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Accessibilité urbaine dans les villes du sahel. Cas de la mobilité urbaine de la ville de Niamey.

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par Ali M.IDI
E.N.A.T.T - Maîtrise 2010
  

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2-4-2 le poids des dépenses en transport des ménages sahéliens.

Le poids des dépenses de transport dans le budget ménage est souvent apprécié à travers les enquêtes du budget consommation. Ainsi l'enquête ménage UEMOA réalisée en 1996 indique que les dépenses transport dans les villes sahéliennes sont de : 11.2 à Bamako, 8.2 à Dakar, 11.8 à Niamey et 16.8 à Ouagadougou. Ces chiffres confirment dans une certaine mesure la théorie de ZAHAVI sur la constance du budget transport variant entre 3 et 15%. Mais ces chiffres ne doivent cependant pas cacher une réalité : le coût onéreux de transport collectif pour les ménages sahéliens. En effet, comme le constatent D. OLVERA, D. PLAT et P. POCHET «la faible marge des habitants pauvre apparait clairement lorsqu'on met en regard le coût d'un usage régulier des transports collectifs et l'étroitesse des budgets domestiques ». Ainsi à Niamey en 1996, le coût mensuel de vingt aller-retour en transport collectif au tarif de base de 150FCFA dépasse le sixième du salaire médian des actifs et atteint pratiquement le douzième du revenu médian des ménages. Cela traduit tout simplement la difficulté pour un actif à revenu faible de payer au quotidien les prix de transport. Des études récentes montrent que ce phénomène est le même dans presque toutes les villes africaines avec une dépense transport a la hausse de l'ordre de 20%, infirmant ainsi ZAHAVI. A Conakry et à Douala les pauvres consacrent respectivement 19% et 20% de leur revenu, en transport collectif ; les non-pauvres eux consacrent respectivement 12 et 16% de leur revenu (SITRASS, 2004).

Les durées de déplacement sont particulièrement longues dans les pays africains en général, du fait des mauvaises conditions de déplacement : mauvaises gestion de la circulation, routes dégradées, congestion, etc. les temps de transports sont élevés et tournent entre 80 et 100 mn, bien plus que les 60 mn annoncées selon le paradigme de la constance du budget temps transport de ZAHAVI.

2.4.3. Les moyens de transport utilisés par les sahéliens pour accéder aux services urbains

L'accès à l'emploi, au travail, aux études, aux hôpitaux, en un mot aux services urbains suppose une mobilité minimale. C'est une question d'intégration, d'insertion sociale; voire de survie pour certains citadins. En dépit des difficultés évoquées, les citadins sahéliens se déplacent et utilisent différents types de modes de transport.

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Mais la mobilité motorisée des citadins sahéliens se résument pour la plupart à la composante obligée de la mobilité quotidienne que nous avons évoqué dans le premier chapitre. C'est-à-dire aux déplacements domicile-lieu de travail ou d'études. D. OLVERA,

D. PLAT et P. POCHET (2007) soulignent d'ailleurs que ces déplacements représentent 40 à 50% du total des déplacements, devant la sphère domestique ; tandis que la sociabilité suscite de l'ordre d'un déplacement sur quatre.

Tableau 2.8 : Répartition des déplacements selon les trois types de motifs en semaine (%)

 

Bamako (1995)

Niamey (1999)

Ouagadougou (1993)

Vie professionnelle

48

41

47

Vie sociabilité

27

29

28

Vie domestique

25

30

25

 

Source : D. OLVERA, D. PLAT, P. POCHET dans GODARD les transports et la ville en Afrique au sud du Sahara, 2002

La sociabilité joue un rôle important au Sahel, elle est peut être même sous estimée sur ce tableau. En effet, les visites familiales sont nécessaires pour l'intégration de la personne dans le réseau familiale, et encore indispensables pour les pauvres afm de profiter des aides des différents membres de la famille ; surtout qu'en Afrique le mot famille à un sens élargi. Les déplacements pour motif domestique quant à eux, peuvent être nombreux : accompagnement, achats, prières quotidiennes, etc.

2.4.3.1. Les modes de transports doux a) La marche à pied

La marche à pied, moyen naturel de déplacement est incontestablement le mode de transport le plus utilisé au sahel. Pour la plus grande partie des citadins, la marche à pied représente le seul moyen de déplacement réellement accessible. Cette pratique de la marche comme le souligne GODARD (2009) correspond selon le cas à des déplacements de courtes distances lorsque les équipements et services de bases sont implantés à proximités dans les quartiers, mais aussi à des déplacements plus longs imposés par l'impossibilité d'accéder aux transports motorisés, pour des raisons financières le plus souvent. Mais le marché de l'emploi accessible à pied est souvent trop restreint surtout pour les pauvres qui vivent en périphérie ou les transports collectifs sont parfois inexistants. L'accessibilité aux services

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urbains est pour eux très limitée. C'est cette catégorie de population que MERLIN (1991) qualifie « d'exclus de système de transport », pour GODARD (2005), ce sont « les exclus de la mobilité motorisée »

La marche est très présente dans les villes africaines. Ainsi dans les capitales sahéliennes, le taux de déplacement piétonnier varie de deux sur cinq (Ouagadougou) à trois sur quatre (Dakar). A Niamey, un jour ordinaire plus de la moitié des jeunes de plus de treize ans ne se déplace qu'à pied (L.D. Olvera). Aussi, près de 20% des déplacements piétonniers effectués à Bamako et Ouagadougou, près de 15% à Niamey durent ainsi plus d'une demi-heure (Didier PLAT, 2003)

Tableau 2.9 : Part de la marche à pied dans les déplacements pour la population de 13 ans et plus en%

 

Année

Déplacement à pied

Bamako

1993

57

Dakar

2000

74

Niamey

1996

69

Ouagadougou

1992

42

 

Source : D. OLVERA, D. PLAT, P. POCHET, M. Sahabana, la marche à pied dans les villes africaines. Transport. 2005. n° 429

Les exclus de la mobilité motorisée sont donc contraints à une mobilité essentiellement pédestre. La marche est pourtant un exercice difficile même sur des courts trajets. L'absence des infrastructures surtout en périphérie, l'encombrement des trottoirs quant ils existent, le manque d'éclairage et l'insécurité, sont là des paramètres qui pèsent sur les piétons sahéliens. La marche quant elle est choisie n'est pas mauvaise en soi. Elle est même économique et écologique puisque faisant partie des modes de transport doux et propres. Mais au sahel, la marche ne découle pas très souvent d'un véritable choix modal ; c'est au contraire un moyen de déplacement plutôt subi que désiré, et son utilisation s'effectue encore dans des conditions difficiles et pénibles.

b) L'utilisation de la bicyclette.

Contrairement à la marche, la bicyclette est peu utilisée dans les villes africaines (Ouagadougou fait figure d'exception avec un taux de 10% en 1992) malgré ses nombreux avantages pour les trajets de courte distance. A Niamey par exemple, 2% seulement des

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déplacements l'utilisent en 1996. La bicyclette a une image négative en Afrique. De ce fait son utilisation est souvent associée à la pauvreté, à un mode de vie rural et à la «régression sociale ». En outre cette identité culturelle associée à la bicyclette, son utilisation comme moyen de transport efficace pour accéder aux services urbains est souvent limitée dans les villes sahéliennes, du fait des obstacles que GODARD et TEURNIER (1992) résument comme suit :

· Climat défavorable, avec à la fois la chaleur et les difficultés particulières en saison de pluies;

· Topographie contraignante dans les villes qui ont un site vallonné ;

· Structure urbaine étendue, entrainant de trop longue distance de déplacements ;

· Cout d'achat de la bicyclette de l'ordre de 50 000 CFA, supérieur à la majorité des salaires mensuels ;

· Etat dégradé de la voirie, limitant les possibilités de circulation ;

· Insécurité et risque de vol

2.4.3.2. Les modes de transport collectif

L'offre des transports étant insuffisante, le transport collectif à un poids assez limité dans les déplacements des citadins, par rapport à la marche, principale mode de déplacement dans les villes sahéliennes. Les transports collectifs représentaient seulement 22% des déplacements des citadins à Dakar (2000), 17% à Bamako (1993), 11% à Niamey (1996) et 3% à Ouagadougou (1991)

a) L'utilisation d'autobus

L'accès aux services de transport par autobus est très faible dans les villes sahéliennes. La part des autobus dans les différents moyens de transports urbain est de 1% à Bamako, 3% à Dakar et 8% à Ouagadougou (AICD, 2008). La faible densité du réseau des routes revêtues, ajoutée à la croissance incontrôlée, au mauvais revêtement des routes et à l'étroitesse des rues, laissent supposer que la portée géographique des autobus est gravement limitée. Les tarifs sont également élevés par rapport au pouvoir d'achat d'une famille urbaine moyenne, en conséquence de quoi l'utilisation des autobus est proportionnellement faible. A Dakar par exemple le tarif pour les bus est de 150 FCFA contre 75 FCFA pour les cars rapides. Les familles moyennes ne sont capables de se payer généralement qu'un seul aller-retour par jour en autobus, alors que pour les ménages les plus pauvres même ce niveau de mobilité de base

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est inaccessible. Dans certaines villes, les autobus sont très peu nombreux pour répondre à la demande de déplacement des citadins. Ainsi nous verrons qu'à Niamey, bien que les bus soient moins chers que les autres moyens de transport collectif, ils restent cependant très insuffisants.

b) L'utilisation accrue des minibus

Les citadins sahéliens utilisent de plus en plus les minibus pour accéder aux services urbains. Les minibus constituent d'ailleurs dans la plupart des villes africaines le principal moyen de déplacement collectif. Ces minibus ont proliféré en comblant le vide laissé par le transport par grands autobus. La part des minibus dans les transports urbains est de 10% à Bamako, 73% à Dakar. Ces minibus sont pourtant loin d'être un moyen de transport parfait. En fait, ils présentent des inconvénients évidents du point de vue de l'intérêt public. (AICD, 2008)

· Congestion de la circulation : Les minibus représentent actuellement presque 50 % de l'ensemble du trafic motorisé sur certains axes. Leur prolifération est la cause d'une forte congestion, particulièrement aux heures de pointe ;

· Sécurité et émissions : La plupart des minibus sont vieux, mal entretenus et roulent pendant de longues heures à vitesse réduite ;

· Imprévisibilité des itinéraires, horaires et tarifs : Les exploitants des minibus font varier les tarifs en fonction de la demande et changent d'itinéraires à volonté.

c) Les taxi- moto

Utiliser un taxi-moto pour satisfaire ses besoins de déplacements, n'est plus étonnant en Afrique. C'est même assez fréquent dans plusieurs villes africaines. Le taxi moto est un moyen de transport collectif dont l'utilisation est autorisée et réglementée. Contrairement en France ou ce mode de transport est choisi pour décongestionner le trafic, en Afrique le développement de ce mode de transport est le résultat d'une conjugaison de plusieurs facteurs :

- l'incapacité du système de transport en commun à satisfaire la demande de mobilité des populations ;

- l'accroissement de la pauvreté, du chômage des jeunes, poussant ces derniers vers ce métier générateur de revenu ;

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- le faible pouvoir d'achat des populations : ne pouvant utiliser que ce moyen de transport généralement moins cher.

- l'insuffisance et le mauvais état des infrastructures routières, entrainant la non desserte de certains quartiers par le transport en commun.

Dans plusieurs villes ouest africaines comme Cotonou, Lomé ou encore certaines villes du Nigéria, les taxi-moto représentent l'essentiel des transports urbains. Au sahel, ce phénomène gagne de plus en plus de terrain. D'ailleurs depuis plusieurs années le kabu-kabu, taxi-moto est le principal moyen de transport collectif dans les villes secondaires du Niger. Et comme nous l'avons précisé, DILLE (2002) à fait cas de ce mode de transport qui est le seul moyen de déplacement collectif à Konni, une ville moyenne du Niger.

Dans certaines capitales sahéliennes comme Ouagadougou et Bamako, l'utilisation des motocyclettes privées est courante. À l'origine, les services offerts par les motocyclettes permettaient de relier les zones résidentielles aux grands axes routiers où les passagers pouvaient trouver des taxis ou des autobus. Actuellement, on retrouve les motocyclettes sur les routes principales et même dans le centre ville. La souplesse, le service porte à porte et aussi leur accessibilité en font le succès de ce moyen de transport. Cependant les moto- taxi présentent plusieurs inconvénients :

· Les conducteurs des motocyclettes sont souvent jeunes et inexpérimentés. Les accidents sont fréquents et souvent mortels ;

· Impact sur la santé : L'activité de taxi-moto est un métier à haut risque pour la santé du conducteur et pour les populations, avec des maladies causées par le contaminant comme le plomb ;

· Impact sur l'environnement : Les huiles usées et les vieilles carrosseries des motos constituent une agression à l'écosystème à travers la fumée dégagée qui pollue l'air par les gaz d'échappement ou par le plomb

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway