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Enjeux fonciers et stratégies d'acteurs dans la moyenne vallée de la Tarka (Dakoro/Niger)

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par Moustapha Hiya Maidawa
Université Abdou Moumouni de Niamey - Master 2011
  

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3.2 Evolution et historique de l'occupation de l'espace dans la vallée de la Tarka

Cet espace diminue vu la grande concurrence qui prévaut dans cette vallée dans le cadre de

l'occupation de l'espace. Cette diminution est liée à l'avancée du front agricole au-delà de la limite nord de cultures et les fluctuations climatiques observées ces dernières années couplées à des multiples sécheresses chroniques (tableau 1).

Tableau 1: Quelques événements majeurs ayant marqués les éleveurs

Années

Nom local en Haoussa

Caractéristiques

1966

tsaballé tia manda

prix du mil de 25f à 100f CFA/kg

1969

Kakabao

Manque fourrager dans la Tarka, bétail décimé,

migration définitive de certains éleveurs vers le
Nigeria, Tchad.

1974

Bounkou koussou

Manque fourrager, le son de blé est vendu aux éleveurs à un prix modéré pour la première fois.

1984

EL Bouhari

migration définitive de certains éleveurs vers le

Nigeria, perte d'animaux.

1988

Baroumjé

Achat des animaux à des prix dérisoires par les

bouchers.

1998

Macé da ciki

Manque de fourrage avec une perte d'animaux

2005

Agama

Manque de fourrage, achat de vieilles cases pour donner aux animaux.

2010

---------------

Manque de fourrage, perte massive des animaux.

(Source : nos enquêtes)

On retient de ce tableau que, les différentes sécheresses ont marqué les éleveurs de 1966 à 2010. Les sécheresses de 1974, 1984 et 2010 ont beaucoup plus marqué ces éleveurs avec une perte énorme des animaux et le départ des éleveurs vers le Nigeria.

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3.2.1 Historique de l'occupation des terres dans quelques terroirs de la Tarka : Kouggou, Kadago Rouga, Zongo Amayo, Boumdou Roua (Koré Adoua) et Torodi rouga Terroir de Kouggou

Le village de Kouggou se situe en zone agropastorale dans la commune rurale d'Azagor à 27 km à l'est de Dakoro. Selon Ardo Housseini, la création de Kouggou est le fruit d'une grande sécheresse qui les a chassés de Sokoto (Nigeria) avant l'arrivée de Maurice Vilmin, dit « Maï Bougé »11. A l'arrivée ils étaient au total 300 chefs de ménage. Vingt (20) ans après une sécheresse a fait partir définitivement 180 chefs de ménage vers le Tchad, Borno, Diffa, Zinder. Actuellement, il n'y a que 120 ménages dont chacun dispose d'un ou de deux champs. Cette situation les a conduits à pratiquer et développer l'agriculture, d'où l'origine de l'occupation anarchique des champs dans la Tarka. Tous les étrangers sont les bienvenus et Ardo lui donne un champ après un avis de confiance à moins qu'il soit sorcier. Ces chefs de ménage procèdent souvent à des transactions foncières. C'est l'exemple de Saadou Sani agriculteur haoussa originaire de Madarounfa qui a un capital foncier de 4 champs dont 3 achetés auprès des peuls avec des superficies suivantes : 6 ha, 4 ha, 3,5 ha et 4,5 ha. Les sécheresses chroniques ont obligé certains à changer de métier comme c'est le cas de Garba Kouggou 66 ans devenu Dilal depuis 8 ans.

Terroir de Kadago Rouga

Ce village se situe en zone agropastorale de la Tarka dans la commune de Dakoro à 9 km à l'ouest du chef lieu de la commune. D'après Ardo Balli Kiri, ils sont originaires de Moussa à côté de Birni Lallé et installer définitivement dans la vallée de la Tarka depuis la grande sécheresse surnommée localement « Maikoraré » il y a de cela 70 ans où un manque d'eau s'est déclenché. Selon Ardo, ses grands-parents ont acheté un puits auprès des Haoussa, y compris leurs champs à 20 000 F correspondant en ce temps à un troupeau de 15 bovins. Ce puits s'appelle Kadago. Lors du fonçage de ce puits, les étrangers de passage ont demandé de l'eau à boire les habitants du village ont dit que c'est maintenant qu'on creuse le puits ; ces étrangers ont réagi en disant en langue Haoussa « wanan gari shiné Kadago » qui veut dire « ce village, c'est lui qui est impitoyable » d'où le nom du village. Après le tarissement de ce puits ardo a ordonné le fonçage d'un deuxième puits cela depuis 35 ans. Les Haoussas ont quitté la vallée pour partir plus au sud.

11 Ce colon fut le fondateur de la ville de Dakoro et premier administrateur colonial de la subdivision de Dakoro.

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Zongo Amayo

Les Touareg de Zongo se sont installés eux-aussi 10 ans après l'arrivée des peuls de Kadago. La sécheresse de 1984 les a poussés à quitter Zongo pour la recherche de pâturage. Pendant les années normales, ces habitants sont rentrés et ont choisi de cultiver les champs dans la vallée autour de leurs anciens campements. Les peulh de Kadago les ont proposés de cultiver les 15 champs de leurs frères qui ont quitté le village. Ayant accepté, à leur grande surprise, les frères de ces peulh étaient du retour au début des années 2000. Donc ces Touareg ont réclamé leurs anciennes terres. Au lieu d'occuper ces dernières, ils ont choisi de partir à la frontière des champs des habitants de Maitourou à l'ouest de zongo (à environ 4 km) tout en gardant les anciennes terres comme des réserves ; ce qui a créé beaucoup de tensions. Conscients de risque d'être chassés un jour, ils sont convenus d'avoir une assise foncière.

Koré Adoua (Boundou Roua)

C'est un terroir situé en pleine zone pastorale dans la commune de Bermo à moins de 4 km à l'est de ranch de Fako. Ce sont des peuls Farfarou originaire de Korahane installés sur ce terroir depuis 46 ans et sont les premiers à cultiver la terre. En ce temps, il n'ya que les villages de Eggo et Assada. Un an après, ils ont construit leur propre puits autorisé par les autorités de Dakoro. Les causes de ce déplacement sont entre autres la recherche des champs selon le propriétaire du puits Roua Garba 77 ans parce qu'au sud, l'espace manque. Une fois le puits foncé ils ont créé des champs aux alentours (photo n°1). Cette agriculture de subsistance auparavant est devenue aujourd'hui une des activités principales de ce groupe. Elle permet de prendre en charge la famille pendant 6 à 7 mois sans toucher le troupeau.

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Photo 1:champs de mil en pleine zone pastorale à Boundou Roua (à côté de ranch faco)

Torodi rouga

Ce village se trouve en pleine zone pastorale à environ 3 km à l'ouest de chef lieu de la commune de Gadabéji. Ce sont des éleveurs transhumants originaires de Sokoto. Le village

récemment créé (2002), a vu le jour suite aux appels lancés par les autorités politiques de se regrouper en un seul lieu pour leur construire une école et un puits. Selon le témoignage d'Ardo cheffou :

« Le chef de Gadabeji m'a donné 100 ha de terres pour cultiver y compris mes administrés (94 chefs de ménage) devant plus de 100 témoins. Il m'a autorisé à foncer un puits malheureusement mes moyens ne me permettent pas de le foncer ».

Cette occupation historique de la Tarka est à l'origine de cette ruée vers cette prestigieuse vallée où chaque éleveur ou groupe d'éleveurs cherche à avoir une maitrise foncière forte. Cette vallée subit actuellement de très fortes pressions humaines et animales. Cette situation est l'oeuvre de plusieurs acteurs intervenant directement ou indirectement dans la Tarka.

En effet, la mobilité des éleveurs a favorisé l'installation des agriculteurs hausa qui ont fini par s'approprier l'espace en le cultivant. A travers cette fixation, Il s'agit de créer des villages pour marquer l'espace. Avec ces villages, une partie de la famille ne part pas en

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transhumance avec les animaux. Cette permanence permet d'occuper l'espace pour éviter l'arrivée de nouveaux agriculteurs.

3.2.2 Évolution de la dynamique d'occupation des sols autour de la Tarka de 1986 à 2001

L'interprétation des images Landsat de 1986 et 2001 a permis de réaliser les cartes d'occupation des sols (Figure 3 et 4 ). Les superficies et les pourcentages de la proportion exacte de l'espace occupé par un même type d'occupation de sols ont été calculés sur la base des tables établies lors de réalisation des cartes et classées dans un tableau (tableau 2). Ces cartes sont réalisées dans le but de donner un exemple de l'évolution progressive des cultures de pluie et la multiplication des lieux d'habitation vers la vallée de la Tarka, ce qui contribue à la dégradation des ressources pastorales.

Dans la zone d'étude, le pâturage est pour l'essentiel constituée de la steppe (les herbacés et les ligneux). En 1986, on remarque une dominance de la steppe herbeuse et arbustive dans la zone pastorale (figure 3). Elle occupe plus de la moitié de l'espace, soit 63,9% de la surface totale de la zone cartographiée tandis que les cultures pluviales occupe 23,7%. Le pâturage de la vallée de la Tarka est de l'ordre 11,9%. Les lieux d'habitation représentent 0,1%.

De 1986 à 2001 les cultures de pluies ont augmenté de 77 983,9 ha sur l'espace total de la zone cartographiée. Cet accroissement de la surface des terres de culture contribue à la diminution du pâturage. En effet, la steppe a diminué de 13,9% de sa superficie estimée en 1986 (figure 4). Cette diminution est due en partie par la sédentarisation des éleveurs avec une pratique intensive de l'agriculture. A partir de cette sédentarisation les lieux d'habitation ne font que s'accroitre dans cette zone avec une augmentation de 0,2% en 2001 (tableau 2). En somme, les ressources pastorales subissent des pressions humaines à travers les cultures pluviales. Ces pratiques agricoles sont à l'origine de la dégradation et la diminution de l'espace pastoral. Par conséquent, le couvert végétal naturel se réduit et fait place aux surfaces cultivées qui ont accru énormément. Cette situation rend difficile la pratique de l'élevage dans une zone à vocation pastorale.

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Figure 3: Cartes d'occupation des sols de 1986 et 2001. Source : images Landsat

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Tableau 2: superficies et pourcentages de l'occupation des sols

 

1986

2001

Superficie (ha)

Pourcentage

Superficie (ha) Pourcentage

Steppe

352242,6

63,9

271619,3

50,0

Culture

130766,3

23,7

208750,2

38,4

Sol nu

1863,1

0,3

1819,8

0,3

Mare

128,7

0,0

202,3

0,0

Formation ripicole

477,6

0,1

593,1

0,1

Terrain rocheux

83,6

0,0

92,3

0,0

Lieu d'habitation

337,5

0,1

1886,8

0,3

Tarka (pâturage)

65634,9

11,9

58405,1

10,7

Total

551534,3

100,0

543368,9

100,0

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore