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Le rôle et la place de la position géostratégique de la république démocratique du Congo dans le développement de l'Afrique des grands lacs.

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par Didier UKANE ASSUMANI
Université officielle de Bukavu (UOB) - Relations Internationales 2011
  

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III.3. LE DEFI A RELEVER PAR LA RDC DANS LA REGION

III.3.1. Les défis

L'un des défis majeurs auxquels la RDC fait face dans la région est l'absence d'une puissance douce (soft power) tel qu'envisagée par Joseph NYE devant l'aider à résoudre les problèmes du sous-développement et à jouer pleinement et efficacement son rôle dans la région.

Joseph NYE formalise le concept de « soft power » qu'il oppose au « hard power » traditionnelle, constitué par l'usage des moyens classiques de coercition. Il s'attache ainsi à démontrer que l'exercice de la puissance brute (encore appelée Hard power) se révèle dorénavant beaucoup plus couteux que l'exercice du « soft power » par lequel une nation parvient à faire partager ses options à travers l'acceptation d'un ensemble de valeurs allant de l'attirance culturelle à l'idéologie53(*).

C'est ce qu'il appelle le principe de cooptions défini comme la capacité pour une nation de se montrer capable de structurer une situation de telle sorte que les autres pays fassent des choix ou définissent des intérêts qui s'accordent avec les siens propres. Ce thème amène Joseph NYE à considérer que la culture et l'idéologie d'un Etat dominant sont attirantes, les autres nations adoptent volontiers. L'universalité de la culture d'un pays et sa capacité de fixer un ensemble de règles et d'institutions qui lui sont favorables représentent d'importantes sources de puissance.

L'absence d'une puissance régionale dont devait disposer la RDC réduit ainsi son influence et son rôle de pôle de développement dans la région. La puissance douce pourra permettre à la RDC de bien contrôler l'espace régional et de maintenir les enjeux régionaux dans une perspective de développement.

En effet, s'arrêter seulement sur l'une de neuf frontières internationales parait non seulement réducteur mais aussi biaisé. Les ressources minières de la RDC font désormais l'objet de préoccupations diplomatiques dans nombre de ses relations bilatérales avec des pays voisins à l'Est et à l'Ouest de la République.

Et si chacune de ses neufs frontières constitue un espace transfrontalier, la question de la gestion des ressources minières dans les espaces transfrontaliers de la RDC devrait bénéficier d'une approche globale.

Pour le cas de ses frontières internationales orientales, la RDC a désormais des problèmes avec le Rwanda avec lequel elle partage les ressources énergétiques dont le gaz méthane du lac Kivu et l'Ouganda avec lequel la RDC partage une nappe commune du pétrole du lac Albert.

En outre, il y a la Tanzanie avec laquelle la RDC partage le port de Kigoma dans l'océan indien qui ouvre la RDC au Moyen-Orient et en Asie du Sud-est ainsi que les eaux et les ressources du lac Tanganyika sans taire les eaux du Nil avec le Soudan et les autres pays littéraux. A l'ouest par l'océan atlantique, la RDC partage avec l'Angola le pétrole et les autres ressources halieutiques auxquelles il faut ajouter le diamant. Ce dernier est à la base des disputes actuellement autour de la localité frontalière de Kahemba.

Avec le Congo-Brazzaville, l'île de Mbulambemba fait problème entre les deux Etats. L'intérêt de cette présentation est à rechercher dans le lien qu'il convient d'établir entre le contexte de guerre de la région des grands lacs en RDC et l'exploitation de toutes les ressources. Par ailleurs, il apparaît clairement qu'à cet égard les espaces frontaliers de la RDC avec ses multiples voisins sont constitués par les lacs, les fleuves et les océans, et que là où l'exploitation minière ferait l'objet des projets communautaires, l'enjeu devient la contestation des frontières.

C'est le cas pour les mines de diamant avec l'Angola, de mines d'or avec l'Ouganda et de mines de cassitérite, de coltan et de l'or avec le Rwanda à l'intérieur des frontières de la RDC dans l'espace désormais transfrontalier du déroulement de la guerre de grands lacs et des autres guerres du Kivu, mais aussi de la présence des forces négatives rwandaises, occupants illégaux et criminels de triste mémoire54(*).

Ainsi, l'intégration régionale dans le contexte de la mondialisation demeure une voie de reconfiguration de l'Etat là où les contraintes externes entravent son affirmation et sa présentation à la puissance. Certes, l'intégration économique et ses doctrines fonctionnalistes ou néo-fonctionnalistes est avant tout une théorie politique et non une théorie économique et sa mise en oeuvre passe par l'organisation avant tout de la coopération en vue des interdépendances d'une ou des relations commerciales55(*).

L'adoption d'une nouvelle vision stratégique est un atout pour la RDC afin de travailler ou refaire le retard pris par rapport au temps régional et mondial.

Naturellement, le développement régional réel passe par la mise en place des structures efficientes, à savoir :

Ø La restructuration organique en réorganisant la structure des affaires étrangères ; c'est l'exemple de l'institutionnalisation d'un ministère de l'intégration régionale, la création du vice-ministre des congolais à l'étranger, la mise sur pied de l'académie diplomatique ;

Ø La redéfinition de la relation avec les partenaires, l'ouverture aux investisseurs étrangers, la normalisation des relations avec les pays limitrophes, la présence aux fora internationaux.

Contrairement à l'époque de la deuxième République où les objectifs de la politique extérieure de la RDC étaient clairs et définis sur base d'un environnement stable, ces objectifs sont actuellement flous car l'environnement géopolitique de la RDC est incertain et les ressources allouées à la défense du pays du pays sont moins importantes. La seule certitude pour la RDC reste sa position comme grand pôle de développement situé au centre de l'Afrique56(*).

Dans cette perspective, l'enjeu principal de notre diplomatie est avant tout économique et incline à ce que nous subissions la région mais par contre que nous puissions conquérir la région en douceur au moyen de « smart diplomacy » (la diplomatie intelligente). La réforme de la politique étrangère de la RDC s'impose par le devoir national de prendre en compte le nouvel environnement régional, qui a additionné aux contours et défi du nouveau contexte, oblige la RDC à définir et à se déterminer par rapport à cette nouvelle histoire et géopolitique régionale.

La problématique de la gestion coopérative des ressources transfrontalières en Afrique des grands lacs ne laisse pas de côté l'intention d'une nouvelle économie politique. Elle pose ainsi en raison du besoin général de reconfiguration de l'Etat dans le nouveau contexte de l'économie mondiale. Naturellement dans le cadre de la CEPGL, il existe des projets communautaires comme la SINELAC principalement pour la RDC, le Burundi et le Rwanda. Mais le fait de travailler sur le projet commun n'empêche pas aux Etats de soutenir les rebelles et autres gangsters dans la région.

Avec l'Angola, la RDC avait établi de zones d'exploitation commune du pétrole alors que n'étaient pas encore tracées ses frontières maritimes. Cela n'aura pas suffi à faciliter les travaux de délimitation du plateau continental et aussi des frontières maritimes de la RDC57(*).

Le pacte de Nairobi conclu dans le cadre de la CIRGL sous l'égide de l'ONU par les 11 Etats de grands lacs africains et du champ et qui crée une zone commune de paix et de développement autour des projets intégrateurs n'aboutit pas à l'émergence d'une économie régionale. Le constat est que l'abondance et l'immensité des ressources naturelles ne créent pas les conditions de l'intégration économique régionale mais plutôt la rationalisation des politiques économiques des Etats à vocation de constituer et de servir des marchés régionaux. Tout est fonction de la création d'une division régionale du travail tenant compte de la spécialisation des économies de l'espace capable d'engendrer un commerce interrégional. Il y a également la stratégie de la sécurité économique collective régionale face à la concurrence ou à la compétition mondiale des entreprises multinationales. La recherche de la puissance demeure ainsi cruciale pour déterminer l'influence de la RDC en matière de politique économique à l'échelle régionale et neutraliser tous les acteurs ou circonstances défavorables au développement régional.

NGOIE TSHIBAMBE58(*) pense qu'il est important pour imprimer une orientation à sa politique étrangère. Dans son schéma qui découpe l'Afrique en trois cercles concentriques, il dégage que chaque entité a des priorités spécifiques et cela exige un pouvoir de coopération ou de séduction (soft power) capable de restructurer la région. La zone concentrique A qui est une zone de haute sensibilité stratégique est celle qui regroupe les Etats frontaliers de la RDC. Celle-ci présente des priorités économiques et sécuritaires. Cependant, dans ces seconde et troisième zones, les priorités seront d'ordre économique. La promotion de la coopération bilatérale et multilatérale entre la RDC et ses partenaires extérieurs est un objectif prioritaire. Au-delà des priorités d'ordre économique, la RDC ne peut pas se passer de jouer un rôle politique en Afrique. La recherche d'exercer un contrôle calculé sur d'autres Etats africains devient une priorité car l'influence politique implique une nécessité pour ce pays de soigner son image et d'avoir une politique active dans des organisations internationales. La coopération bilatérale permet de relancer les échanges frontaliers après rupture avec les voisins.

De nos jours, les zones frontalières du Congo avec les Etats limitrophes sont l'objet d'intenses échanges transfrontaliers qui s'effectuent sous le régime de commerce informel. Des commissions mixtes avec chacun des pays limitrophes sont importantes pour le règlement, la facilitation et l'encadrement des échanges sur le plan économique. La maitrise des interactions économiques permet d'éviter que le territoire d'un Etat limitrophe qu'offre comme un sanctuaire aux opposants pour déstabiliser d'autres Etats. D'où, l'intérêt des accords en matière de sécurité. Les potentialités économiques et la dimension géographique de la RDC prédestinent ce pays à devenir un Etat leader. Cela suppose, pour la RDC, des reformes aussi de l'administration (gouvernance) que du secteur de la sécurité.

a) Reforme de la gouvernance

Par reforme de la gouvernance, il faut entendre une administration qui passe par des paperasses au réalisme, une administration qui met au plus au point l'intérêt général et qui ne tolère pas le détournement. La démocratie et le respect des droits humains ne sont que des principes à respecter.

En effet, les causes internes des conflits en RDC ont été identifiées59(*). Il s'agit de la faiblesse de l'Etat, de la crise de légitimité du pouvoir politique, de l'absence de la démocratie participative et de l'Etat de droit, bref de la mauvaise gouvernance. Cependant, la décentralisation est perçue comme la reforme majeure destinée à refonder l'Etat autour de la quête de la construction de la puissance nationale en vertu des agressions armées subies et dans le but de renforcer l'intégrité territoriale par le renforcement et la surveillance des frontières.

La décentralisation permet également de mieux assumer la géographie, de crédibiliser la démarche diplomatique et de justifier les options économiques et sécuritaires dans une région rivale et compétitive où toutes les politiques des Etats obéissent au triple impératif du destin géographique, de l'obligation identitaire et de la guerre des ressources naturelles.

* 53 J. J. ROCHE, Op. Cit., pp. 69-72.

* 54 M. F. CROSS et F. MISSER, Op. Cit., p. 8.

* 55 Idem, pp. 14-16.

* 56 E. NTUMBA BUKASA, La RDC et le processus d'intégration des pays des grands lacs comme voie de sortie de la crise sécuritaire régionale, Mémoire de Master en Administration publique, Promotion Willy Brandt,2007-2008,p.45

* 57 M. F. CROSS et F. MISSE, Op. Cit., p. 12.

* 58 G. NGOIE TSHIBAMBE, La RDC dans les relations interafricaines, la trajectoire d'une impossible quête de puissance, Lubumbashi, éditions Laboratoire des Sciences Appliquées, 2005, pp. 230-235.

* 59 Cabinet du président de la République, Op. Cit., pp. 22-24.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille