WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

ANNEXE 5 - Une vie sans retraite

[ Barbara LEVICK, Tiberius the politician, 1999 ]

p. 179-180

Tibère, l'homme, est un tout unifié, compréhensible. Il est façonné par son ascendance (hérédité, éducation et émulation). Le garçon à l'esprit éveillé à été amené à la guerre, domaine où excellent les Nérons, a embrassé les principes politiques de son grand-père Claude, mort le mois même de sa naissance, et des goûts esthétiques. Il ne pouvait échapper à ce patrimoine, mais ne souhaitait pas même le faire ; c'était une bonne chose. Tibère est devenu fataliste, féru d'astrologie, une doctrine tout à fait compatible avec le stoïcisme des Romains conservateurs. L'ambition naturelle d'un Romain de bonne famille, satisfaite par une jeunesse en tant que beau-fils d'un prince, l'a forcé à des compromis. Ses responsabilités, envers son beau-père et sa classe, ont opprimé le jeune homme, et il a du vite apprendre la convivialité. Montrant ses talents dans tout l'Empire sous Auguste, il sut seulement voir que le principat devait prendre une forme compatible avec sa propre doctrine de suprématie sénatoriale. S'étant un jour compromis, il devint sensible aux imputations de malhonnêteté et à l'ambition sournoise, réagissant violemment à la suspicion et à l'hostilité de sa femme et de ses beaux-fils. Pourtant, il y a quelque chose dans l'incompréhension de ses pairs dont il se délectait. Pire étaient les accusations, plus le Prince se cachait dans la vertu de sa conscience, dans ce sentiment de supériorité qui le maintenait hors de l'humanité qu'il voulait voir comme égale à lui-même (ce qui lui a valu une réputation d'arrogant et d'hypocrite). Lorsque les calomnies de Julie furent répétées par Agrippine, il lui était naturel de se retirer à nouveau, cette fois à Capri, avec les amis qui partageaient ses idées. Devenant de plus en plus lui-même avec l'âge, il en est peut être venu à savourer la dégradation et la peur des sénateurs ; l'impatience le faisant tomber dans la cruauté. L'homme devint plus difficile, plus difficile à comprendre, retiré sur son île et en son for intérieur. Il était conscient de ses obligations envers ses sujets, mais c'était les obligations d'un noble envers ses clients, élevées à un haut degré par la position dans laquelle il se trouvait. D'abord vint le peuple romain et l'Italie, et son sens du devoir envers eux était suffisant pour qu'il interrompe sa solitude. Les provinces venaient ensuite, si l'aide pécuniaire était disponible au moment des catastrophes. Il est vain de porter un jugement, favorable ou défavorable, sur son «administration» des provinces. Il a rencontré ce qu'il considérait comme ses obligations ponctuellement, sinon avec diligence. Lui reprocher de ne pas faire avancer le statut juridique ou la prospérité économique de ses sujets est déplacé. Il n'avait aucune idée d'un tel objectif. Les hommes cherchent leur propre bien-être matériel (à condition de n'être pas dépassés par accident) ; il en va de même pour l'état, ce qui était disponible (comme toujours) pour les hommes de valeur. En fin de compte, Tibère n'aurait pas pu refuser le dernier recours d'un politicien dégoûté : la retraite. Tibère ne fut jamais exilé, et de Rhodes il devait sentir l'indignation d'un Rutilius Rufus. La retraite à Capri était l'incarnation la plus proche d'une retraite qu'un prince pouvait approcher, suivant l'exemple d'un Lucullus. Il ne pouvait pas savoir, bien entendu, que le premier Prince à abdiquer serait Dioclétien, deux siècles et demi plus tard. Dans son ignorance, Tibère l'avait presque atteint, et il croyait avoir mérité le repos.

324

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King