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Croissance urbaine et enjeux fonciers dans le nord du département de rufisque: cas des communes de Tivaouane-Peulh-Niague et Bambilor


par Alassane Niang
ESEA ex ENEA - DESS 2016
  

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IV. Les conflits entre promoteurs :

Ces types de conflits tournent autour de morcellements de terre, de projets de lotissements chapeautés souvent par l'Etat ou la commune concernée. Ils impliquent des promoteurs, des entreprises immobilières qui sont en conflits pour l'occupation d'une terre. L'exemple le plus récent est le différend qui oppose les entreprisses Naby et Namorra sur une surface de 19 hectares. Ce conflit est aujourd'hui au stade judiciaire. Ces types de litiges ont une importance beaucoup plus grande que celui des particuliers qui mettent en jeu une parcelle. Les conflits entre promoteurs concernent des centaines d'hectares et remettent même en cause les actes prises par l'administration centrale et locale à savoir les baux, les délibérations, les autorisations de lotissements, etc. Ils soulèvent aussi une question de hiérarchisation voir une opposition entre les actes délivrés par les services des domaines et ceux délivrés par la commune concernée bail, titre foncier Vs acte de délibération, droit d'occuper.

L'issue de ces litiges est souvent favorable aux promoteurs qui bénéficient d'un acte de propriété émanant des agences du domaine (bail, titre foncier). Les délibérations ne donnent droit que pour une occupation précaire (droit d'occuper) mettant les populations dans une situation assez délicate entre le marteau et l'enclume, obligées de se déplacer et de perdre leurs investissements après décision de la justice.

Dans notre zone, les projets de lotissements pour des coopératives d'habitats sont nombreux. Ces projets sont parrainés par des coopératives d'entreprises publiques ou privées

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qui bénéficient de plusieurs hectares dans des zones mettent parfois en péril toute possibilité d'extension des villages, forcés donc de se cloîtrer dans leur limite.

1) Cas de litiges fonciers dans la zone.

Ces cas de litiges sont nombreux. Mais le plus grand litige dans la zone concerne le litige sur le projet Namorra qui a des impacts importants sur la commune de Tivaouane-Peulh -Niaga.

a) Cas d'étude : Les litiges Namorra dans la commune de Tivaouane-Peulh-Niague:

Ce projet était porté par le groupe Namorra, une société anonyme ayant comme RC N SN-DKR-2005-B 7178, NINEA 25001 232 R2. Le projet Namorra est né après les grandes inondations dans la banlieue qui ont causé d'importants dégâts.

Ces inondations dans la banlieue et leurs conséquences désastreuses avaient poussé L'Etat du Sénégal à déplacer les victimes dans de nouvelles zones de recasement. Tivaouane-Peulh-Niague ainsi que Jaxay avaient été choisi pour abriter ces sites de recasement. C'était dans ce contexte que le groupe Naby fut créé par Alioune Badara Badiane et Taboulé Sylla, qui avait initié pour objectif d'initier des projets de logements. Ce n'est qu'après la séparation de Taboulé Sylla et Alioune Badara Badiane que ce dernier créa Namorra. Le nom Namorra comme Naby fait référence au prophète Mohamed Rassouloullah. Le projet de Namorra était l'un des plus ambitieux projets à son époque tant sur le coût que sur la qualité des logements qui devaient être livrés tels qu'ils ont été présentés.

De nombreuses coopératives d'habitats s'étaient inscrits sur le projet, des coopératives d'habitats d'entreprises privées et publiques et d'autres organisations de la diaspora qui avaient à coeur de détenir aussi des logements.

Aujourd'hui force est de reconnaître que ce projet est le plus grand litige foncier de la commune de Tivaouane-Peulh-Niaga si ce n'est le plus médiatisé dans la région de Dakar. Les litiges qui concernent l'entreprise Namorra peuvent être divisés en trois cas:

· Conflits entre le groupe Namorra et le groupe Naby sur une superficie de 19 hectare tiré des 51 hectares du TF3629/R d'un bail de l'Etat du Sénégal en date du 7 Août 2007.

Ce conflit trouve son origine dès le début de la création du groupe Naby. Le groupe Naby avait été fondé par Alioune Badara Badiane et Taboulé Sylla. Les deux détenaient chacun 50 % de

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l'entreprise et c'est sur cette base qu'ils ont eu au nom du groupe Naby un bail de 51 hectares du TF 3629 d'une durée de 30 ans pour des projets de logements.

Sur un commun accord, Alioune Badara Badiane décide lors de l'assemblée générale du 08 Avril 2008 tenue au siège de l'entreprise du Groupe Naby de sortir du groupe moyennant 19 hectares du Tf 3629 d'un bail de l'Etat Sénégal sur les 51 hectares et d'une somme de 12 millions déjà versé .

Il sort du groupe Naby et crée le groupe Namorra, il lance son programme de logement nommé cité Namorra. Soutenu par l'Etat du Sénégal et le président Abdoulaye Wade, il s'approche des coopératives d'habitats des entreprises publiques, privés et les organisations syndicales pour les proposer des logements. Seulement la mutation en son nom des 15 hectares n'a pas suivi après cet accord selon l'ex-directeur du groupe et c'est cela qui constitue aujourd'hui le noeud du problème.

L'affaire est pendante devant la justice, un premier procès a été gagné par le groupe Namorra. Mais le groupe Naby a interjeté appel et la procédure suit son cours.

· Cas des 39 HECTARES en procédure de bail.

Le litige est plus dû à des manquements techniques et financiers pour terminer le projet. Des parcelles octroyés et appartenant à plusieurs personnes et des maisons qui n'ont pas encore étaient livrées, des occupations irrégulières de parcelles par des personnes ne faisant pas partie du projet et qui prétendent que les terres appartiennent à leurs ancêtres. Actuellement, une farouche lutte oppose le groupe Namorra et les populations qui occupent la zone. Une cartographie de la zone devait même se faire pour mesure le niveau d'occupation de la zone, mais les tensions entre les acteurs ont rendu impossible l'initiative.

· Cas des 118 hectares délibération du conseil rural de Sangalkam

Cette délibération a été effectuée lors de la délégation spéciale du conseil rural de Sangalkam, cet acte a été annulé, l'annulation de l'acte est toujours contesté par les proches d'Alioune Badara Badiane. Les 118 hectares sont aussi aujourd'hui occupés par des habitations.

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b) Les victimes du projet Namorra.

Les victimes sont des coopératives d'habitats. Elles ont cru pertinente même de créer depuis 2014, un collectif afin de défendre leurs intérêts, pour que les travaux de construction de logements restants, puissent reprendre afin qu'elles disposent de leur toit.

Aujourd'hui si le secrétaire du Sustsas Cheikh Seck avance un chiffre de 3000 victime, l'ex-directeur technique du groupe Moussa Yade va plus loin en estimant les victimes à 9000 personnes réparties dans diverses coopératives .Ces victimes sont constituées de coopératives des sénégalais de l'extérieur ou d'entreprises publiques et privées, elles sont très bien organisées.

Parmi les problèmes dont elles sont confrontées, les victimes du projet Namorra font face à l'impossibilité de se faire livrer leurs logements alors qu'elles avaient déjà cotisé. La livraison de logements à certains ayants droits posent problème .En effet certains voient les logements qui leur sont attribués, faire l'objet d'une double ou triple attribution. En dehors de ces difficultés dont font faces les victimes, la continuité du projet sur le site rencontre un obstacle qui implique les populations locales qui entretemps se sont installées dans la zone .En effet, Il existe une tension entre ceux qui gèrent les intérêts de la société Namorra et ceux à qui ils imputent d'occuper illégalement ces terres, s'en est de même entre la société Naby et Namorra malgré qu'une décision de justice rendue soit favorable à cette dernière. Aujourd'hui, chacun des acteurs campent sur ses positions. Mais au-delà de ces questions, les litiges du projet Namorra rencontre deux obstacles :

- Le premier trouve son origine au début du projet. Les services techniques surtout ceux du domaine et du cadastre n'avaient pas été impliqué affirme Abdou Karim Kane, agent du cadastre qui faisait partie de la commission qui avait pour mission de résoudre ce conflit et d'indemniser les victimes.

- Le deuxième obstacle concerne le recensement exacte des victimes du projet Namorra, les cotisations des victimes pour l'accès au logement s'est fait par le biais des coopératives d'habitats.

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Tableau n° 7: Différentes coopératives d'habitats impliqués dans le projet Namorra

Coopératives

Situation actuelle

Coopérative d'habitat des femmes de Paris (chfp ) :

 

Coopérative d'habitat des ISC :

 

Coopérative d'Atlanta

 

Coopérative d'habitat de l'ONAS

En y incluant les 71 démissionnaires, 134

terrains sont à livrer

Coopérative d'habitat de la SUTSAS :

Un accord a été signé entre Sutsas et le groupe Naby pour 3000 logements type F3, 50 logements ont été livré dont 16 qui font l'objet d'une double voir triple attribution

Coopérative d'habitat COTECNA

65 terrains qui restent à être livrer

Source : enquête Alassane Niang, mémoire 2017

Chapitre III: : Des conflits révélateurs de l'inefficacité de la gouvernance foncière.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote