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« Comment notre héritage culturel et historique influence-t-il encore notre monde actuel ? A travers l'exemple du luxe en France. »

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par Ambre Saclier
BBA INSEED - Master 1, Diplôme dà¢â‚¬â„¢école de commerce BBA INSEEC (reconnu et visé par là¢â‚¬â„¢État) 2016
  

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III. La Haute Couture

Depuis des siècles, Paris garde précieusement les secrets d'un savoir-faire jalousée par les ateliers du monde entier. Paris a toujours été le point de chute de ceux à la poursuite de modes à la pointe du style. La Ville Lumière recèle en son sein certains des meilleurs créateurs que la mode n'ait jamais connu. Les débuts du commerce de la mode remontent aux alentours de 1670 à Paris. A cette époque, la Cour du Roi est de plus en plus exigeante en terme d'habillement. Ce nouveau commerce est d'autant plus facilité par l'avènement de moyens de plus en plus sophistiqués pour diffuser les nouvelles tendances. Il est notamment question ici de l'essor fulgurant de la presse, et principalement de la presse de mode, autrement dit le moyen de diffuser les dernières tendances au plus grand nombre.

En 1672, un des pionniers du journalisme de mode est Jean Donneau de Visé. Son nom est aujourd'hui connu grâce au journal qu'il décidât de lancer cette année-là : Le Mercure Galant. Cette gazette était la première en son genre. Plus qu'un magazine de mode (le premier article sur la mode ne fut d'ailleurs paru qu'en janvier 1678), elle regroupait les actualités du moment, des indications sur le dernier style à suivre en matière d'art, de lettres, de décoration. Le Mercure Galant fut d'une inspiration sans précédent pour toutes les françaises de cette époque.17Avant Le Mercure Galant, tous les vêtements de nobles étaient faits sur mesure. Depuis tout temps, les privilégiés étaient habitués à choisir leurs tissus et leurs modèles avec leurs tailleurs privés. À partir de la sortie du Mercure Galant, les nobles se lassent de ces vêtements, tellement uniques que personne ne les reconnaît. Ce phénomène est d'autant plus paradoxal quand aujourd'hui, avoir des vêtements élaborés sur mesure représente le summum du luxe. Pareillement, les gens fortunés d'aujourd'hui veulent en général se différencier et ne surtout pas ressembler à tout le monde. En effet, pour lancer une tendance, il faut bien que les autres la suivent. Bien entendu, il convient que le temps que les classes inférieures

17 DEJEAN Joan le fait remarquer dans Du style (2006) : «Donneau de Visé, en véritable génie du marketing, ne destinait pas sa publication aux femmes ayant la possibilité de constater par elles-mêmes les nouvelles tendances, mais bien aux ancêtres d'Emma Bovary, ces femmes enfermées dans les provinces qui rêvaient d'être aussi chic que la créature devenue mythique au moment même où la haute couture vit le jour, la Parisienne.»

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copient cette tendance, les « reines de la mode » soient déjà passées à autre chose depuis au moins une saison. Il fallait donc constamment renouveler sa garde-robe. Et pour que les dames de cours étrangères soient au summum de la mode, il fallait qu'elles rivent les yeux sur Paris, la capitale de l'élégance, pour obtenir les dernières indications sur ce qu'il fallait porter pour cette saison-là. Il faut souligner que la domination de Paris sur la mode à cette époque réduit considérablement les distances sociales. La mode se propagea au sein de toute la population française. Certes, si les plus pauvres ne pouvaient pas se permettre de s'offrir les merveilleuses robes des courtisanes de Versailles, elles voulaient néanmoins participer au phénomène. La préoccupation pour la mode était telle, qu'elles commencèrent à changer leur apparence, à leur niveau. Elles arboraient par exemple des bas, des rubans ou autres produits accessibles.

Mais le phénomène eut aussi une répercussion internationale. Les trente dernières années du 17ème siècle ont énoncé les leçons de base qui dictent encore l'industrie de la mode de nos jours. Les créateurs français avaient déjà bien compris que le recours à la publicité, aux égéries et la transgression des moeurs allait être le moyen de commercialiser la mode à la française au-delà des frontières. C'est grâce à ce regard visionnaire des marchands français que Paris devint capitale de la mode dans le monde. En effet, la clientèle pouvant se permettre d'acquérir des biens d'exception n'a jamais été très large. Les français à eux seuls ne pouvaient pas permettre aux couturiers d'être rentables : ils avaient besoin de clients étrangers. C'est à ce moment que deux innovations majeures virent le jour : les poupées et les gravures de mode.

Les poupées existaient déjà depuis plusieurs années, mais elles restaient destinées à un usage privé, familial.18 Dans les dernières années du XVIIème, les marchands réalisèrent que ces poupées pouvaient être envoyées hors de France pour présenter les dernières collections aux dames étrangères. Les reproductions étaient particulièrement fidèles, jusque dans les moindres détails : les tissus étaient les mêmes utilisés que sur les vêtements originaux, et les accessoires complétaient la

18 Dans les années 1600, Henri IV envoyait des poupées à sa fiancée, Marie de Médicis, qui résidait en province, pour qu'elle soit au courant des tendances à la Cour.

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tenue. Mais ces poupées avaient leurs limites. Même si les clientes de New York ou de Londres se les arrachaient, il fallait tout de même payer pour avoir le droit de la regarder, et encore plus cher pour avoir le privilège de la ramener chez soi et d'en jouir pleinement, sans cohue. Les marchands eurent alors une idée de génie et décidèrent d'introduire les gravures de mode. Facilement remplaçables et copiables, ces gravures permettaient de toucher un public plus large. Elles guidaient le goût vestimentaire mondial en imposant le style français, et en réaffirmant une fois de plus que ce style détenait le monopole du raffinement et du luxe. Ces gravures présentant les musts des saisons ouvriront la voie à la Haute Couture.

Inventée pendant la seconde moitié du 19ème siècle par Monsieur Charles Frédéric Worth, La Haute Couture propose des collections en dehors de toute demande particulière, mais qui s'adaptent aux besoins de chaque client. Avant lui, la plupart des artisans sont inconnus : ils travaillent dans l'ombre, exécutant simplement les demandes de leurs commanditaires et ne bénéficient d'aucune reconnaissance du travail accompli. Tout va changer avec la Haute Couture, qui verra naître quelques années plus tard quelques-unes des marques les plus puissantes du monde.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard