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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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II - Sources « secondaires »

Si l'on se base essentiellement sur ces quatre auteurs, il existe bien des sources secondaires, qu'il ne faut pas négliger. Nous ne ferons ici que les évoquer, sans trop nous y attarder.

16. Le propos est parfois plus mesuré. Ainsi, Edward Beesly en fait un soldat distingué, attaché aux vertus et parlant de son général par admiration, sans but de flatter, le comparant à Napier (qui nous est inconnu) vantant les mérites du duc de Wellington

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a. Historiens (Eutrope, Aurelius Victor, Flavius Joséphe)

Eutrope est un auteur tardif, vivant au IVe siècle, accompagnateur de l'empereur Julien dans sa campagne contre les Perses. Il nous est connu pour son Abrégé d'histoire romaine, écrit sous le règne de Valens, à qui il le dédie (il s'agit d'une histoire de Rome de sa fondation à l'époque où

vivait l'auteur). Eutrope fait le bilan du règne d'un prince haïssable : « Tibère exerça le pouvoir avec une immense paresse, une cruauté pesante, une avarice coupable, des débauches honteuses. Il ne combattit jamais en personne : il faisait mener les guerres par ses légats. Certains rois, attirés auprès de lui par des paroles aimables, ne purent jamais repartir, parmi lesquels Archelaus de Cappadoce : il réduisit son royaume en province et ordonna d'appeler de son nom la plus grande ville, aujourd'hui Césarée, auparavant. Après avoir régné vingt-trois ans et vécu soixante-dix-huit, il mourut en Campanie, provoquant une joie immense.17 »

C'est durant ce même siècle qu'a vécu Aurélius Victor. D'origine rurale et provinciale, il fit carrière au barreau et, plus grande distinction, fut nommé gouverneur de Pannonie en 361. Son Livre des Césars, publié en 360, couvre quatre siècles d'Histoire. Tout comme Eutrope, il dresse un portrait

peu élogieux de Tibère : « Fourbe et profondément secret, il se montrait souvent hostile, par dissimulation, à ce qu'il désirait le plus, et hypocritement dévoué à ce qu'il détestait ; son esprit était beaucoup plus vif dans l'improvisation ; après de bons débuts, ce fut un prince pernicieux, adonné aux pires raffinements de la débauche, presque distinction d'âge ni de sexe, et qui punissait cruellement innocents et coupables, ses proches aussi bien que des étrangers. De plus, ayant en horreur les villes et les collectivités, il avait choisi l'île de Capri pour y cacher ses turpitudes18. »

Citons aussi Flavius Josèphe, vivant plusieurs siècles avant les deux auteurs sus-cités (on estime qu'il est né en 37 et mort aux alentours de l'an 100). Originaire de Judée, il fut le prisonnier de Vespasien et assista à la chute de Jérusalem en 70. Citoyen romain, il dédia ses oeuvres Guerre des Juifs et Antiquités juives à faire connaître son peuple d'origine aux Romains. Revenant sur les premières décennies du principat, il s'avère plus précis qu'Aurelius et Eutrope quant au règne de Tibère. Ainsi, là où les Anciens tendent à faire du prince un personnage maléfique, Flavius le présente comme conseiller de Caligula, l'enjoignant à se faire aider de Gemellus pour ne pas courir

à sa perte : « Bien que bouleversé par l'attribution imprévue de l'empire à celui qu'il n'aurait pas choisi, il n'en dit pas moins à Caligula, à contrecoeur et contre son gré :

- Mon enfant, quoique Tibère me soit plus proche que lui, par ma décision et par le décret conforme des dieux, je remets entre tes mains l'empire des Romains. Je te demande, quand tu l'auras obtenu, de ne rien oublier, ni ma bienveillance qui te porte à un tel comble d'honneur, ni ta parenté avec Tibère ; et puisque, tu le sais, avec la volonté des dieux et d'après elle, je t'ai procuré de si grands biens, je te prie de me récompenser de ma

17. Eutrope, Abrégé d'histoire romaine, VII, XI. (traduction : Lyasse 2011)

18. Aurelius Victor, Livre des Césars, II., 3.-9. (traduction : Bouix 2011)

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bonne volonté en cette circonstance et aussi de t'intéresser à Tibère en bon parent, en sachant surtout que Tibère, s'il vit, peut être un rempart pour toi et défendre à la foi ton empire et ta vie, tandis que sa mort serait le prélude de ta perte. Car l'isolement est périlleux pour ceux qui sont placés au faîte d'une telle puissance et les dieux ne laissent pas impunies les injustices commises malgré la loi qui ordonne d'agir d'une manière toute contraire19. »

Mais il ne nie pas que la mort de Tibère fut une joie pour le peuple romain et pour le juif Hérode

Agrippa : A la nouvelle de la mort de Tibère, les Romains se réjouirent ; néanmoins,ils osaient à peine y croire, non qu'ils ne la désirassent pas - ils auraient payé cher pour que ce bruit fût véridique - mais par crainte qu'une fausse nouvelle ne les incitât à trahir leur joie et ne les perdît ensuite par une accusation. En effet, cet homme, plus que tout autre, avait fait le plus grand mal aux nobles Romains, car il était irascible en tout et assouvissait sans mesure sa colère, même si la haine qu'il avait conçue était sans motif ; d'ailleurs son naturel même le poussait à sévir contre tous ceux qu'il jugeait, et il punissait de mort même les fautes les plus légères. (...) Mais Marsyas, l'affranchi d'Agrippa, ayant appris la mort de Tibère, se précipita en courant pour annoncer la bonne nouvelle à Agrippa et, le rencontrant qui sortait pour aller aux thermes, il lui fit un signe de tête et lui dit en langue hébraïque :

- Le lion est mort.

Agrippa comprit le sens de sa phrase et, tout transporté de joie :

- Mille grâces te soient rendues, dit-il, non seulement de tout le reste, mais surtout de cette bonne nouvelle, pourvu seulement que ce que tu me dis soit vrai !20 »

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand