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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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III - Jouer l'Antiquité

Pour conclure ce chapitre sur la fiction, nous ne pouvons faire l'impasse sur l'existence des jeux vidéos dont la trame scénaristique se base sur l'Histoire du monde. Nombreux sont ceux à s'intéresser à la Seconde Guerre Mondiale (Call of Duty, Medal of Honor,...), ou du moins à y placer commodément leurs personnages. En ce qui concerne l'Antiquité, on pensera en premier lieu à Age of Empires, dans lequel le joueur pouvait diriger une puissance de l'Histoire Antique (telle la Grèce, la Phénicie ou l'Assyrie) et en assurer le développement économique et militaire, ou à Rome Total War, dans lequel les grandes familles romaines mènent des conquêtes au nom de Rome avant de s'affronter entre elles pour l'Empire989.

989. Un second volet de cette série a récemment été développé, mais il n'apporte que peu à notre propos.

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Mais là où le cinéma présente des personnages historiques dans leur époque reconstituée, le jeu vidéo n'utilise que peu les « figures » du temps. Jules César fait quelques apparitions, souvent plus symboliques que réellement liées au scénario (il sert d'emblème à la série des Civilization et, dans un tout autre genre, joue les figurants dans les Lapins Crétins - le joueur étant amené à changer le passé, en faisant rire le sévère Romain aux jeux du cirque en lui jetant une corbeille de fruits au visage), mais les empereurs y sont absents990.

Néanmoins, nous devons noter l'existence d'un jeu vidéo (apparemment l'unique) présentant le personnage de Tibère : Spartan Total Warrior (sorti sur PlayStation2, Xbox et GameCube991). Empli d'anachronismes, il fait appel à l'imaginaire de l'Antiquité plus qu'aux événements historiques. Le joueur est confronté tant à des personnages historiques (Léonidas de Sparte, le savant Archimède ou Séjan) qu'à des monstres légendaires (on y affronte Méduse, l'Hydre de Lerne et le Minotaure). Le personnage principal est un guerrier spartiate, non nommé, cherchant à sauver sa cité des invasions romaines (datées de 300 av. J.-C.), commandées successivement par M. Licinius Crassus (un barbu balafré utilisant une gorgone comme « arme de destruction massive » - la force de son regard pétrifiant étant propulsée comme un tir d'artillerie sur les armées spartiates), Séjan (présenté comme un nécromancien sadique) et, à la tête de l'Empire, Tibère.

Séjan est l'antagoniste apparaissant le plus dans le jeu, étant affronté à quatre reprises. Aussi distant des récits historiques que fidèle par son image dégradante, il est présenté comme un homme grêle, formé dans les arts nécromants. On le voit notamment s'entourer d'une garde de soldats revenus des morts et chevaucher un dragon (!). On le rencontre une première fois dans les ruines de Troie, où il tente d'empêcher le héros spartiate de récupérer les armes d'Achille - en réalité une diversion pour l'éloigner de Sparte tandis que les Romains mènent l'assaut. Il est ensuite l'antagoniste principal des deux missions consacrées à la bataille d'Athènes, durant laquelle il périt au combat. Enfin, il réapparaît durant l'avant dernière mission du jeu, lorsque le héros et ses alliés vont attaquer Rome, s'incarnant cette fois sous forme de mort-vivant. Quant à Tibère, il n'apparaît que durant le dernier tiers du jeu. Nous avons précédemment établi que l'on pouvait le dépeindre de bien des manières, mais l'image que s'en font les créateurs de ce jeu y est originale. Tibère est présenté comme un petit homme obèse, fourbe et vicieux, manifestant une colère infantile à la moindre contrariété : en clair, un Néron de cinéma. Opérant dans l'ombre, par l'intermédiaire de Séjan et ses généraux, il n'est

990. Nous citions Rome Total War : un mode du jeu permet de jouer certaines batailles historiques. Parmi elles, la bataille de Teutobourg, où le commandant des troupes contrôlées par le joueur est Quintilius Varus - cette fois, les Romains évitent le désastre. Le mot d'Auguste est mentionné dans le descriptif de la bataille.

991. Le jeu a été testé sur cette dernière console, mais le contenu est identique dans les trois versions.

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jamais directement confronté au personnage principal. Les deux personnages ne se recontrent que durant l'affrontement final, dans le Colisée de Rome (!), où l'Empereur explique les raisons de ses actes : il était le jouet du dieu Arès, chargé d'attiser les flammes de la guerre pour le contenter. Par peur, tant du Spartiate que du dieu, il se suicide en se jetant de sa tribune, s'écrasant dans l'arène.

Le soin n'a pas été apporté au développement des personnages et à leur lien à l'Histoire. Étant présentés pêle-mêle, dans une chronologie anarchique (bien des générations séparent l'essor des cités grecques et l'avènement des empereurs romains), il était probablement du souhait des développeurs de présenter leurs personnages par des noms célèbres de l'Antiquité, sans souci de cohérence. Manifestement, les protagonistes suivent les poncifs du cinéma à sujet antique : Tibère est l'empereur « néronien », Séjan (si on lui enlève ses tours magiques) est l'archétype du méchant du genre - laid, fourbe et cruel, le Spartiate est issu d'extraction inférieure (il est un simple soldat et son nom n'est jamais mentionné) et se fait remarquer par son courage et son sens de la justice. Plus qu'à des noms, on s'attache à des stéréotypes.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand