proposées, certaines sont centrées sur les besoins ou figurent
les théories de Masselow et d'Aldefer [23]. D'autres théories
sont centrées sur les besoins- mobiles- valeurs et sur la description
des emplois, mais qui sont moins nombreuses. Dans la théorie
bi-factorielle de F.Herzberg [24], les facettes de l'emploi sont
divisées en deux groupes. Les aspects qui sont considérés
comme des facteurs de motivation tel que l'avancement, le travail
lui-même, et les facteurs d'hygiène qui permettent les besoins
physiologiques, mais lorsque l'individu peut les assouvir grâce à
certains aspects de l'emploi (tels que la rémunération, les
conditions de travail), il sera non insatisfait, mais pas satisfait. Parmi les
théories de la motivation intrinsèque, celle de
l'évaluation cognitive de Déci explique davantage la
satisfaction que la motivation. Ce sont des besoins d'autodétermination,
de contrôle et de compétence que l'individu cherche à
satisfaire pour trouver une motivation à faire son travail. Locke (1976)
[25] appelle les théories de processus qui s'intéressent
à la satisfaction : les modèles de causalité. Ces derniers
étudient les mécanismes psychologiques générant la
satisfaction ou l'insatisfaction. Les modèles de causalité
répondent aux questions comment devient-on satisfait ou insatisfait,
qu'est ce qui provoque cet état émotionnel ? Donc, les
modèles de causalité sont des tentatives
d'opérationnalisation des théories de processus au cas de la
satisfaction au travail. La satisfaction au travail dépend de
l'appréciation de multiples valeurs. Pour chacune d'elle, la
satisfaction résulte d'un double jugement : (1) la divergence
perçue par l'individu entre ce qu'il veut (type de valeur et son niveau)
et ce qu'il perçoit pour obtenir de son emploi, et, (2) l'importance
qu'il accorde à ce qu'il veut (intensité de l'attrait). Donc, la
satisfaction provient d'une double perception : La divergence concernant les
valeurs, et, l'importance des valeurs. La satisfaction au travail est
conceptualisée comme une attitude générale envers l'emploi
qui résulte d'un processus mettant en jeu deux types de perception.
L'une porte sur ce que devrait être un objet, et l'autre, sur ce que cet
objet est réellement. L'objet est toute chose, pouvant être
génératrice d'émotions: un but, une action, un attribut,
une situation, une personne, un événement. Les modèles de
causalité étudiant le processus de la satisfaction par les
besoins constituent une seconde catégorie. Ils mesurent le niveau de
satisfaction au travail par le degré avec lequel l'emploi peut
satisfaire ou permet de satisfaire les besoins de l'individu. Les travaux de
Porter (1961,1963) [26] sont les plus représentatifs de ce courant. Ce
type d'approche permet de comprendre le processus de satisfaction par
l'importance de la divergence (ou de déficience selon Porter)
perçue par l'individu entre ses désirs concernant ses besoins et
ce qu'il obtient effectivement. Locke a intégré l'apport des
théories des besoins, des valeurs et des mobiles dans une théorie
de processus appelée théorie de la divergence. Nous retenons de
la théorie de divergence que le processus de la satisfaction
résulte de l'écart entre deux perceptions concernant un aspect
de travail que l'individu valorise. Cette valorisation dépend des
besoins, des valeurs, des croyances, des objectifs, des attentes, des
aspirations, des désirs propres à l'individu. Pour mesurer les
facteurs de la satisfaction, c'est la théorie de la divergence que nous
adopterons comme approche globale de cette étude. Nous appliquerons donc
le modèle de divergence appliqué à la satisfaction au
travail mesuré par le MSQ (Tableau1).
Tableau: 1
Référence : Roussel P., 1996
ITEMS
|
FACTEURS
|
INTITULE DES ITEMS
|
Item 3
|
Facteurs Intrinsèques
|
Possibilités de faire des choses différentes de
temps à autre ,
|
Item 11
|
Possibilités de faire des choses qui utilisent vos
capacités,
|
Item 14
|
Possibilités de prendre des décisions de votre
propre initiative,
|
Item 15
|
Possibilités de rester occupé tout le temps au
cours de la journée de travail,
|
Item16
|
Possibilités d'essayer vos propres méthodes pour
réaliser le travail,
|
Item 17
|
Possibilités de travailler seul dans votre emploi,
|
Item20
|
Sentiment d'accomplissement que vous retirez de votre travail,
|
Item 2
|
Facteurs extrinsèques
|
Conditions de travail
|
Item 4
|
Importance aux yeux des autres,
|
Item 5
|
Manière dont votre supérieur dirige ses
employés ( rapports humains),
|
Item 6
|
Compétence de vos supérieurs dans les prises de
décisions,
|
Item 12
|
Manière dont les règles et procédures
internes de, l'hôpital sont mises en application
|
Item 18
|
Manière dont vos collègues s'entendent entre
eux,
|
Item 19
|
Compliments que vous recevez pour la réalisation d'un bon
travail,
|
Item 9
|
Facteurs de l'autorité et utilité
sociale
|
Possibilités d'aider les gens à l'hôpital,
|
Item 10
|
Possibilités de dire aux gens ce qu'il faut faire,
|
Item 1
|
Facteurs de besoin de reconnaissance
Et d'existence par la salaire et
l'avancement
|
Possibilités d'avancement
|
Item 13
|
De vos quottes parts et primes de gardes par rapport à
l'importance du travail que vous faites
|
Item 7
|
Facteurs de respect de conscience individuelle et
sécurité de l'emploi
|
Possibilités de faire des choses qui ne sont pas
contraires à votre conscience
|
Item 8
|
Stabilité de votre emploi,
|
Le tableau ci-dessus comporte les items du questionnaire MSQ
structurés en cinq facteurs de satisfaction :
1. Le premier facteur correspond à la satisfaction
intrinsèque (items 3 ; 11 ; 14 ; 15 ; 16 ; 17 ; 20). Ils ont comme
points communs l'intérêt du travail, les caractéristiques
du travail et le concept de développement personnel (Roussel, 1996).
2. Le second facteur regroupe les énoncés de la
satisfaction extrinsèque (items 2; 4; 5; 6; 12; 18; 19). Ils ont un
rapport avec l'environnement de travail du salarié. Ils sont
révélateurs du climat ou de l'ambiance de travail.
3. Le troisième facteur de l'autorité et de
l'utilité sociale est constitué des items 9 et 10. Il s'agit des
indices évaluant l'autorité et l'utilité sociale. Plus
généralement, les besoins de rapports sociaux.
4. Le quatrième facteur est composé des items 1
et 13 qui expriment le besoin de reconnaissance et d'existence par le salaire
et l'avancement.
5. Le cinquième facteur se compose des items 7 et 8. Il
réunit deux énoncés s'intéressant au respect des
valeurs morales de l'individu et la stabilité de l'emploi. Ces deux
énoncés se rapportent au type de conduite qu'adopte
l'organisation vis à vis de son personnel en termes de respect de la
conscience individuelle et de la sécurité de l'emploi.
Pour classer les scores des facettes à l'emploi et
des facteurs socio démographiques cause d'insatisfaction au travail,
nous avions fait un test de la moyenne par rapport à la norme 2,99
( Le Poultier).
4°- Outils de mesure
4.1. "Le Job Descriptive Index".
Il mesure 5 aspects de la satisfaction : le salaire, le
travail, les opportunités de promotion, la supervision et les
collègues.
4.2. "Job in General Scale" (Ironson, Smith, Brannick, Gibson,
Paul, 1989) [27]
Il s'agit d'un ensemble d'items portant uniquement sur la
satisfaction vis à vis du travail en général. C'est un
très bon prédicteur et on peut l'utiliser pour effectuer des
comparaisons entre différents emplois et aussi entre différentes
entreprises, mais il ne permet pas de donner d'information sur des aspects
spécifiques du travail.
4.3. " Le Minnesota Satisfaction Questionnaire".
Weiss, Dawis, England, Lofquist, 1967[28]. Il comporte 20
facettes. Il existe une version courte (20 items) et une version longue (100
items). Chaque item présente une courte phrase à propos d'un
aspect spécifique du travail. Chaque item (la chance de travailler seul
dans ce travail, ma paye et la quantité de travail que je dois faire,
etc.) doit être noté sur une échelle composée des
évaluations suivantes : très insatisfait, insatisfait, neutre,
satisfait, très satisfait.
5°- Liens entre la satisfaction et
différents résultats de travail
Malgré ces quelques efforts théoriques, les
recherches sur la satisfaction ont été largement
athéoriques. Elles se sont contentées de rechercher des liens
empiriques entre la satisfaction et différents résultats de
travail.
Les concepts qui ont été classiquement
associés à la satisfaction sont : la performance au travail, le
"turnover" (quitter son emploi), l'absentéisme, l'engagement dans
l'organisation, l'engagement dans le travail.
5.1. La performance au travail.
Une des croyances les plus partagée chez les
psychologues est celle qui consiste à voir un lien positif entre la
satisfaction et la performance au travail. En fait cette idée
très répandue pose quelques problèmes.
Premièrement, il existe autant de recherches qui montrent que la
satisfaction prédit la performance que de recherches qui montrent
l'absence de lien. Etant donné le grand nombre d'études sur ce
domaine, la méta-analyse est l'outil idéal pour tirer des
conclusions fiables de ce genre de recherches. Or, elles montrent que le lien
entre les deux concepts est très faible r = 0,15. Mais le
problème principal de ces travaux est qu'ils sont principalement de
nature corrélationnelle ce qui exclut l'étude d'un lien de
causalité entre les deux variables. Les rares études qui
utilisent la méthodologie adéquate (la méthode
expérimentale) pour tester ce lien montrent que c'est la performance qui
prédit la satisfaction (Jacobs, Solomon, 1977) [29]. Ces auteurs
montrent que plus la performance est forte, plus elle génère de
la satisfaction, mais seulement si la performance est reliée à
une augmentation de la rémunération. Autrement dit lorsque ma
performance est liée à ma rémunération (paye
à la pièce), alors j'infère de la satisfaction de
l'augmentation de ma performance.
5.2. " Le turnover"
Quand on parle de "turnover" il faut en distinguer deux
sortes : le "turnover" volontaire (j'ai l'intention de quitter ce travail) et
le "turnover" involontaire (je suis renvoyé). De manière
générale, la satisfaction s'est toujours
révélée un bon prédicteur du "turnover" volontaire
(méta-analyses de Tett et Meyer, 1993) [30].
Si la relation entre satisfaction et" turnover" est
importante, néanmoins, la satisfaction n'est pas le facteur le plus
puissant agissant sur le "turnover". Ce sont les conditions économiques
qui sont les plus prédictives : même avec un niveau
d'insatisfaction élevé, les gens ne quittent pas leur travail
s'ils n'ont pas d'opportunités de le faire ailleurs ou si les conditions
de travail (financières) ailleurs ne sont pas satisfaisantes (Carsten
& Spector, 1987) [31].
5.3. L'absentéisme,
Un employé peut être absent pour une multitude de
raisons, c'est certainement pour cela que les méta-analyses
effectuées n'ont jamais révélé de liens forts
(Hackett, 1989) ou pas de liens du tout (Leigh, 1991) [32] entre insatisfaction
et absentéisme. Une des raisons de cette absence de lien entre
Insatisfaction et absentéisme est que c'est l'absence qui cause
l'insatisfaction plutôt que le contraire (Tharenou, 1993) [33] : si un
employé est souvent absent, il va recevoir de mauvaises
évaluations, des avertissements et des pressions de la part de ses
pairs. Ces facteurs peuvent l'entraîner à être de plus en
plus souvent absent et de fait insatisfait. A l'inverse, la satisfaction
contribue à diminuer l'absentéisme. Yates et Jones, 1998[34] ont
montré une diminution de l'absentéisme après avoir
proposé à des salariés des motifs de satisfaction.
Même si la satisfaction agit sur l'absentéisme,
l'absentéisme est davantage influencé par d'autres facteurs comme
par exemple l'existence de normes informelles de groupes. Ainsi, si
l'entreprise paye jusqu'à 10 jours d'absence dans l'année, il
n'est pas impossible qu'un groupe de travail crée une norme de 6 jours
d'absence dans l'année. Mathieu & Kohler (1990) [35] ont mis en
évidence ce genre de norme en étudiant le taux
d'absentéisme de personnes avant et après leur intégration
dans un groupe de travail dont les membres avaient l'habitude d'être
souvent absents : parmi les personnes ayant des absences faibles initialement,
tous, après avoir intégré le groupe, ont augmenté
leurs absences.
5.4. L'engagement dans l'organisation
L'Engagement Organisationnel est le degré de
désir qu'un individu a de rester dans une organisation (entreprise)
donnée. Elle est basée sur la force de l'implication et de
l'identification de l'employé avec l'entreprise. On trouve des
corrélations positives entre satisfaction et Engagement Organisationnel
(Stumpf & Hartman, 1984) [36]. Cependant, là encore, on peut se
demander si c'est la Satisfaction qui crée l'Engagement Organisationnel
ou si c'est l'inverse. Les recherches (Ting, 1997) [37] vont plutôt dans
ce dernier sens : l'Engagement Organisationnel crée la satisfaction.
2.5. L'engagement dans le travail.
Alors que l'Engagement Organisationnel correspond à
l'implication des salariés dans l'entreprise, l'engagement dans le
travail correspond à la force de l'identification de l'employé
avec son travail (sa tâche de travail : le fait de faire de la
mécanique pour un mécanicien). Là encore, les recherches
révèlent des corrélations positive entre la satisfaction
et l'engagement dans le Travail, avec la satisfaction causant l'Engagement dans
le Travail (Mathieu & Farr, 1991[38].), ce qui signifie que si vous
êtes très satisfait de votre travail vous augmenterez probablement
votre intérêt pour votre travail, vous y consacrerez plus de
temps, etc.
6°-Tendances de l'insatisfaction au
travail
Une enquête sur la satisfaction menée par
l'institut Galup [39] à l'échelon international donne les
résultats suivants :
- Japon, 54% de satisfaction, 8% d'insatisfaction,
échantillon : 39.093
- USA, 90 % de satisfaction, 2,3% d'insatisfaits,
échantillon : 2.153
D'autres enquêtes sur la satisfaction au travail(1972)
parmi les jeunes de 18 à 24 ans ont donné les
résultats suivant :
- Allemagne, 19%. Echantillon 2000 ;
- Suède, 62, 9%. Echantillon 2000.
Au Canada, David R et Coll. ont réalisé un
sondage auprès de plusieurs catégories de fonctionnaires.
Celui-ci a révélé que le degré le plus
élevé de satisfaction au travail se trouve chez les
employés de catégorie cadre dirigeant (49% se disent très
satisfaits).
De certaines études et réflexions sur la
satisfaction au travail, Seashore, a tiré les conclusions
suivantes :
- Il ya d'année en année, 20% des travailleurs
qui ne sont pas satisfaits.
- Le niveau de satisfaction exprimé par les
employés cadre dirigeant n'est pas un bon indicateur de la
qualité réelle de la vie au travail.
L'observation est que le degré de la satisfaction
varie d'un pays à un autre [40].
Dans le contexte occidental et de pays plus
développés [41], le degré de satisfaction le plus
élevé des travailleurs est attribué aux USA avec 90% de
satisfaction et 2,3% d'insatisfaction d'après l'enquête
réalisée par l'Institut Galup.
En Europe aussi, la satisfaction des travailleurs n'est pas
uniforme [42]. On voit par exemple qu'en Allemagne, l'insatisfaction est de 81
%. C'est très élevé en contexte de pays
développé. Par contre en Suède, elle est de 37,1%, c'est
relativement élevé.
Dans le contexte africain, des études similaires sur
la satisfaction au travail des personnels de santé ont été
menées (Reforme de système de santé et satisfaction du
personnel : le cas du Mali, Mesure de la satisfaction du personnel en
milieu hospitalier pour une approche globale, Alexandre Aubert, Mémoire
de l'Ecole Nationale de la santé Publique-200). Dans l'étude de
MOUQLA, à l'hôpital Alfarabi, il a pu évaluer [43] que
80% des personnels de santé sont insatisfait.
La question que l'on se pose est quelles facettes de l'emploi
seraient source d'insatisfaction au travail vis à vis du personnel
soignant au CHRABF [44] ?
Dans les travaux de Hahya MOUQLA, la motivation [45] est
étroitement liée au comportement de l'individu alors que la
satisfaction l'est aux émotions.
Aussi, affirme t-il, une personne motivée [46] fournira
sans doute une meilleure performance et sera récompensée en
conséquence. Il ajoute que les facteurs de motivation sont individuels,
subjectifs, plus émotionnels, spécifiques au travail et à
la personne concernée et qu'Ils établissent une relation
originale.
Ce pendant, il ne propose pas de nouveaux facteurs. Par
contre, Herzberg pour sa part en propose cinq principaux :
· La nature du travail dans la mesure où elle
correspond aux gouts, à la compétence et au choix du
travailleur ;
· La responsabilité et les possibilités
d'initiatives ;
· La reconnaissance et les considérations
méritées ;
· L'espoir de promotion ;
· L'accomplissement et la réalisation de soi.
Un travail similaire a été réalisé
par Alexandre AUBERT [47] dans le cadre d'un mémoire sur la mesure de la
satisfaction du personnel soignant en milieu hospitalier pour une approche
globale, de l'école Nationale de la Santé Publique-2000
Dans ses travaux, les éléments qu'il prend en
compte pour l'évaluation de la satisfaction sont :
· Le niveau de rémunération ;
· La reconnaissance des efforts
réalisés;
· L'habitat
· Le secteur
· Le quartier
· La définition du travail
· L'encadrement
· L'initiative
· La charge de travail
· Les effectifs
· Le remplacement
· La vie privée.
Il manque cependant l'espoir que nourrit le soignant pour
sa promotion et l'accomplissement de sois.
Il est pertinent d'évaluer l'insatisfaction en
intégrant tous les aspects qui interviennent dans la vie professionnelle
du travailleur.
En utilisant le "Minnesota Satisfaction Questionnaire", on
touche différents facteurs qui interviennent dans la satisfaction au
travail. C'est un tableau regroupant des items contenus dans le Questionnaire
MSQ, Minnesota Satisfaction Questionnaire. C'est un questionnaire
international d'évaluation de la satisfaction que nous avons
adapté dans le cadre de nos travaux. Mis au point par Weiss et
coll.1967/1977, Il structure les items en cinq facteurs de satisfaction (voir
tableau 1).
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