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Ethnicité et pouvoir politique en côte d'Ivoire.

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par Harkité Hippolyte SIB
Université Générale Lansana Conte/Conakry - Master II 2015
  

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SECTION III : LA POLITIQUE

Le mot politique provient étymologiquement du grec « Politikon » qui désignait premièrement, la connaissance des principes de la gouvernance collective et deuxièmement, la pratique du gouvernement ou l'art de diriger les affaires publiques. Ainsi, à l'origine, la théorie et la pratique politique n'étaient pas dissociées. La Polis quant à elle renvoie à l'ensemble des citoyens qui habitaient la Cité-État. La Grèce étant considérée en cette période comme une société hiérarchisée, Seuls les citoyens grecs avaient le droit de participer aux décisions politiques. Il faut enfin souligner que la philosophie grecque se caractérisait par de fortes préoccupations éthiques, car la politique se définissait comme l'activité qui devait réaliser le bien. La connaissance devait conduire à l'établissement du meilleur gouvernement possible.

Ainsi durant l'antiquité, pour les philosophes comme Platon et Aristote la connaissance politique visait à établir les moyens à prendre pour conquérir le pouvoir. Ils définissent de ce fait la politique comme la science maîtresse des autres formes de savoir. Pour Aristote (1950 ; 27), la politique est présentée comme un phénomène naturel et nécessaire:

Il est donc évident que toute Cité est dans la nature, et que l'homme est naturellement fait pour la société politique. Celui qui par sa nature, et non par l'effet du hasard, existerait sans aucune patrie, serait un individu détestable, très au-dessus ou très au-dessous de l'homme (...) Aussi, l'homme est-il un animal civique (...)

C'est dans cette perspective qu'il affirmait aussi que l'homme est un « Zoon Politikon » ou un animal politique. Car c'est de sa nature de vivre avec ses semblables dans le cadre d'une société bien hiérarchisée. C'est aussi durant cette période que les comparaisons entre les régimes politiques (démocratie, aristocratie et tyrannie) se produisaient.

Dans la Rome antique, Cicéron (1954 ; 25) prolonge l'oeuvre des penseurs grecs tout en liant le droit à la politique. A Rome, le droit privé, le droit public, les bases constitutionnelles de la vie politique

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Mémoire de Master 2. Thème : Ethnicité et Pouvoir Politique en Côte d'Ivoire.
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vont occuper presque tout l'espace de la politique à travers la loi. Les Romains utilisaient le terme « Res Publica » ou chose politique pour désigner la vie politique.

La république (...) est la chose du peuple ,
· et par peuple, il faut entendre non tout assemblage d'hommes groupés en troupeau d'une manière quelconque, mais un groupe nombreux d'hommes associés les uns aux autres par leur adhésion à une même loi et par une certaine communauté d'intérêts. Quant à la cause première de ce groupement, ce n'est pas tant la faiblesse qu'une sorte d'instinct grégaire naturel, car le genre humain n?est point fait pour l'isolement et la vie errante.

Dans son livre, La Cité de Dieu, datant de la période médiévale, Saint Augustin (1976 ; 24), tout en recherchant la perfection, introduit une distinction qui modifie le sens de la politique. Cette mutation s'explique par la décadence de l'Empire romain sous les invasions barbares. L'Église prend la relève de Rome et devient une puissance temporelle. Elle impose son autorité à l'ensemble de l'Europe et établit sa suprématie politique. Pour justifier ce nouveau pouvoir, Saint Augustin propose de distinguer la cité de Dieu et la cité des hommes et démontre que, le peuple selon la cité de Dieu est défini comme un agrégat humain, une multitude raisonnable, mais elle est unie par la paisible et commune possession de ce qu'elle aime et non par le droit et l'intérêt. Il affirmait que :

Deux amours ont bâti deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu fit la cité terrestre ,
· l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi fit la cité céleste.

Après lui, Saint Thomas d'Aquin innovera la relation entre la politique divine et la monarchie terrestre.

A la Renaissance, à partir du « Prince » de Machiavel, les politiciens cherchent davantage à comprendre la politique réelle au détriment des obligations morales ou religieuses. Machiavel considère que le but de la politique n'est pas la recherche du bon gouvernement qui assure la justice aux citoyens. Il soutient que la politique ou l'État n'a pas comme finalité de faire le bonheur de ses sujets, mais de découvrir les moyens pour obtenir l'obéissance des citoyens. Machiavel ne cherche pas à expliquer ou justifier l'origine de la souveraineté dans la mesure où la légitimité du Prince réside dans le fait de prendre le pouvoir et de le conserver par tous les moyens. Althusius, pour sa part, affirme que la souveraineté est fondée sur un contrat liant un ensemble de groupes.

Au XVII ème siècle Les régimes monarchiques anglais et français sont ébranlés par la Fronde en France et par la révolution de Cromwell en Angleterre. L'absolutisme royal est confronté par la montée d'une nouvelle force sociale. C'est en cette période que Thomas Hobbes élabore aussi le concept de contrat de soumission ou d'obligation dans la politique. Mais ce contrat a la particularité

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de lier tous les membres de la société entre eux sans lier la puissance souveraine qui concentre tous les pouvoirs. En échange de ces restrictions à leurs libertés, le souverain doit assurer à tous ses sujets la sécurité, l'égalité devant la loi et la prospérité matérielle. Hobbes n'admet pas que l'homme soit par nature un animal politique comme le pense Aristote. Pour lui, l'État ou le pouvoir politique est un produit artificiel qui résulte d'un acte volontaire. Il est le fruit de la recherche de l'intérêt de l'individu qui veut être protégé afin de vivre en paix et de travailler à son propre bien-être. Au XVIIIe siècle, le système anglais servira de modèle aux partisans des réformes politiques.

En France, Montesquieu (1950) et Rousseau (1963 ; 30) élaboreront les principes de la démocratie politique. Dans L'esprit des lois, Montesquieu est à la recherche d'une explication rationnelle des différents types de régimes politiques. Il veut connaître les lois du gouvernement de la société. Il écrit :

Les lois, sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses et dans ce sens, tous les êtres ont leurs lois Pour comprendre et expliquer l'ordre politique.

Montesquieu différencie trois types de gouvernements, à savoir le républicain, le monarchique et le despotique qui se distinguent par leur nature et leur principe d'action. Il estime que la république, comme mode de gouvernement, convient particulièrement aux petits États. Rousseau (1963 ; 32) complétera cette évolution intellectuelle avec sa théorie de la volonté générale qui inverse le principe d'autorité en définissant le contrat social comme fondement de la souveraineté. Il affirmait que:

Cette personne publique qui se forme ainsi par l'union de tous les autres prenait dans l'Antiquité le nom de Cité et prend maintenant celui de République ou de corps politique lequel est appelé par ses membres État quand il est passif, souverain quand il est actif, puissance en le comparant à ses semblables.

Chez Rousseau, le souverain n'est plus une personne mais c'est la nation qui est souveraine, c'est-à-dire le peuple tout entier. Il exerce son autorité sur lui-même par la loi qu'il se donne. Le gouvernement n'est pas le souverain, Il est au service du souverain et il doit incarner la volonté générale.

Cependant, le XIXe siècle, Dans la foulée de la révolution industrielle et de la montée de la bourgeoisie, l'orientation scientifique et technique l'emporte partout. La division du travail intellectuel se produit également entre la réflexion philosophique et la réflexion politique.

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La politique se rattachera à l'étude du Droit. Cette domination du droit est bien illustrée en Europe et tout particulièrement en France. Aux États-Unis, l'approche juridique dominera aussi la politique. Cette conception juridique de l'analyse politique s'explique par la nature même du système politique américain défini comme un gouvernement des lois et non des hommes et fondé sur le principe de la séparation des pouvoirs, ce qui justifiait les études sur les institutions législatives, exécutives et judiciaires.

Marx par contre conteste la prétendue séparation entre la société civile et la société politique. L'État, pour sa part, est défini comme le lieu où se réalise l'intérêt général, comme un centre d'intégration et d'unification de la société. Le rôle de la politique est alors d'assurer la cohésion et l'ordre, ce qui implique qu'il est neutre et au-dessus des conflits entre intérêts particuliers. Sa fonction est de garantir l'égalité de tous les citoyens devant la loi tout en évitant de s'ingérer dans la sphère du privé où chaque individu reste libre de promouvoir ses intérêts à la condition de ne pas restreindre la liberté d'autrui.

Cette nouvelle situation idéologique de la politique imposait un développement des connaissances et une extension considérable pour soumettre à l'analyse politique de nouveaux phénomènes comme les partis politiques, les groupes de pression, le comportement électoral, l'opinion publique. Les partisans de cette nouvelle approche dénoncent les limites de l'approche juridique qui n'était pas en mesure d'apporter des réponses efficaces aux problèmes posés par le développement des sociétés occidentales. Ils critiquent les tenants de l'approche juridique. Pour corriger ces lacunes, les behavioristes proposent de modeler la politique sur les sciences de la nature afin d'en faire une science objective. Ainsi, pour eux, la science politique, de science de l'État qu'elle était, devint science du pouvoir.

Par contre selon Coquery-Vidrovitch (1990), avant la colonisation, l'Afrique avait une forme politique propre à elle. Mais cette forme se différenciait selon la nature de la société. Soit matrilinéaire ou patrilinéaire, même si leur politique était intimement redevable à leur environnement religieux, écologique.

Pour Coquery-Vidrovitch, si la politique est née avec la démocratie dans la Grèce antique, celle-ci fut cependant transplantée de l'Europe occidentale en Afrique. Cette politique-démocratie n'a pas pris formes dans le gouvernement original et traditionnel africain, même durant la période coloniale. La phase coloniale qui aurait favorisée une percée démocratique a transformé le milieu, bouleverser les mentalités, et fut inducteur de pratiques politiques et sociales spécifiques qui développent encore aujourd'hui leurs effets.

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Pour Coquery-Vidrovitch, le mot démocratie en Afrique possède un sens double d'une part il se réfère à une idée politique, d'autre part à un processus historique qui, constamment en devenir, ne parvient jamais à son achèvement. De ce double point de vue, la démocratie demeure un idéal, parce qu'elle repose sur une contradiction fondamentale. Les inégalités, la corruption, les manipulations inter-ethniques sont des caractères démocratiques en Afrique.

De ce fait en Afrique, la connaissance de la politique doit s'inscrire dans un ensemble plus vaste comme celui de l'économie, des conflits d'intérêts, l'étude de la vie politique ne peut donc se limiter à celle des textes constitutionnels. Au contraire, puisque les constitutions sont le produit de rapports de force. L'analyse économique de la vie politique est le plus souvent associée à la théorie marxiste. Mais cette relation supposée entre comportement économique et comportement politique se retrouve aussi dans d'autres courants de pensée, notamment chez les partisans de l'économie libérale.

Pour Anthony Downs (1981), il faut s'inspirer de la science économique pour construire la politique parce que, l'économie dispose d'une théorie scientifique. Downs définit la politique comme un phénomène d'échange qui n'est pas différent de l'échange économique. Selon cette logique, l'activité politique en Afrique n'est pas plus noble ou morale que l'activité économique. Pour Downs (1981 ; 27), les leaders politiques qu'ils soient individuels ou collectifs obéissent à la même rationalité, ils cherchent à maximiser leur intérêt, à obtenir le plus d'avantages pour eux-mêmes.

Il définit un parti politique en Afrique comme une équipe d'hommes qui cherchent à prendre le pouvoir par l'élection et lorsqu'ils sont au pouvoir, ils cherchent à se faire réélire. Des fins égoïstes motivent leur action :

Ils prennent le pouvoir afin de profiter des revenus, du prestige et de la puissance que procure la direction de l'appareil gouvernemental.

Dans les démocraties africaines, les partis politiques élaborent un programme politique non pas parce qu'ils sont motivés par la recherche de la justice ou du bien commun, mais plutôt comme moyen pour gagner des votes. La formulation et l'application d'une politique ne sont, pour les partis, que des sous-produits de l'intérêt personnel des politiciens qui est d'obtenir les revenus, la puissance et le prestige liés à l'accession au pouvoir. En d'autres termes, les hommes politiques ne recherchent pas le pouvoir pour réaliser un programme politique ou pour défendre les intérêts des groupes sociaux. Ils proposent des politiques et cherchent le soutien des groupes pour prendre le pouvoir. Cette hypothèse implique qu'en démocratie, un gouvernement agit toujours de façon à maximiser le nombre de voix qu'il obtiendra à la prochaine élection. A la suite de Downs, Attali (1981 ; 12) définit ainsi la fiabilité d'un parti :

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Un parti est fiable si les affirmations qu'il a faites pendant la période peuvent servir à prédire son comportement pour la période plus 1.

Downs estime pour sa part que la concurrence entre les partis les oblige à être fiables, car pour gagner, ils savent qu'ils doivent offrir à l'électeur la possibilité de voter rationnellement en réduisant l'incertitude causée par une information imparfaite. Si un parti déroge à la règle, l'autre en profitera pour élargir sa clientèle.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein