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Croissance urbaine et enjeux fonciers dans le nord du département de rufisque: cas des communes de Tivaouane-Peulh-Niague et Bambilor


par Alassane Niang
ESEA ex ENEA - DESS 2016
  

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II. Les conflits entre particuliers :

La fréquence de litiges fonciers liés à des délits d'abus de confiance et d'escroquerie est assez élevée dans la commune de Tivaouane-Peulh-Niague. De l'avis du commandant de la gendarmerie de Tivaouane-Peulh -Niague « la commune de Tivaouane-Peulh-Niague est même l'une des villes avec Mbour et Diamniadio à avoir le plus fort de taux de litige foncier dans le pays ».

Le délit d'escroquerie et d'abus de confiance en matière foncier, s'explique par l'insatisfaction de la forte demande foncière. Il est fréquent de rencontrer dans la zone, des parcelles en litiges, vendues à plusieurs personnes. L'importance des actes de vente est une réalité dans le marché foncier, certaines ventes sont conclues sans aucun autre acte de propriété autre que celui d'une déclaration de vente légalisée et signée par les parties. Ces types de transactions sont très fréquents à Tivaouane-Peulh-Niague, alors que si la parcelle fait partie du domaine national,

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elle doit faire l'objet d'un acte de cession avec la présence obligatoire du chef de village qui doit mener d'abord des enquêtes avant d'aposter sa signature.

Dans la commune de Bambilor, les conflits entre particuliers sur le foncier ne sont pas fréquents et sont souvent étouffés par une résolution par voie amiable avant qu'ils ne tombent sur les mains de la justice. Il faut aussi noter la naïveté des victimes qui se laissent appâter par le coût dérisoire des parcelles en deçà des prix habituels du marché. Il en va aussi du manque de vérification sur l'état juridique de la parcelle, si elle est du domaine national ou si elle appartient à une autre personne.

Les peines infligées ne sont pas sévères, elles durent 3 mois à 6 mois, et encouragent même les récidives. En effet, certains préfèrent se sacrifier en étant emprisonné à 3 mois ou 4 mois pour ensuite sortir et profiter des sommes de 4 à 6 millions qu'ils tirent de la vente illégale de ces parcelles.

La résolution de ces types de conflits est graduelle. Les conflits sont d'abord résolus à l'amiable en donnant au chef de village ou certains chefs coutumiers, le pouvoir d'accorder ou réconcilier les parties. Ce n'est que si l'option à l'amiable échoue, que l'affaire est portée à la justice avec une plainte à la gendarmerie qui après une enquête la transmet à la justice. Il arrive que lors de ces résolutions de conflits par voie amiable que la victime soit dédommagée par une autre parcelle en remplacement à la parcelle litigieuse.

III. Les conflits entre promoteurs et populations locales.

Les vieillîtes d'accaparement des terres dans nos communes, constituent pour les populations une menace pour leur avenir. Ce qui crée des conflits souvent entre les communautés et certains acteurs comme les promoteurs immobiliers. Ces types de conflits touchent récemment les habitats. Les nombreuses opérations de démolitions initiées par la Dscos, démontrent la récurrence de ces conflits entre les populations et des entreprises immobiliers. Les plus récentes dans notre zone concernent une opposition entre les actes de baux, de titres fonciers délivrés par l'Etat que les entreprises immobiliers et quelques dignitaires se prévalent contre les actes de délibérations délivrés par l'ancienne communauté rurale ou même très souvent l'ancienne délégation spéciale brandie par les populations. Ces populations qui se sont déjà installées après avoir consenti d'énormes sacrifices, vont être délogées et leurs habitations démolies souvent par ce que la justice a donné raison aux détenteurs de baux ou de titres

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fonciers. Mais seulement, ils arrivent que les actes de délibérations brandis par les populations soient plus anciens que les baux dont se prévalent les promoteurs ou autres dignitaires pour mettre la main sur la parcelle litigieuse. Les populations s'installent plusieurs années dans une zone, et même y consentir d'énormes sacrifices en construisant leur maison sans qu'aucune ne mesure de prévention ou de contrôle ne leur soit appliqué pour éviter ces conflits. Cette situation concerne le conflit qui oppose les populations de Darou Salam 2 extensions et la Sci (société civile immobilière) qui veut expulser plus de 243 familles qui occupe illégalement une partie

de son domaine TF N°11847/Dp d'une superficie de 80 942 m2
`'Tolou Abdoulaye Wade (ancien président de la République).

La SCI dit détenir un titre foncier alors que les habitants affirment aussi détenir des actes de propriété qu'ils ont acquis auprès du président de la délégation spéciale de Tivaouane-Peulh en 2012. Ces conflits remettent en cause le principe qui donne la priorité d'occuper les terres du domaine national, les personnes qui les mettent en valeur en premier.

Quant aux conflits qui touchent les espaces agricoles, ces types conflits sont moins médiatisés, mais ils sont récurrents dans notre zone d'études et leurs issus se terminent à l'amiable avec souvent une indemnisation des exploitants qui acceptent à cause de manque d'actes de propriété. Mais ils arrivent aussi que des projets de lotissement des promoteurs empiètent sur les espaces agricoles ce qui créent des conflits très vifs.

Cependant, il faut reconnaître que très souvent les agriculteurs et les promoteurs sont en étroite collaboration, car les parcelles morcelées étaient jadis des vergers ou des champs servant aux maraîchages ou à l'arboriculture.

Ces espaces agricoles, appartenant à des agriculteurs, sont terrassés et morcelés avec leur bénédiction. Ainsi, les promoteurs en véritables courtiers n'hésitent pas à venir proposer des projets des morcellements avec des offres alléchantes. Mais très souvent, la proposition peut provenir même de l'agriculteur qui pour des raisons économiques ou que ces terres ne disposent d'acte de propriété, propose aux promoteurs de l'appuyer pour le terrassement et le morcellement de ses terres, moyennant un pourcentage de parcelles.

a)

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Cas d'étude : conflit fonciers entre la Socabeg et les maraichers de Niaga-Wolof dans la commune de Tivaouane-Peulh-Niague

Constitué majoritairement de Lebou, le village de Niaga-Wolof fait partis des plus anciens villages de la commune de Tivaouane-Peulh-Niague. Le maraîchage et le commerce sont les deux activités les plus répandues dans le village. Le développement de l'activité commerciale pourrait s'expliquer par la position de carrefour du village et la route qui le rallie à lac rose. La population est majoritairement composée d'agriculteurs, surtout les autochtones ont accusé la Socabeg de faire une extension dans leur périmètre agricole. La Socabeg avait un projet de lotissement dans la zone et détenait même un titre foncier. Il prévoyait d'étendre son projet sur l'espace agricole de 500 agriculteurs. Les populations se sont regroupées en collectif en tirant des leçons sur le collectif "Sameu Sa Momel" de Bambilor relatif au litige du titre foncier Berthin. Ils n'avaient pas choisi de président de collectif par peur, disent-ils de se diviser. Par des médiations successives auprès des hommes politiques, des chefs coutumiers comme le grand Serigne de Dakar. La Socabeg a abandonné, son projet d'extension.

b) Cas d'étude : conflits sur le titre foncier 1975 de Chevance Berthin dans la commune de Bambilor et ces implications.

Historique et situation actuelle du domaine.

Selon le chef de village de Mbeye, l'histoire du titre foncier Berthin a démarré en 1889. L'histoire de ce titre foncier d'après le chef de village est née d'un conflit foncier qui opposait Dior farine et Daour Ndao. L'avocat nommé Monsieur Verger qui gérait la défense de Daour Ndao avait conclu avec ce dernier un accord d'honoraire pour prendre en charge sa défense. Cet accord stipulait selon le chef du village que Monsieur Verger devait être payé, en terre pour ses honoraires par Monsieur Daour Ndao.

Après avoir gagné le procès qui l'opposait à sa soeur, Daour Ndao récompensa l'avocat Verger d'un kilomètre de terre, certains villageois disaient, qu'il s'agissait d'un campement qu'il pouvait même identifier et délimiter. Ce n'est qu'après les indépendances que le beau-fils de l'avocat Verger, le général Chevance Berthin eu du président Senghor un domaine de 25 hectares impliquant le domaine de l'avocat.

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Le conflit qui oppose les héritiers du général Ch .Berthin et la population commencèrent dans les années 2000, lorsque les héritiers du Général Berthin viennent réclamer le domaine qui englobait une partie importante des villages de Bambilor, Gorom 2, Lac Rose Ngendouf, Déni Biram Ndao, Wayembam, Mbeye, Déni gueth sud et Nord.

Par peur de se voir déposséder leur terre, les populations de ces villages s'étaient retrouvées autour d'un collectif nommé" Samm sa Momel" pour défendre leurs intérêts. Elles ont rejeté la demande des héritiers. Selon eux, il était impossible qu'un domaine d'un kilomètre de terre localisé dans le village de Bambilor puisse être allongé jusqu'à 25 km et englobait 7 villages tricentenaire ?

Elles ont donné leur propre version qui était que ce "général de l'armée française de la résistance, face à l'occupation allemande, qui avait des attaches avec Léopold Sédar Senghor (ancien président du Sénégal), a négocié un domaine d'environ 1 km2, grâce à un prêt de 100 millions de la BICIS. Au bout d'une quinzaine d'années, Bertin a déclaré faillite, c'est ainsi que ce domaine est devenu de droit aujourd'hui une propriété de la BICIS". Ce qui leur fait dire que le titre foncier des 25 km est basé sur du faux.

Zone touché :

Le titre foncier Berthin a regroupé plusieurs villages à savoir les villages de Bambilor, Gorom 2, Lac Rose, Ngendouf, Déni Biram Ndao, Wayembam, Mbeye, Déni Gueth Sud et Nord.

Situation actuelle du titre foncier :

Pour sécuriser les villages qui le composent et éviter d'éventuels conflits entre les villageois et les héritiers, l'Etat du Sénégal a décidé en 2007 de lancer une opération d'expropriation pour cause d'utilité publique. Il a indemnisé les héritiers du général Ch. Berthin de plusieurs milliards à peu près l'équivalent de 300 f le mètre carré puis d'immatriculer le titre en son nom.

Actuellement, le titre foncier fait une superficie de 800 hectares et il est toujours en situation de morcellement depuis que l'Etat du Sénégal l'avait acheté auprès des héritiers de Ch. Berthin. Plusieurs titres ont été créés à partir du titre foncier Berthin et les villages faisant partie du titre foncier sont restés tels, quels sont (150 hectares) avec une préservation de leur extension 50 hectares Déni Gueth, 40 hectares Bambilor et 50 hectares Gorom et Mbeye, etc.

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Mais cette procédure d'expropriation n'eut pas l'effet escompté à cause de nombreuses irrégularités, et des impacts qu'elle eue sur la commune de Bambilor.

Les implications du litige du titre foncier Berthin.

Tous les acteurs ont ressenti les implications du litige sur le titre foncier Berthin. Pour l'Etat, c'est le rapport de L'IGE (2014), qui est revenue sur les pertes de l'Etat et les nombreuses irrégularités dans l'opération du rachat du domaine du titre foncier. Ce rapport remet en question l'objectif même de l'achat qui était non pas pour sécuriser les villages qui faisaient partie du titre foncier, mais une opération spéculative visant à enrichir les promoteurs que l'Etat avait cédé les terres.

Ces promoteurs, sans avoir à respecter l'obligation de mise en valeur qui conditionne un contrat de bail, revendent les terres aux démembrements de l'Etat. Dans cette opération, selon le rapport, l'Etat a perdu 30 milliards, car il n'a ni perçu les droits d'enregistrement ni la taxe de plus-value immobilière. En effet, pour les droits de mutation, les préjudices enregistrés résultent, d'une part, d'une évaluation en dessous de la valeur des parcelles - (minoration de la base imposable) et d'autres parts d'exonération accordés sans fondement.

Pour la taxe de plus-value immobilière, comme les promoteurs n'ont fait aucun investissement de mise en valeur de parcelles allouées par l'Etat, les bénéfices récoltés sur la vente ne devaient être taxé en se basant sur la différence entre le prix d'acquisition et le prix de la cession.

L'expropriation du le titre foncier Berthin et les 2500 hectares immatriculés au nom de l'Etat a considérablement réduit les possibilités de la commune de Bambilor et son rayon d'action surtout sur le foncier dont elle tire la plupart de ces revenues. Même si, le décret, numéro 2006100 en date du 03 février 2006, déclare d'utilité publique le domaine des 07 villages situés sur l'assiette du titre foncier 1975/R, ainsi que de leurs dépendances et de l'espace nécessaire à leur survie par l'attribution de titre foncier, la réalité est qu'aujourd'hui que le domaine constitue une contrainte dans la politique de la commune et sur la possibilité d'extensions des villages. De l'avis de Pathé Diop du chef de village de Gorom 1 « les politiciens et les promoteurs ont plus bénéficié de ces extensions dans les villages que les populations ». Les activités des villageois, surtout les activités agricoles sont les plus touchés par le litige sur le titre foncier Berthin. L'attribution de titre foncier concernait uniquement les villages et leur extension et non les exploitations en question, plus de 1042 exploitants s'activaient principalement dans l'agriculture, l'aviculture, la transformation des produits laitiers s'étaient

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installés dans ce domaine. Autrement dit l'expropriation n'avait pas pris en compte les exploitations agricoles, elle ne prévoit pas l'attribution de titres fonciers aux propriétaires des champs. Dès lors, des exploitants et autres propriétaires, 400 personnes environ, avaient été sommés de quitter les lieux par la DSCOS (direction de la surveillance et du contrôle de l'Occupation du Sol).

Cependant, de nos jours, des exploitations occupent toujours le domaine en attendant leur tour. Les vergers inclus dans le titre foncier Berthin font toujours l'objet d'expropriation la plus récente est les baux données par l'Etat du Sénégal aux entreprises de Loca-Afrique et l'entreprise ABB pour des projets de lotissements de parcelles dans le village de Mbeye. Pour l'activité, toute cette zone, qui englobe le titre foncier, est considérée comme une zone à usage d'habitation et sa procédure de régularisation nécessite cette exigence.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire