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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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b. Exercice du pouvoir

Puis, « Dès qu'il arrive au pouvoir, le César entreprend de grands travaux d'utilité publique et s'applique à élever le niveau de vie du peuple romain ». Velleius, ne tarissant pas d'éloges envers

Tibère, présente un début de règne sain et souhaitable : « Les événements de ces seize dernières années sont encore présents aux yeux et à l'esprit de tous : qui pourrait les raconter dans leurs détails ? César divinisa son père non pas en usant de son pouvoir absolu mais en lui rendant un culte ; il ne lui donna pas le titre de dieu, mais il en fit un dieu. Il ramena la bonne foi sur le forum ; du forum, il chassa la sédition, du champ de mars les brigues, de la curie la discorde. Il rendit à la cité les vertus qui semblaient mortes et surannées, la justice, l'équité, l'activité. Les magistrats retrouvèrent leur autorité, le sénat sa majesté, les tribunaux leur force. Il réprima les désordres du théâtre. A tous il inspira le désir ou imposa la nécessité de bien faire. La vertu est honorée, le vice puni. Le peuple respecte les grands sans les craindre, le grand prend le pas sur le peuple sans le mépriser. A quelle époque le prix des denrées fut-il plus bas ? Quand vit-on paix plus joyeuse que celle qui s'étend de l'Orient à l'Occident jusqu'aux extrêmes limites du nord et du midi, paix auguste qui délivra de toute crainte de brigandage les coins les plus reculés du monde. Les ruines que la fatalité apporte aux citoyens et aux villes mêmes sont réparées par la libéralité du prince. Les villes d'Asie sont relevées, des provinces délivrées des vexations de leurs magistrats. La récompense est toujours prête pour celui qui en est digne, le châtiment atteint lentement les méchants, mais il les atteint.52 ».

Même les auteurs hostiles reconnaissent que le prince avait commencé dignement en évitant de se comporter en tyran, en témoigne Dion Cassius : Tibère porte toute affaire au Sénat plutôt que d'en

48. Ibid., XVI.

49. Ibid., XCIV.

50. Ibid., CVI.

51. Suétone, Tibère, XXI.

52. Velleius Paterculus, CXXVI.

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décider seul53, refuse d'être adulé pour son seul titre54, se montre généreux et aimable envers ses amis55 et, grâce à ses valeurs, fait aimer au peuple son gouvernement56. Au pire, il est rigoriste et sévère, condamnant les désordres populaires dans les théâtres alors qu'Auguste avait légiféré la tolérance envers les histrions dissipés57 et peut se montrer implacable quand on abuse de sa bonté : Tacite rapporte le cas d'un nommé Hortalus, venu demander la charité à Tibère, ne rencontrant que le mépris de celui qui abhorre la mendicité d'un membre du milieu sénatorial salissant la mémoire de ses ancêtres - ici, l'auteur voit déjà poindre la fin du règne juste de ce prince qui laisse tomber « la maison [d'Hortalus] dans une détresse humiliante58».

De façade, du moins, « Le César défend l'ordre moral et la pureté du sang romain ». Dans le cas de Tibère, c'est un attachement au républicanisme et un mépris des cultes orientaux qui le rattache à cette thèse, même si l'hypocrisie lui est souvent reprochée. Économe, Tibère s'insurge contre le luxe à table59 et l'enrichissement dans l'usure60. Il s'oppose aussi à la violence gratuite, mettant en garde son propre fils de ne commettre « aucune violence, ni aucun excès »61. Enfin, il veut rétablir la sainteté des mariages en punissant les matrones prostituées62, mais tout en édulcorant la loi préexistante, la Papia Poppea d'Auguste, qui devenait matière à la délation63.

L'oeuvre de Velleius Paterculus s'achève à cette époque où Tibère est encore en grande partie un bon prince. Quand vient l'heure du bilan, c'est une conclusion

flatteuse qu'il rédige : « Finissons ce livre par un voeu. Jupiter Capitolin et toi, fondateur et soutien de la gloire de Rome, Mars Gradivus, et toi aussi, Vesta, gardienne du feu éternel, et vous toutes, divinités qui avez fait de l'empire romain un immense édifice qui domine le monde entier, au nom de l'Etat, je vous implore et je vous supplie. Gardez, conservez, protégez cet Etat, cette paix, ce prince. Qu'après un long séjour parmi les mortels, il reçoive de vous le plus tard possible, des successeurs dont les épaules soient assez fortes pour soutenir le fardeau de l'empire du monde

avec la vaillance que nous voyons en César.64 » Malheureusement, aux yeux de la postérité, le règne de Tibère ne s'achève pas à ce moment : il est destiné au même cheminement que celui des autres Césars, celui d'un dérèglement de la personnalité et d'une débauche naissante.

53. Dion Cassius, Livre 57, VII.

54. Ibid., VIII.

55. Ibid., X.-XII.

56. Ibid., IX.

57. Tacite, Livre 1, LXXVII.

58. Ibid., Livre 2, XXXVIII.

59. Ibid., Livre 3, LIII.-LIV.

60. Ibid., Livre 6, XVI.-XVII.

61. Dion Cassius, Livre 57., XIII.

62. Suétone, Tibère, XXXV.

63. Tacite, Livre 3, XXV.

64. Velleius Paterculus, CXXXI.

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