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La conception de l'éducation chez les betsimisaraka: analyse à  travers les proverbes. Cas du village de Rantolava

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par Anonyme
Université de Rouen - Master 2 en Sciences de l'éducation 2014
  

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III.2.1.2 Le statut de la femme dans la société betsimisaraka

Apparemment, les femmes de Rantolava ont toujours occupé une place moins importante que les hommes. Elles se chargent du ménage, de la cuisine et de l'éducation des enfants. Dans certains cas, elles n'ont pas droit de s'assoir à une chaise et elles ne peuvent pas s'installer dans certaines parties de la maison. En plus, bien que les filles fréquentent l'école comme les garçons, une fois revenues à la maison, elles sont appelées aux tâches ménagères, à la pratique des bonnes manières et du savoir-vivre, à apprendre les traditions, moeurs et coutumes pour qu'elles puissent devenir de bonnes épouses, capables de s'occuper de leur ménage respectif. « Viavy tsy mahay mandrary, tsy mahazo aomby » (une femme qui ne sait pas faire de la vannerie, n'obtient pas de boeufs) affirme-t-on. C'est ainsi qu'avant de demander la main d'une jeune fille, la famille du jeune garçon s'informe sur la capacité de la future mariée à s'occuper de cette tâche ménagère. Les boeufs ne sont là qu'à titre indicatif d'un cadeau offert lors du mariage. En général, les jeunes filles fréquentent l'école seulement jusqu'à ce qu'on les demande en mariage, même avant qu'elles soient majeures.

Nous voulons maintenant insister sur la place et la considération de la femme dans la société traditionnelle betsimisaraka. « Akoho vavy mañeno » (« une poule qui chante », car en principe c'est le coq qui chante). Ce proverbe montre que

49 Cité par MANGALAZA Eugène, MERIOT Christian, Anthropologie générale n°03 (Cours du

premier semestre 2012-2013). Disponible sur http://www.anthropomada.com/
bibliotheque/Anthropologie-Generale-3.pdf
, p.23

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ce n'est pas la place des femmes de prendre la parole en public. Il leur est en effet interdit de prendre la parole en public, de prendre de décisions ou d'exprimer leur mécontentement. Certains hommes vont loin pour expliquer cette situation de la femme. Ils expliquent que les femmes sont d'une faible capacité intellectuelle par rapport à celle des hommes, qu'elles sont incapables de réfléchir sur un sujet d'une importance majeure, qu'elles sont faciles à influencer et qu'elles pourraient changer d'avis du jour au lendemain. Alors, en tant que chef de famille, les hommes pensent que la parole et les décisions leur reviennent de droit.

Cependant, on peut le voir sous un autre angle comme l'a bien évoqué M. MORA Richard50. Physiquement, les femmes étaient anciennement considérées comme plus faibles que les hommes. Par contre, la société était déjà consciente qu'elles constituent le pilier de la famille. Chez les Betsimisaraka, « Lalahy, tsy mitan-kapoaka » (l'homme ne garde pas la tasse à mesurer). Cela prouve la confiance absolue du mari à l'égard de son épouse, namaña 51. En fait, ce proverbe veut dire tout simplement que la gestion du quotidien (riz blanc) et les ressources familiales relèvent de la compétence exclusive de la femme. Elle est logiquement la personne qui s'occupe du ménage et bien évidemment tout ce qui concerne la cuisine.

C'est surtout parce que la femme est dans la cuisine qu'elle est souvent privée de parole. Lorsqu'il y a de la visite, les membres de la famille répartissent les tâches : les uns s'occupent des visiteurs, en discutant avec eux, en écoutant l'objet de leur visite ; tandis que les autres préparent ce qu'on a à offrir ou à présenter (café, repas ou autres). Si la femme est privée de la parole, c'est parce qu'elle avait d'autres occupations importantes, tout comme les hommes. Seulement ses occupations ne demandaient pas d'effort physique énorme. Par contre, la garantie de la réussite

50 MORA Richard, ancien Sénateur de Madagascar. Il nous a accordé un entretien dans son atelier, sis à Maroantsetra (Betsimisaraka nord), en date du 12 mai 2014.

51 « Namaña » (Littéralement, signifie compagnie, ami, équipier ...) : chez les Betsimisaraka, on utilise le mot « mpinamaña » pour dire « mpivady » (les mariés) dans certaines régions de Madagascar.

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familiale est entre ses mains, par le biais de l'éducation qu'elle accorde aux enfants. Par ailleurs, on peut dire que cette situation est toujours liée à la force physique de la femme. Il se peut que, lors de la discussion ou au moment de la prise de décision, il y ait certaines personnes mécontentes qui pourraient se révolter et ou se manifester, voire provoquer par la suite un affrontement. Donc, on veut éviter cet affrontement aux femmes car elles ne disposent pas de force pour y faire face.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon