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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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c. La Voluptueuse Agonie , ou l'horreur érotique

Parmi les revues décadentes, nous nous devons de citer le Gil Blas Illustré. C'est dans cette revue, dans le 28e numéro, daté du 13 juillet 1900, qu'est parue une nouvelle dans laquelle le personnage de Tibère est mentionné. Cet écrit, c'est la Voluptueuse Agonie de Gaston Derys, le récit du martyre de la fille de Séjan, violée et tuée par le bourreau. Mais, là où le propos est souvent trop atroce pour être retranscrit même dans une étude historique, il est ici utilisé dans une nouvelle érotique, témoignant à la fois de l'horreur et de l'attrait malsain de la scène. La nouvelle n'étant guère longue, nous l'avons recopiée dans son intégralité (voir Annexe 6)

Le récit s'ouvre sur une pensée de Tibère. Apprenant la trahison de son ami, il sombre dans une colère noire, commune à bien des fictions à sujet antique du XIXe siècle. Avant même d'apprendre la conspiration, il jalousait déjà les honneurs qu'on rendait au ministre, et dont il était le premier responsable. Alors que Rome élimine les proches de Séjean, ses enfants sont faits prisonniers. Le garçonnet est immédiatement exécuté, mais Tibère hésite sur le sort à réserver à la soeur, car « malgré Caprée, malgré une longue habitude du crime et de la cruauté, César hésitait, peut-être par crainte des Dieux, à trancher la fleur de cette frêle vie ignorante, car il était inouï qu'une vierge fût punie de la peine capitale. »

De son âme viciée, il trouve l'idée de faire violer la fillette par un bourreau brutal, un guerrier Germain ramené à Rome comme prisonnier et reconverti dans l'exécution des condamnés. Il est l'horreur même : velu, gigantesque, dotés de « bras noueux et durs comme des chênes », de « poings pareil à des béliers », il est plus animal qu'humain. C'est cette brute épaisse qui force la jeune fille, déchirant ses vêtements et « meurtrissant ses flancs sous son élan vigoureux ». A l'horreur du lecteur, le viol est décrit tant dans son indignité, le bourreau forçant « la vierge effrayée », au corps « fragile, délicat et puéril », aux jambes « fragiles et légères », suppliant son tortionnaire de la laisser tranquille tandis qu'il « torture sa chair » et la « ballotte comme une

962. Ibid., p. 249

292

trirème », que dans son érotisme : l'auteur a soin de décrire le corps nubile de la fillette, telle une oeuvre d'art vivante, innocente, au sein « en bouton de rose apriline », au bras « à la sveltesse harmonieuse », à la bouche « frivole et mutine ». Le lecteur oublie alors un instant, juste un instant, qu'il lit l'histoire d'un viol - qui s'achève en volupté.

Ému, le bourreau se prend de sympathie pour sa victime. Celui qui vient de commettre un acte odieux et dont le physique ne prédestine à aucune tendresse, lui fait de nouvelles avances, cette fois plus douces, et la fillette répond à son excitation : « nulle haine n'aiguisa son regard (...) elle se trouvait heureuse et calme (...) une fierté montait en elle (...) le même hymne de joie bramée roucoula dans leurs gorges. ». Alors qu'il s'apprête à accomplir sa mission, le bourreau hésite : peut-il tuer cette femme innocente dont il est tombé amoureux ? Mais la nature reprend le dessus : il ne pourrait jamais vivre heureux avec elle, quelques soient ses efforts. Alors, lui donnant

« l'aumône d'une suprême caresse », il lui écrase la gorge envoyant « son âme dans l'éternité ». Ce n'est pas l'affreux tortionnaire que le lecteur doit haïr, puisqu'il ne fait que suivre des ordres et que son amour aurait pu supplanter sa cruauté, mais Tibère. Par vengeance, par égoïsme et par méchanceté, il a mis fin à bien des vies et - plus que tout - à détruit un amour qu'il avait lui-même permis.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus