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Chômage et conditions socio-économiques à  Lubumbashi cas du quartier Kasapa


par Gabriella Mwayuma Zabiti
Université de Lubumbashi - Sociologie 2020
  

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III.2 Conséquences du chômage sur la population de Lubumbashi.

La hausse du chômage de masse a des conséquences économiques et sociales directes et indirectes. Les conséquences directes sont l'endettement des ménages, la rupture des liens sociaux et la perte de santé des demandeurs d'emploi. Les conséquences indirectes sont la hausse de la délinquance, de l'insécurité des salariés en poste, des dépenses de santé et de la dette publique.

A. Sur l'habitat

La première conséquence du chômage est la perte du pouvoir d'achat et l'endettement des ménages. Si le ménage a souscrit à un emprunt immobilier et à des crédits à la consommation, cette perte de revenu peut conduire au surendettement. La cessation de payement des traites et des crédits déclenche une procédure de recouvrement, la saisie des biens et à terme, l'expulsion du logement. Il faut signaler que les conjonctures socio-économiques de notre pays ont fait que beaucoup de personnes vivent misérablement (insuffisance alimentaire, non assouvissement des besoins primaires tels que la santé, la scolarisation, vêtement,). Même ceux qui travaillent ont des salaires ne leur permettant pas de nouer convenablement les deux bouts du mois. Ainsi les enfants insatisfaits vont chercher à se satisfaire ailleurs.

B. Sur le plan relationnel

La perte du lien social. L'entreprise étant le principal lieu de socialisation du salarié, la perte d'un emploi s'accompagne de la perte du réseau et des liens professionnels qui permettent de se socialiser. La dévalorisation du statut de chômeur influence profondément l'image et l'estime que l'individu a de lui. Malgré le temps libre dont il dispose, le chômeur ne se sent pas digne d'en profiter pour expérimenter de nouvelles activités qui lui permettraient de créer de nouveaux liens sociaux. La honte qu'il ressent l'incite à s'isoler de sa famille et de ses amis. En se repliant sur lui, le chômeur perturbe l'équilibre de sa vie de famille et cela veut dire que le chômage de longue durée apparaît comme l'une des principales causes de l'exclusion sociale.

C. Sur le plan sanitaire

Ça concerne la santé physique et psychique du chômeur. L'identité, le statut social et le sens de la vie d'un individu étant étroitement liés à la pratique quotidienne d'une activité professionnelle, le chômage de longue durée risque de provoquer un effondrement de sa personnalité et de son équilibre psychique. Ne disposant plus de repères temporels pour structurer son emploi du temps et le rythme de sa vie, le chômeur est confronté au désoeuvrement, à l'angoisse et au vide existentiel. La discrimination associée au statut de chômeur peut également provoquer une dévalorisation de soi et donc, une perte d'estime de soi. La honte et la culpabilité qu'elle provoque s'accompagnent souvent d'un état de stress durable que l'individu ne peut pas éviter ou affronter. La fuite de ce vide et de cet état de stress peut conduire à des comportements violents ou compensatoires : la consommation d'alcool ou de drogue ou des addictions (jeux vidéo, télévision, Internet, sexe, etc...). En se prolongeant, cet état stressant et anxiogène peut provoquer des maladies plus ou moins graves, telles que l'insomnie, la dépression, le cancer, etc..., et parfois, conduire au suicide. Ces conséquences incitent davantage les chômeurs à retrouver rapidement un emploi qu'à profiter des allocations chômages et du temps libre.

La seconde conséquence concerne l'impact du chômage sur les salariés en poste. Il n'y a pas que les chômeurs qui sont concernés par la hausse du chômage. Elle concerne également tous les salariés qui ont « la chance d'avoir un emploi ». La hausse du chômage entretient un climat d'insécurité dans l'esprit des salariés qui ont peur de perdre leurs emplois. Pour éviter de se retrouver au chômage, en fonction de son niveau hiérarchique, le salarié peut utiliser de multiples stratégies d'évitement : se soumettre aux ordres, contribuer au « sale boulot », accepter la dégradation de ses conditions de travail, entrer en compétition avec ses collègues et ne pas s'impliquer dans des revendications sociales collectives. La peur du chômage empêche les mouvements sociaux de se mobiliser pour lutter contre la dégradation des conditions de travail : la stagnation des salaires, la flexibilité, la réforme du Code du travail, la casse du système social, etc...

Ce comportement de soumission provoque un état de stress qui a des répercussions sur la santé physique et psychique des salariés. En acceptant de contribuer au « sale boulot », d'intensifier son rythme de travail, l'insécurité d'un emploi précaire, le harcèlement d'un petit chef, la flexibilité, des objectifs inatteignables, des horaires irréguliers et imprévisibles incompatibles avec une vie sociale et familiale, etc..., les salariés s'exposent à des situations de stress et à des risques psychosociaux. Quels que soient leurs niveaux hiérarchiques, à cause du stress lié au travail, de plus en plus de salariés sont sujets à des fatigues, à des maux de tête ou d'estomac, à des troubles du sommeil et de l'humeur, à des comportements addictifs (alcool, drogues, jeux, shopping, sexe, surtravail, etc...) et à des états anormaux d'agitation et d'angoisse accompagnés d'une diminution de la lucidité et d'un rétrécissement de la pensée. En se prolongeant dans le temps, l'exposition à un état de stress durable provoque des problèmes de santé physique (maladies cardio-vasculaires, accident vasculaire cérébral (AVC), troubles musculo-squelettiques (TMS), hypertension artérielle, ulcères, cancers, etc...) et psychique (anxiété, fatigue chronique, dépression, tentatives de suicide, etc...). Les troubles musculo-squelettiques et psychiques constituent les pathologies à caractère professionnelles les plus fréquentes.

D. Sur le plan éducationnel

La plupart des condamnés pour vols, trafics ou violences cumulent la précarité et l'exclusion sociale liées au chômage.

Confronté à la difficulté de trouver un emploi, un jeune issu de milieux défavorisés peut donc facilement basculer dans la délinquance. Il existerait également une corrélation entre la hausse du chômage et celle de la délinquance. Un rapport de la BAD (Banque Africaine de Développement), 2012, déclare : « Il arrive fréquemment que des jeunes diplômés deviennent vendeurs, « cambistes », receveurs, tenanciers d'une cabine téléphonique, gardes, faute de manque de possibilités d'embauche. Le manque de travail et l'absence de structures efficaces dans ce secteur poussent aussi de nombreux jeunes vers la délinquance. Or le chômage étant la principale cause de la délinquance, au lieu d'augmenter le nombre de prisons, les pouvoirs publics devraient plutôt enrayer la hausse du chômage. Le chômage et la peur du chômage ne concernent pas que les salariés et les entreprises, ils concernent également le budget de l'État.

Il faut encore ajouter que le marché de travail étant un marché est un lieu de rencontre de l'offre et de la demande de travail. Ce marché ayant besoin d'une main d'oeuvre, les individus se mettent à la conquête du savoir à travers les formations, les séminaires, les recherches... pour fournir une main d'oeuvre performante à ce marché. En consacrant leur temps aux études, les individus espèrent trouver un travail confortable après ces dernières d'où même Becker rappelle le coût d'opportunité pour signifier le temps que les individus passent à étudier au lieu de travailler. En parlant aussi du capital humain il veut montrer combien les gens investissent dans l'éducation, la formation et la santé pour être performent en milieu de travail.

Toutefois, le salaire constitue une charge pour l'entreprise évaluée normalement en fonction du niveau d'étude de l'employé et non de la productivité. Alors, une part importante de la connaissance est nécessaire à son emploi est spécifique à chaque société. L'accumulation des connaissances se fait donc par l'éducation ainsi que la formation or tous les individus ne sont pas égaux devant la possibilité d'acquérir les connaissances ce qui entraine même une vulnérabilité des individus face au chômage lorsque ceux-ci détiennent peu de capital humain.44(*)

* 44 P,cahuc et A.zilberg , économie du travail : la formation des salaire et les déterminants du chômage , 608 pages

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