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Croissance urbaine et enjeux fonciers dans le nord du département de rufisque: cas des communes de Tivaouane-Peulh-Niague et Bambilor


par Alassane Niang
ESEA ex ENEA - DESS 2016
  

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A. Une appropriation des terres progressivement privatiste.

Les règles coutumières ont longtemps conditionné la gestion des terres dans notre milieu d'étude qui regorge des villages traditionnels Lébous. Les rapports entre les villageois et la terre, étaient plus un rapport irréel. La terre était sacrée, un bien collectif et sa destinée devait être soumise à l'avis de tous, surtout celui des chefs coutumiers, des familles dirigeantes fondatrices des villages.

Ainsi, les terres que les dignitaires et chefs coutumiers donnaient, avaient pour objectif d'encourager le peuplement des villages afin d'éviter la disparition des villages, c'est le cas des villages comme Niague-Peulh, Déni Guedj Sud, Keur Mareme Mbengue.

Mais à cause de la forte croissance urbaine des villes de Dakar et de la banlieue, de la rareté des terres, que les rapports entre les villageois et la terre changèrent.

La terre devient alors une marchandise sur le marché, une offre qui ne peut satisfaire la forte demande qui existe. La prédominance des chefs coutumiers dans la gestion foncière est reléguée au second plan par les organisations publiques et privées qui prennent le relais, cette mutation est visible dans les modes d'acquisitions et les difficultés dans l'effectivité des règles régissant le foncier.

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A.1 Les mutations dans les modes d'acquisitions des terres.

Les mutations dans les modes d'acquisitions des terres sont visibles. Ces mutations se caractérisent par une prédominance des acquisitions par achat. Du fait de la forte demande de logement, la terre dans les deux communes, constitue une ressource rare qui fait l'objet d'une forte convoitise. Dans les deux communes, environ 40 % des enquêtés affirment avoir acquis leur terre par achat, ce qui s'explique par une forte ruée dans cette zone et le nombre important de projets de logements qui foisonnent dans les deux communes. Cependant, les modes de transmissions par héritage perdurent jusqu'à présent et font environ 37 %. Les populations sont conscientes aujourd'hui de la raréfaction des terres et des difficultés que pourraient être à l'avenir l'accès aux logements. La majeure partie des personnes enquêtées ont décidé de ne pas vendre leurs terres pour ne déposséder leurs héritiers qui se retrouveront après sans logement. Ce qui explique l'importance des modes d'acquisitions par héritage qui sont très fréquentes dans les deux communes. En effet, la population est devenue beaucoup plus regardante sur le foncier, surtout s'il doit servir pour l'habitat. Depuis l'épisode du litige sur le titre foncier Berthin, cette mode d'acquisition est très ancrée dans les pratiques surtout à Bambilor village le plus densément peuplé de la commune ou l'acquisition par héritage fait 56 %, suivi de l'achat qui est de 21 %.

Les dons arrivent peu après et représentent pour les enquêtés 16 %. Les modes d'acquisitions par don sont plus fréquents dans la commune de Tivaouane-Peulh-Niague, composés de villages récents avec des chefs de villages qui ont mené des politiques de peuplements dans leurs villages, c'est le cas des villages de Keur Mareme Mbengue et de Niague-Peulh .Cette politique de peuplement a été confirmé par le fondateur et ancien chef de village de Niague - Peulh, le vieux Souleymane Ba et premier occupant du village qui dit que « j'ai dû faire des dons de terres à mes proches et aux personnes venus des villages alentours comme Niague-Wolof et Tivaouane-Peulh afin de les encourager à s'installer dans la zone » .

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Graphique n° 6 : Mode d'acquisition des terres des personnes dans les deux communes

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ACHAT HERITAGE DON LOCATION PRÊT RELOGEMENT

18

34

Mode d'acquisition de terres

30

Tivaouane-Peulh-Niagha Bambilor

17

11

4 1 1 3 1

Source : enquête Alassane Niang, mémoire 2017

1. La prédominance des actes de propriétés.

La prédominance des actes de propriété est l'un des meilleurs baromètres pour mesurer le degré d'appropriations de la terre par les populations. Notre enquête a révélé une prédominance d'acte de propriété dans les gros villages, devenus des chefs-lieux de leur commune. Grace aux infrastructures routières qu'ils bénéficient ces villages sont devenus des carrefours.

Dans ces zones, le coût élevé de la terre s'explique par un fort taux de densité comparé aux autres villages ce qui fait que les terres sont plus disputées. Ces villages contrairement aux autres villages périphéries de la commune sont devenus des centres des communes. Durant notre enquête sur les 186 personnes qui avaient déclaré détenir de terre d'habitable, 75 % affirment avoir des actes de propriété et 25 % n'en ont pas. Cette tendance est plus forte dans la commune de Tivaouane-Peulh-Niague à cause du nombre important d'enquêté. Mais dans la commune de Bambilor, il existe une partie importante de personnes qui ne détient pas d'acte de propriété sur leur terre, environ 30 % répertoriées majoritairement dans les villages traditionnels comme Déni Biram Ndao ou la plupart des maisons de types traditionnels avec de grandes surfaces sont difficiles à délimiter. L'importance de la superficie des maisons s'explique par une volonté de vivre ensemble, en grande famille. Cette propension révélait aussi un souci de sécuriser leur logement et prévoir des réserves au sein de ces parcelles. En effet,

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conscientes tôt ou tard de l'épuisement des réserves de terres habitables, les populations préféraient occuper de grandes surfaces pour sécuriser l'accès aux logements de leurs proches, d'où l'éparpillement de bâtiments construits dans les demeures, équivalents à chaque ménage.

Mais cette mode gestion, peut également soulever des conflits liés à l'héritage après la mort du patriarche. Elle peut créer sur le long le terme des problèmes rencontrées dans les quartiers populaires des grandes villes avec un accès difficile lié à leur nature de quartiers à habitation spontanée dépourvus de lotissement .Au fur et à mesure du degré d'urbanisation, se posera enfin l'obligation de l'immatriculation conditionnée aux actes de certificats d'héritages et aux morcellements après mutations individuels de la demeure familiale de chaque héritier. Cette longue procédure constitue une contrainte à la sécurité foncière. Elle soulève aussi un autre problème, les implications des mariages coutumières ou religieuses qui souvent ne sont pas déclarées auprès des services d'état-civil, tout un écueil dans le processus d'urbanisation alors que certains segments de la vie coutumière restent toujours ancrée auprès des populations.

Graphique n° 7 : Détention d'acte de propriété par les personnes enquêtées

AVEC ACTE DE PROPRIÉTÉSANS ACTE DE PROPRIÉTÉ

Detentionn d'acte de
propriété dans chacune des
deux communes

52

Bambilor Tivaouane-Peulh-Niague

89

22

25

Detention d'Acte de
propriété sur l'ensemble des
deux communes

25%

75%

Dispose d'acte de propriété

Ne dispose pas d'acte de propriété

Source : enquête Alassane Niang, mémoire 2017

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1.1 L'émergence des actes de délibérations comme mode d'acquisition.

La complexité des procédures d'immatriculations de parcelles, constitue un problème dans les zones rurales, c'est pourquoi les compétences en matière d'affectations de terres du domaine national étaient reconnues à la communauté rurale et aujourd'hui aux communes qui par leurs organes de délibérations peuvent faire des actes allant dans ce sens. La forte demande foncière et la nature des différentes terres qui sont sous le régime du domaine national, donnent un rôle indispensable aux communes, qui sont au coeur des transactions financières du fait que les revenues qu'elles y tirent sont importantes.

Ainsi, nous notons une forte prédominance des actes de délibération dans les maisons visitées durant notre enquête, envions 51 % dans les deux communes, 48 % à Tivaouane-Peulh-Niague et 52 % à Bambilor. La forte présence d'acte de cession dans les maisons enquêtées 28% dans les deux communes, dont 30 % à Tivaouane-Peulh-Niague et 23 % à Bambilor, démontrent deux choses :

- L'importance des chefs de village dans les transactions fonciers. Ils jouent un rôle de témoins et s'assurent que les terres cédées n'appartiennent pas à une autre personne ou ne font pas l'objet d'un litige.

- la nature des terres cédées qui sont dans le domaine national. En effet, les terres du domaine national ne sont pas à vendre, mais à céder.

-Et la facilité dans les transactions qui n'exigent pas une procédure compliquée, ce dernier avantage a comme inconvénient de ne pas sécuriser assez les transactions.

Les actes de baux sont plus récents avec les différentes réformes qui facilitent l'obtention de bail, ainsi ils représentent 13% dans les deux communes. Suite aux litiges qui existent dans la zone dues en plus grande partie aux titres précaires comme le permis d'occuper et les actes de délibérations, les populations préfèrent acheter aujourd'hui des parcelles plus sécurisées (bail ou titre foncier). Certains cas de litiges dénombrés dévoilent l'existence de faux actes de délibérations ou même plusieurs numéros d'actes de délibérations délivrées sur une même parcelle.

Certains promoteurs sont conscients de ces pratiques qui se font au sein de leurs corps de métiers. Ainsi, ils préfèrent allait plus loin dans leur procédure afin de rassurer leurs clients en introduisant des demandes de bail pour leurs parcelles. C'est pourquoi les concessions qui disposent de baux et de Titres fonciers sont plus localisées dans les zones loties. C'est le même

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cas des titres fonciers 5 %, localisés vers cités, dans les villages de Tivaouane-Peulh et de Niague-wolof surtout dans les cités de recasement.

Graphique n° 8 : Nature juridique des terres de personnes enquêtées

TITRE FONCIER BAIL DÉLIBERATION ACTE DE CESSION PERMIS D'OCCUPÉ

4

7

10

Nature juridique des terres

17

Bambilor Tivaouane-Peulh-Niague

46

64

20

39

1

5

Source : enquête Alassane Niang, mémoire 2017

B. Une appropriation privatiste nuancée par la préférence des voies amiables comme mode de résolutions des conflits.

Malgré la médiatisation, des conflits et les acteurs qu'ils impliquent, les populations préfèrent résoudre leurs Conflits fonciers, par voie amiable. Ces conflits fonciers tournent autour des questions de limites de parcelles, d'escroqueries sur les parcelles et des contestations sur la propriété des parcelles. Ils mettent aussi aux prises, les agriculteurs entre eux, les acheteurs contre les promoteurs et des membres d'une même famille, surtout les questions d'héritage. La résolution par voie amiable est certes moins contraignante. Mais elle a l'avantage de régler rapidement la situation surtout lorsqu'il s'agit de la vente d'une parcelle à plusieurs personnes par un promoteur qui propose le plus souvent une autre parcelle en guise de dédommagement sur une autre zone. Cette solution est très pratiquée dans notre zone d'étude. Les victimes se voient dans l'obligation d'accepter pour éviter la lenteur dans les processus de résolution par voie judiciaire et du non - respect des décisions en matière de dédommagement qui reste sans suite.

La préférence de la voie amiable peut trouver comme origine aussi, les caractéristiques

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traditionnelles des structures des sociétés, ou certains conflits sont réglés par le chef de famille ou les chefs coutumiers en interne afin de préserver l'intégrité et la paix dans des communautés. Cette préférence de la voie amiable montre aussi l'importance des chefs coutumiers et surtout du chef de village qui joue un rôle de régulateur social. Cependant, la forte croissance urbaine ainsi que les mutations qui se sont produites au sein de ces communautés, ont déclenché la judiciarisation progressive des conflits. De nombreux acheteurs de parcelles viennent de la banlieue ou des grandes villes comme Rufisque et Dakar. Leur méconnaissance des coutumes et l'absence de lien parentale, les poussent à recourir à la voie judiciaire en cas de conflit foncier. Le recours à la voie judiciaire est aussi favorisé par plusieurs paramètres qui sont les enjeux économiques qui s'expliquent par le fait que les parcelles achetées qui font l'objet d'un conflit sont le résultat de plusieurs années d'économie, la médiatisation et le nombre important d'acteurs impliqués favorisent aussi cette judiciarisation des conflits fonciers.

Graphique n° 9: Mode de résolution de conflits fonciers des personnes enquêtées

AMIABLE JUDICIAIRE

21

Mode de résolution des conflits

Modes de résolution des conflits

7

Source : enquête Alassane Niang, mémoire 2017

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II. Impacts sur les habitats : La modernisation des habitations.

Les manifestations de l'avancée du bâti au-delà de la réduction des espaces agricoles, se trouvent aussi dans les mutations visibles dans l'aspect des habitats. En effet, les mutations qui se sont produits en matière d'habitat vont des types d'habitations et de la surface occupée par ces habitations.

Il existe un flou pour considérer ces zones comme des villages à cause de la structure des maisons .tant la croissance urbaine dans la zone est fulgurante surtout les gros villages qui composent nos deux communes ou les caractéristiques qui permettaient de reconnaître les villages africains tendent à disparaître laissant place à de nouveaux traits, propre aux villes. Constitués auparavant d'habitations traditionnelles et quelques hameaux dispersés, la majeur partie des villages qui composent nos deux communes ont changé d'aspect. Il existe une véritable mutation dans la structure des habitations, celles de types traditionnelles faites de pailles et parfois en zincs ont laissé la place à des habitations en dures, certaines ont un caractère hétérogènes semi-dure et semi-traditionnel. Le peu d'habitations traditionnelles qui existent dans les communes se trouve dans les villages un peu plus reculé, Beunoba, Mbeut, Déni Biram Ndao ou les populations hésitent à faire des investissements à cause de l'absence d'infrastructures et de services. Mais ils arrivent qu'ils se retrouvent aussi dans les villages centres, comme Bambilor, Kounoune, Niague-Wolof. Ils sont plus localisés dans les premiers quartiers fondateurs des villages, ces habitations qui représentent l'histoire de plusieurs siècles d'une famille ont un symbole mystique à cause des autels qu'elles abritent à la mémoire des ancêtres. La propriété de ces habitations dépasse parfois une seule famille ce qui constituent une contrainte à tout changement.

Mais la tendance dans la structure des habitations va plus dans les constructions en dure et la disparition progressive des habitations traditionnelles. Ce changement pourrait s'expliquer par l'avancée des matériels et des techniques de constructions qui a fortement bouleversé le paysage urbain dont le reflet sur le paysage proche ou lointain n'est en réalité qu'une question de temps et de moyens. De même, l'arrivée massive des populations du milieu urbain vers la périphérie, favorise aussi ce genre de construction. Une fois l'achat de parcelles effectué dans la périphérie, le citadin cherche à reproduire le modèle d'habitat tout comme le confort qu'il avait dans son milieu d'origine.

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Les promoteurs immobiliers pour des raisons marketings, mais aussi pour satisfaire les exigences de la clientèle adopte dans leur logement ces types d'habitations modernes qui garantissent plus de sécurité et d'hygiène .Même si la construction en rez-de-chaussée est présente ,les constructions R+ et R+ 2 deviennent de plus en plus nombreuses à causes des surfaces de constructions de plus en plus réduites dû à une forte demande qui dépasse de loin l'offre. Les superficies qui sont les plus morcelées dans les projets de lotissement sont des 150m2, 200m2 et exceptionnellement 300 qui est le regroupement de deux parcelles.

Certains habitants propriétaires d'habitations de grandes surfaces 600 m2 à 800 m 2, voulant profiter de cette nouvelle donne, morcelle une partie pour la revendre afin de faire des réparations dans leur bâtiment. Les terrains de grandes superficies qui restent aujourd'hui sont conservés pour après être subdivisés en plusieurs parties et réparties entre les héritiers ou les différents chefs de ménages de la famille.

III. Dynamique urbaine et ségrégation sociale dans l'accès à la terre

La forte attraction des terres du département de Rufisque et la réduction des espaces agricoles sont des baromètres qui peuvent nous permettre de mesurer le degré des enjeux sociaux du foncier dans nos deux communes. Quels seront les impacts sociaux dans une zone ou l'agriculture était la principale activité des populations ? Malgré leur forte urbanisation, certains villages des communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh -Niague gardent une mode d'appropriation des terres largement influencée par la tradition.

Une catégorie importante de la population constituée de femmes et de jeunes ne pouvait avoir accès à la terre, la terre était concentrée aux mains des personnes âgées, des ainés et chefs de famille. Cette situation a très peu changé dans ces zones à fortes urbanisations, elle s'est même accentuée, ce qui s'explique par :

· D'abord le changement progressif des modes d'acquisitions. Les terres ne sont plus données, elles sont vendues aux plus offrants. Leur rareté augmente leur coût ce qui les rendent inaccessibles à cette catégorie de la population, en plus d'être un luxe, elles deviennent sources des revenues importantes pour ceux qui en disposent, qui spéculent très souvent pour en tirer un prix exorbitant.

·

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Ensuite, les terres constituent de nos jours un moyen d'épargnes pas pour les générations futures, mais pour servir à régler des cas urgents. Les populations locales sont conscientes de cette nouvelle configuration. Durant notre enquête de terrain dans les différents villages des communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague, l'inquiétude des populations était située autour des possibilités de préservation de réserves foncières surtout pour les jeunes. Les politiques de gouvernance foncière des communes, se limitaient sur des projets d'extensions des villages. Mais souvent, ces projets faisaient face à diverses contraintes. Ils servaient souvent comme moyens d'accaparement des terres de ceux qui n'avaient pas d'actes de propriété.

Ces opérations étaient souvent des projets de lotissement conclus entre le propriétaire, le promoteur et la commune. Cette dernière distribue sa part de parcelles récoltées lors du morcellement, aux ASC, aux jeunes qui à défaut d'y construire, le revendent à des prix dérisoires (Kounoune, Bambilor, Gorom, Mbeut).

L'autre contrainte réside des faits de la population locale qui n'a pas très tôt mesuré l'importance de la terre de nos jours et l'épuisement des réserves.

En effet, les propriétés de champs avaient l'habitude de vendre leur terre aux jardiniers du dimanche par peur de se faire spolier par l'Etat. Ces jardiniers du dimanche, venus de la capitale prenaient le soin d'immatriculer leur terre. Ces terres sont souvent d'immenses fermes qui entourent et délimitent les villages, ruinant toute possibilité d'extension. Les autorités municipales ont réagi par des actes concrets, surtout la commune de Bambilor qui a lancé des opérations d'extensions dans plusieurs villages en collaboration avec certains propriétaires de vergers.

Graphique n° 10: Pourcentage de femmes et de jeunes qui ne disposent pas de terres

Tivaouane-Peulh-Niague

50%

50%

Femmes Jeunes

46%

Bambilor

54%

Femmes Jeunes

85

Source : enquête Alassane Niang, mémoire 2017

IV. Dynamique urbaine et compétition entre acteurs économique pour le contrôle du foncier.

Le foncier dans la zone est devenu de nos jours un enjeu complexe qui implique divers acteurs .Il crée des revenues non-négligeables pour ces différents acteurs. L'Etat qui détient une bonne partie des terres s'est impliqué dans la gestion foncière. L'Etat voit dans cette zone une aubaine pour résoudre d'abord l'épineux problème du logement dans la région de Dakar et ensuite avec des projets structurants, aménager la région de Dakar de telle sorte que le centre soit décongestionné. Le foncier lui permet de promouvoir l'habitat social en octroyant aux promoteurs immobiliers des terres à condition qu'ils puissent les mettre en valeur en construisant des logements moins couteux et accessibles pour les populations, c'est cela l'idée même du projet des 100 milles logements. Les projets de logement sont réalisés dans la zone des pôles urbains gérés par la Dgpu.

Quant aux infrastructures comme les routes, surtout la nouvelle autoroute de Saint -louis et les terres devant abriter le pôle touristique de lac rose. les coûts des opérations d'expropriations sont moins importants que dans les zones densément peuplées où il faudra indemniser un nombre important de personnes impactées .Cependant dans ces projets le processus de libération des emprises est très souvent marquée par des conflits entre l'Etat et les agriculteurs qui se sentent injustement dépouillés de leur terre ou même d'autres personnes qui s'y établissent et y construisent sans que l'Etat ne les considère comme des occupants légaux.

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Malgré de nouvelles compétences léguées par l'acte 3, les anciennes communautés rurales devenues des communes de pleins exercices tardent à être viables. Ces nouvelles communes sont dépourvues de sources de revenues pouvant leur permettre de remplir leur mission. Ainsi la terre est devenue pour eux, un atout non-négligeable pour faire face aux difficultés sur le court terme. Les communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh -Niaga grâce à leur proximité avec la capitale dakaroise s'adaptent à la demande et profite du phénomène de la croissance urbaine. Les deux communes gonflent leurs budgets annuels grâce aux revenues qu'elles tirent sur le foncier, il en est des frais de bornage, taxe sur l'habitat, etc.

Pour cette année par exemple la commune de Bambilor a prévu dans son budget de 1 milliard un apport de 256 millions de revenues foncières. Ce qui montre que le foncier est un apport important dans le fonctionnement des communes.

Le foncier génère des revenues importantes auprès des populations locales. Il est fréquent de voir dans chaque village un grand promoteur. Ces promoteurs, grâce à la rentabilité de leur business de vente de parcelles, véhiculent une image de réussite auprès des jeunes. Ce qui pousse ces derniers aujourd'hui à se transformer en courtiers ou en promoteurs d'occasion et prendre le risque de se lancer dans des opérations de terrassement. Les propriétaires de terres ont su aussi s'adapter en donnant la possibilité à leurs enfants ou proches de démarrer leurs activités à travers la vente de leur propre parcelle de terre. Cette pratique est très fréquente dans les villages de Keur Ndiaye Lo, Kounoune, Mbeut.

La disponibilité du foncier et la forte demande dans le secteur de la construction ont aussi fait émerger des activités secondaires liées à la construction (quincaillerie, maçonnerie, etc.) Le prix du marché foncier est différent selon les zones et la nature juridique de la parcelle, les parcelles qui se situent dans les zones viabilisées et déjà habitées sont plus chères que celles qui sont récemment terrassés. Ces genres de parcelles se trouvent dans des cités et font l'objet de titres fonciers globaux contrairement à d'autres parcelles qui ont comme papier d'acte de délibération ou d'acte de vente moins sécurisés.

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Chapitre II: Les conflits : indicateurs des enjeux fonciers. Approches typologiques.

Quatre types de conflits sont les plus fréquents dans la zone :

I. Les conflits liés aux problèmes de délimitation entre communes.

II. Les conflits entre particuliers.

III. Les conflits entre promoteurs et populations locales.

IV. Les conflits entre promoteurs avec l'implication de l'Etat central.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci