WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

« Comment notre héritage culturel et historique influence-t-il encore notre monde actuel ? A travers l'exemple du luxe en France. »

( Télécharger le fichier original )
par Ambre Saclier
BBA INSEED - Master 1, Diplôme dà¢â‚¬â„¢école de commerce BBA INSEEC (reconnu et visé par là¢â‚¬â„¢État) 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

48

CHAPITRE 8 : Le luxe, huitième art ?

À de nombreuses reprises, les chemins de l'art et du luxe ont toujours fini par se retrouver. Une oeuvre d'art produit des émotions similaires à celles d'un produit de luxe. Elle ne répond pas non plus à un besoin existant au sens propre du mot, mais crée plutôt des désirs de consommations artificiels et superflus.

Fondamentalement lié à la notion de création, l'art se retrouve dans beaucoup de pièces iconiques des marques. Yves Saint Laurent s'est inspiré d'oeuvres de Mondrian pour créer la collection qui le rendra célèbre en 1965. Dior s'inspire dans du mouvement pointilliste pour créer une robe Haute Couture, en hommage aux oeuvre de Claude Monet46. Force d'inspiration sans demie mesure des créateurs, l'art complète l'univers magique que les marques veulent se créer.

En effet, la touche artistique se retrouve également dans la communication des marques. Il suffit de regarder une publicité pour Chanel pour juger des techniques cinématographiques, notamment avec la présence d'un générique, et de la mise en scène des produits comme objets d'art. Les publicités sont d'ailleurs elles-mêmes réalisées par de réalisateurs distingués, et mettent régulièrement en scène des actrices, qui sont souvent choisies pour être les muses, les égéries de la marque.

Au-delà de leurs créations ou de leur communication, les marques s'engagent aussi culturellement. A l'époque où les biens d'exception commençaient à descendre dans la rue, les rois et nobles d'autrefois financent des artistes pour qu'ils leur créent des oeuvres extraordinaires : c'est le début du mécénat. C'est resté une tradition pour les marques de luxe, qui se portent alors garantes de l'intemporel et de l'inestimable, au même titre que les produits qu'elles vendent : Hermès finance la restauration du Château de Versailles avec son carré « Promenade à Versailles », Bernard Arnault (LVMH) et François Pinault (Kering) s'improvisent gardiens de l'art47 et Cartier, Prada ou Louis Vuitton s'engagent culturellement en

46 Voir photo en Annexe 10, p.112

47 Le premier par sa fondation au Bois de Boulogne, le second avec le Musée Pinault, qui a investi le Palazzo Grassi à Venise

49

créant des fondations. Elles érigent également des musées pour matérialiser la marque et parler de l'histoire de la famille comme le Musée Louis Vuitton à Asnières. D'autres marques veulent aussi raconter leur saga comme Chaumet, dans sa Boutique Musée place Vendôme ou encore Yves Saint Laurent horizon 2017, avec sa fondation Pierre Bergé. En outre, le Bon Marché est lui-même un musée au milieu des vêtements, car le Grand Magasin héberge ses oeuvres permanentes, agrémentées régulièrement d'expositions temporaires, présentant des artistes de tous les horizons.

Aussi, l'art suit le cours du luxe. En 1500, et comme c'était le cas depuis des millénaires, les grandes oeuvres étaient réalisées pour gagner son éternité après la mort, son entrée au Paradis. A partir du XVIème siècle, il n'en est maintenant plus question, enfin plus exactement dans la même notion de temps. A cette époque, la religion dictait les croyances, et l'État et la morale dictaient les désirs. Seul l'art octroyait des sensations pures, comme une échappatoire. Les commandes de portraits et les autobiographies se multiplient, pour laisser une trace de son passage sur Terre, pour faire perdurer le nom et la gloire de sa famille : la montée de l'individualisme fait son apparition.

Au temps aristocratique, l'art devait être grand et noble, au même titre que les aristocrates se devaient de l'être, en effectuant des dépenses de prestiges obligatoires. Les codes étaient figés. Néanmoins dans les dernières années du XVIIème, un certain attrait pour le culte de des anciens objets se développe et des collectionneurs d'art commencent à apparaître. Ensuite, le siècle des Lumières se distingue par un intérêt accru pour la décoration privée, employant une riche collection de mobilier et d'objets d'art.48 C'est l'essor d'une consommation faite par amour, dans un souci d'esthétique et non plus par obligation de prestige. Les oeuvres sont aimées pour ce qu'elles sont, mais plus pour justifier d'un certain statut social. Ce phénomène pourrait être le point de départ du nouveau luxe qui se veut plus émotionnel et beaucoup moins ostentatoire.

48 Le Rez-de-Chaussée et le 1er étage du Musée Carnavalet illustre bien le phénomène, notamment avec la reconstitution de Salon bleu de l'Hôtel de Breteuil (environ 1780) et un exemple de lit à la polonaise.

50

Maintenant, dans un mode régi par le libéralisme, l'oeuvre d'art doit être plaisante et émouvante avant toutes choses. Si l'art contemporain perd de sa fonctionnalité représentative pour véhiculer des idées plus conceptuelles, il devient alors un art de vivre choisi. Cela s'illustre dans le monde du luxe, notamment avec la dérégulation des consommations où il est admis de mixer du H&M et du Dior. Ce mélange ne pose plus problème car ils n'existent plus de contraintes collectives : c'est l'expression de soi, de ce que l'on veut, des sensations. L'esthétisation du rapport au luxe se traduit par un désir de qualité de vie, de moments intenses, et tout cela renvoie à une inspiration individuelle.

Pour conclure, le lien entre le luxe et l'art semble évident. En permettant aux artistes de s'exprimer librement, le public se sent alors lui-même libre et indépendant. L'artiste lui permet de suivre sa propre vision du style.

Comme le luxe, l'art a ce côté émotionnel : une oeuvre ne fait pas appel à notre raison. Comme le luxe, l'art se rattache moins à la valeur intrinsèque qu'à la valeur émotionnelle, se séparant ainsi du monde de l'argent et des contingences du monde. Elle joue avec les émotions, confronte les sentiments et entraine la passion du merveilleux. De plus, son intemporalité la rend durable : elle s'inscrit dans le temps. Chaque oeuvre échappe à la répétition et aux similitudes puisqu'elle est absolument unique. Le luxe repose sur le principe de se faire plaisir en accédant un objet superflu qui transcende, exactement de la même manière que l'art le fait. Cette corrélation montre bien que les deux notions sont très similaires et profitent l'une à l'autre.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus